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DEC
2014
Il est des tournants qu’une Ville doit savoir prendre, qu’elle ne peut pas manquer qu’elle n’a pas le droit de rater. Par trois fois en quinze ans seulement, le destin, la place, l’avenir de Val-de-Reuil, se seront joués autour du dossier de son renouvellement urbain.
En 2001, la plus jeune commune de France se relève à peine d’une situation financière dramatique qui lui fait cumuler une dette colossale, une fiscalité brutalement et massivement augmentée à la demande conjointe du préfet et de la chambre régionale des comptes, une adhésion à Seine-Eure, qui n’est alors qu’une communauté de communes, marquée par la cession à l’établissement public nouvellement créé et en position de force de l’ensemble de ses terrains disponibles et jusqu’à l’instruction des permis de construire. L’inscription de la dernière née des Villes Nouvelles parmi les premières opérations de
renouvellement urbain, décision fondamentale prise par Claude Bartolone, va desserrer l’étau qui enserre Val-de-Reuil et lui permettre, en lui redonnant une capacité d’investissement, en la dotant de trente millions d’Euros, de procéder aux aménagements, aux réparations, aux améliorations que ses habitants exigeaient.
En 2005, sélectionnée une fois encore, dès les premiers jours de son existence, par l’agence nationale de rénovation urbaine, l’ANRU, Val-de-Reuil, avec l’aide du département, grâce à Jean Louis Destans toujours présents, de la région avec Alain Le Vern, puis Nicolas Mayer-Rossignol, fidèles entre les fidèles, des Préfets, deus ex machinade ce miracle, Bernard Fragneau, Jacques Laisné, Richard Samuel, Fabienne Buccio, Dominique Sorain, René Bidal, mais aussi de ses partenaires et de ses bailleurs, je songe à IBS, à Eure Habitat, à la Siloge, va prendre un nouvel essor. Il s’agit pour la Ville de redonner confiance aux milieux économiques, aux promoteurs et aux autorités administratives afin de relancer l’activité sur les parcs industriels à son profit comme à celui de ses voisines, de compenser un contrat d’agglomération plus que chiche à son égard et d’entamer, enfin, sa modernisation en utilisant au mieux les 100 millions d’euros que lui accorde alors Jean-Louis Borloo, Ministre de la Ville. Equipements publics (commissariat, collège Alphonse Allais, jardin sportif, théâtre, etc…), espaces publics (route des falaises, dalle piétonne, place des quatre saisons, etc), habitat (déconstruction, réhabilitation, construction) qui va voir 3000 logements résidentialisés et réhabilités, une centaine disparaître et 500 être construits, cadre de vie et environnement (énergie solaire, chauffage au gaz, parkings, caméras de vidéo-vigilance, fibre numérique), une centaine d’actions urbaines, prolongées par l’effet multiplicateur de leur dynamique, vont accompagner la renaissance économique et démographique de Val-de-Reuil.
En 2014, cependant, la question se posait de voir la « cité contemporaine » rejoindre les agglomérations retenues pour le PNRU2, Plan National de Renouvellement Urbain de 2ème génération doté de 5 milliards d’Euros. Rien n’était sûr. La Ville était plus petite que les autres candidates. Leur liste est sur ce point éloquente. Peu de dossiers devaient être sélectionnés dans l’ouest français, ainsi que le démontre également la carte des villes retenues. L’Eure n’était pas la cible choisie par les concepteurs du plan. Alors que la Commune connaît encore de vraies difficultés et notamment le drame du chômage, certains disaient que la situation de Val-de-Reuil s’était déjà considérablement améliorée en termes d’implantations d’entreprises, de qualité du paysage, de sécurité garantie. Plus de la moitié des crédits étaient fléchés vers l’Ile-de-France et ses banlieues en difficulté : PACA soumis à la violence, la périphérie de la métropole lilloise, les bassins industriels de l’Est du pays confrontés à l’agonie de la sidérurgie et du charbon, les DOM-TOM oubliés des deux premières campagnes. On prédisait à la Ville qu’elle ne serait retenue, au mieux, que parmi les plans régionaux beaucoup plus limités, beaucoup moins dotés.
