12
OCT
2020
Des États Généraux pour une relance généreuse
L’industrie cosmétique française entre dans une semaine décisive. Avec l’organisation du salon eC360, les 12 et 13 octobre 2020, 6èmeédition, cette année numérique, de la seule manifestation de ce type sous gouvernance française et placée sous le signe de l’innovation, avec la révélation des deux prix, académique et grand public, des Cosmetic Victories, cette semaine va être pour notre industrie celle de la relance et du rebond économiques. Elle va être, aussi et surtout, celle des premiers États Généraux de la Cosmétique.
Il nous semblait indispensable, en effet, de prendre la parole, nous d’ordinaire si discrets, d’avoir ce temps de réflexion, de proposition et d’action pour plusieurs raisons. Certaines sont évidemment conjoncturelles. Si l’industrie cosmétique a moins souffert que le reste de l’économie nationale des conséquences de l’épidémie que nous subissons, elle a connu au second trimestre 2020 une baisse de chiffre d’affaires qui, heureusement, ne devrait pas se confirmer, ainsi qu’une diminution de ses exportations que le redémarrage asiatique vient limiter. Il n’en demeure pas moins que les effets de ce ralentissement ont pu être importants tout au long de la chaine de valeur. Bien des PME, le secteur du maquillage, la distribution par les instituts de beauté, le travel retail, des sociétés naissantes, parmi d’autres, en ont souffert. Elles en paieront durablement les conséquences.
Mais d’autres raisons, plus profondes, plus structurelles, justifiaient aussi ce rassemblement. L’évolution du marché d’abord. Si on ne peut parler de ruptures, la crise que nous connaissons a favorisé l’accélération de transformations que nous vivions déjà . Le besoin de personnalisation, la force de la digitalisation, l’essor de la naturalité se font chaque jour davantage sentir. Circuits courts, économies dans les consommation d’eau ou d’énergie, lutte contre le gaspillage s’imposent à juste titre. Les transitions écologiques et numériques sont en marche. Elles sont porteuses d’une transformation sociétale, comportements, habitudes, modes, que notre secteur ne peut ignorer.
L’attitude des pouvoirs publics ensuite. La considération insuffisante dont fait l’objet une industrie qui emploie 250.000 personnes et contribue au deuxième solde positif de la balance commerciale de notre pays, les incertitudes et les manœuvres qui entourent la création d’une marque générique à l’export dans la dynamique de Choose France, l’impossibilité à être entendus comme une filière à part entière écartelés que nous sommes entre luxe, santé et hygiène, sont des obstacles que la situation ne rend plus acceptables.
Une prise de conscience économique enfin. Si notre pays reste le leader à l’export de la cosmétique mondiale, il voit ses parts de marché parfois s’effriter sous les coups de butoir de nos compétiteurs anciens, japonais ou américains, de nos amis et rivaux européens, toujours agissants, de nouvelles concurrences qu’elles soient coréennes, taiwanaises ou brésiliennes pour ne citer que les plus émergentes.
Face à cette situation, il était de notre responsabilité et de notre mission, pôle de compétitivité chargé par l’État d’animer notre filière industrielle à l’échelle nationale et dans une dimension européenne, de réagir et d’agir. Nous avons donc entamé un processus de rassemblement, qui ne soit pas seulement de résistance et de résilience, mais qui organise une véritable relance,en dise les conditions, en montre le chemin. Pour ce faire, nous avons mobilisé nos adhérents, ils sont près d’un millier dans toute la France et dans tous nos métiers, à 85% composés de PME, mais aussi de grands groupes, de laboratoires privés ou publics, d’universités, de la formulation à l’expédition, des ingrédients aux présentoirs, alerté nos alliés et amis de la FEBEA et de la CNEP, réuni les régions, la majorité, qui nous soutiennent, rameutés nos partenaires, l’ADEME, la BPI, l’IFOP, Business France, le CNRS, etc.
Cette coalition, gage d’efficacité, de diversité et d’originalité, établie, le travail pouvait commencer. Il s’est enclenché avant l’été par des contributions arrivées par centaines. Elles ont été réparties dans des groupes d’analyse qui ont sélectionné des pistes de travail en fonction de leur sérieux, de leur faisabilité, de nos priorités. Au terme de ce parcours et d’un examen collégial, une trentaine de propositions apparaissent qui seront révélées jeudi 15 octobre, au cloître des Cordeliers, lors de nos États Généraux.