La sélection de Val-de-Reuil n’est donc que plus méritante et plus heureuse. Comment s’est-elle faite alors que Vernon, les Andelys et Louviers n’y sont pas, alors que Evreux-Nettreville profite de la porte ouverte par sa cadette de Gauche ? Sur trois arguments.
Sérieuse,solide et solidaire, Val-de-Reuil a joué le jeu qui lui était proposé, respecté les règles, privilégié l’efficacité et cela méritait récompense. Le parcours a été accompli tel qu’il avait été balisé par les architectes conseils
de la Ville au premier rang desquels Philippe Vignaud. La maquette de l’ANRU a été scrupuleusement suivie ainsi qu’elle avait été définie avec l’agence jusqu’à la construction du théâtre devenue indispensable. Le budget municipal a su donner la priorité aux opérations labellisées ORU quitte à retarder d’autres réalisations sans doute plus gratifiantes pour des élus, mais moins porteuses de subventions, moins indispensables. Lorsque des collectivités se sont montrées défaillantes ou réticentes, la Ville a pris leur relais devenant un des financeurs les plus importants de son propre redressement. Enfin Val-de-Reuil a toujours accepté les audits, les vérifications, les contrôles de ses tutelles emportant leur confiance, acceptant que, chaque semaine, habitants, bailleurs, agents des services sociaux et techniques de la ville effectuent « un diagnostic en marchant » pour vérifier la bonne marche des chantiers, et réalisant un des cinq plans stratégiques locaux réalisés dans l’hexagone, dispositif créé par l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine (ANRU) et l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances
(ACSé), pour marquer la fin des travaux du renouvellement. La transparence était au rendez-vous.
Ouverte sur l’extérieur, citée en exemple par l’Agence, offrant la preuve par l’exemple d’une opération maîtrisée, la Ville a pu dans les derniers jours compter sur son réseau d’appuis et d’amis. Le Président de la République, en premier lieu, venu le 5 janvier 2013 inspecter une « opération de renouvellement urbain réussie » n’a pas oublié la promesse qu’il avait faite au maire qui le recevait. Laurent Fabius qui, depuis Grand Quevilly ou au Gouvernement, a toujours apporté à la commune son aide, ses conseils, sa force tranquille et son expérience unique, a mis, comme d’autres de ses collègues, son poids dans la balance. Les ministres de la Ville ont été décisifs : Patrick Kanner évidemment qui a donné son feu vert, Myriam El Khomry qui annonce déjà sa venue prochaine dans la ville, Jean-Louis Borloo téléphonant et bondissant pour son « bébé rolivalois », Claude Bartolone agissant et protégeant son action initiale. Combien de rencontres faites avec Fabrice Barbe, Catherine Duvallet, Fadilla Benamara, Jean-Jacques Coquelet, d’antichambres en bureaux parisiens, ont-elles permis de construire ce résultat collectif fondé sur le courage des habitants et la compétence des agents de la Ville ?
Que ferons-nous de cette chance ? Comment utiliserons-nous cet argent ? Vers la croissance, vers l’emploi, vers le développement, vers la modernité. Les immeubles du Mail pourront être refaits. Le prolongement de la dalle jusqu’à la Gare sera permis. La maison des services publics sera réalisée. « L’îlot 14 » sera enfin investi par des commerces.
Aujourd’hui Val-de-Reuil a gagné le droit d’envisager son existence avec optimisme pour les six prochaines
années. A titre personnel, j’ai l’impression, en ayant réussi à qualifier ma Ville trois fois dans un processus difficile, d’avoir rempli précisément ma tâche, mérité la confiance que les Rolivalois ne m’ont jamais refusée, atteint l’objectif que je m’étais fixé : tout faire pour le bien de ma Ville et de ses habitants. J’en suis très fier. J’ai tenu mes promesses. J’ai rempli mon contrat. Retroussons-nous les manches et travaillons.