Un premier tiers d’entre elles consistent à s’inscrire, avec nos particularités, dans le plan de relance du Gouvernement. Un second tiers aboutit à l’accélération et au renforcement d’opérations que nous avions testées ou expérimentées et qui doivent être généralisées. Un dernier tiers est composé d’initiatives nouvelles qui demandent engagement et audace. Financement des PME, aides à l’international, création d’indicateurs et de rendez-vous, renforcement des projets de recherche, synergies scientifiques, aucune direction n’est négligée. Ces propositions vont constituer un rapport. Il sera remis aux ministres de l’économie et des affaires étrangères, de l’industrie et du commerce extérieur.
Ce n’est qu’une étape. Il revient maintenant aux pouvoirs publics de s’en emparer, de les discuter avec les professions, de nous répondre et de les mettre en œuvre.
Marc-Antoine JAMET
Président de la Cosmetic Valley
12
OCT
2020
L’innovation, talisman de la cosmétique, pour surmonter la criseÂ
L’épidémie que subit la planète entière a accéléré les transformations que connaissaient déjà l’industrie et le marché des cosmétiques davantage qu’elle n’a été à l’origine de ruptures nouvelles ou inattendues.
Un secteur touché, comme toute l’économie, mais moins que toute l’économie, mobilisé et confiant en son avenir :Â
- Si les ventes de cosmétiques ont souffert du fait des conséquences du télétravail ou du port du masque, celles des produits d’hygiène et de soin ont augmenté de 50 %. Si l’Europe affiche des résultats à la baisse, l’Asie, notamment la Chine a vu sa demande progresser. Chiffres d’affaires et exportations des entreprises françaises ont fléchi, notamment pour les PME, mais moins que ceux des autres filières ou de l’économie en général. Les habitudes de consommation ont évolué. Leurs achats se sont dirigés vers des produits de maquillage adaptés au port du masque (mascara, rouge à lèvre longue tenue, fard à paupières, etc.) et des produits de soin traduisant la volonté de faire mieux attention à soi. Le confinement a vu les femmes consacrer moins de temps à leur maquillage, tandis que les visio-conférences incitaient les hommes à veiller sur leur apparence. Les instituts de beauté ont souffert, mais pharmacies et grandes surfaces ont tiré leur épingle du jeu. Le travel retaila dépéri tandis que la vente en ligne prospérait. Les produits qui passaient comme des comètes ont vu leur attractivité diminuer, tandis que les marques établies sont redevenues des repères.
- Cette capacité d’adaptation n’est pas étonnante. Protégé par les dimensions quasi civilisationnelles, culturelles, éternelles des cosmétiques, des soins, du maquillage, au-delà de cette pandémie, d’autres crises, par le passé, ont montré à quel point, notre secteur pouvait être résistant et résilient. Cela prendra certainement du temps (faudra-t-il attendre 2022 ou 2023 ?), mais nous savons que les grands groupes, comme les TPE et PME, sauront s’adapter et innover. Cela passera naturellement par de l’entraide, entre les acteurs de la filière (certains géants ont ainsi devancé leurs commandes de fin d’année à leurs fournisseurs…) et, comme en Corée, comme à Taiwan, comme au Japon, par un soutien des pouvoirs publics français manifestement pas assez conscients que la cosmétique française, avec une production supérieure à 40 milliards d’euros, second solde exportateur de la France derrière l’aéronautique, bien que leader mondial, a besoin de leurs aides pour assurer la pérennité financière de ses PME, augmenter le nombre de ses projets de recherche collaboratifs ou se développer à l’international.
- Sans doute faudrait-il que chacun conserve à l’esprit que la force du secteur et sa capacité d’évolution se sont formidablement exprimées pendant le confinement lorsque tous ceux qui le pouvaient, ont converti leurs lignes de productions pour fournir en gel hydro-alcoolique non seulement les professionnels de santé, mais aussi le grand public.
- C’est pourquoi il nous est apparu juste que le pôle de compétitivité Cosmetic Valley, chargé par l’État d’animer notre filière à l’échelle nationale, organise, avec ses partenaires (CNRS, ESSEC, FEBEA, CNEP…), en invitant tous les acteurs de notre industrie, mais aussi les responsables gouvernementaux, scientifiques, environnementaux, européens dont elle dépend, cette « semaine de la relance». Elle verra en moins d’une semaine la tenue, sixième édition entièrement digitale, du salon eC360, les 12 et 13 octobre, la remise des Cosmetic Victories et, surtout, le 15 octobre, hébergé par la Sorbonne à Paris, au Cloître des Cordeliers, les États Généraux de la Cosmétique. A travers ces trois événements qui réuniront l’ensemble des acteurs industriels et économiques qui participent à notre activité, nous souhaitons trouver de véritables solutions pérennes pour favoriser le rebond d’un secteur qui est une vitrine française à l’étranger et qui emploie près de 250 000 personnes en France.
L’innovation sera la pierre angulaire de cette reprise
- Depuis longtemps nous pensons que l’innovation est le talisman de la cosmétique. La R&D est essentielle à notre travail. Nos équipes sont composées de nombreux scientifiques. La volonté de découvrir est au cœur même de leur travail. En moyenne, les effectifs des entreprises de notre secteur investis dans cette mission sont 3 à 4 fois supérieurs à ceux de la moyenne des entreprises françaises.
- Si cette innovation peut-être technologique, ce n’en est qu’une infime partie. Elle porte aussi et avant tout sur les ingrédients, les packagings, les matières premières, les services, etc. Nous l’avons vu au cours des derniers mois. Clients, commerçants et producteurs se sont très vite adaptés dans les magasins et sur internet à un nombre de plus en plus grand d’applications et d’appareils connectés. Tester virtuellement des cosmétiques, essayer numériquement des maquillages est devenu une habitude.
- Notre volonté d’innovation s’est également traduit par l’essor de la naturalité, le désir de participer à la protection de la biodiversité, le retour des circuits courts, dans la green beauty, la tech beauty, le safety & healthy. Ce point est aujourd’hui central dans le développement de nouveaux produits et services. C’’est une demande forte de nos clients. Ils souhaitent, en ces temps troublés, des produits plus sains, plus respectueux de la planète, etc. Du côté des fabricants, cet enjeu est tout aussi important et, depuis longtemps, la Cosmetic Valley, a la profonde conviction que notre meilleur atout est et sera le Made in France et ses quatre piliers (authenticité des produits, sécurité des consommateurs, protection de l’environnement, performance de l’innovation).
Une opportunité unique d’accélérer encore la transformation numérique et développer le e-commerce
- Si la performance du e-commerce peut être variable d’un groupe ou d’une marque à une autre, il y a une certitude : il a considérablement accéléré avec des chiffres de croissance allant de + 40 % à , parfois, + 100 %. De tels chiffres interpellent. Ils signifient deux choses : que nous partons de loin – il faut le reconnaître – mais aussi qu’il y a une véritable opportunité à saisir et urgence à accélérer cette transformation digitale afin de permettre aux clients de se sentir aussi bien sur un site internet que dans une boutique.
- En revanche, il faut être conscient que cette explosion du e-commerce ne permettra pas de compenser les pertes subies ailleurs dans l’immédiat. C’est la raison pour laquelle, il ne faut pas penser seulement digital ou seulement physique, mais omnicanal. Aujourd’hui, nous devons être capables de proposer une offre et une expérience similaires à nos clients qu’ils se trouvent en boutiques, sur leur ordinateur, sur leur smartphone ou n’importe où ailleurs !
- Avec le soutien de l’emploi industriel – de l’emploi durable et qualifié dans nos sites de production français – la transformation numérique déjà bien enclenchée doit être un axe fort pour sortir de cette crise par le haut.
Tenir compte de la planète et de l’internet, suivre les aspirations des consommateurs vers plus de naturalité, plus de digitalisation, plus de personnalisation, être un acteur économique socialement responsable et industriellement performant, ce sont les défis qu’il nous faut relever. Nous en étions déjà convaincus. L’épidémie renforce ce sentiment. C’est cela qui nous pousse à faire le pari de cette « innovation en pleine conscience ».
Marc-Antoine JAMET
Président de la Cosmetic Valley
28
SEPT
2020
Discours de M. Marc-Antoine JAMET, Maire de Val-de-Reuil
Baptême de la médiathèque Daniel Dugord
Saint-Étienne-du-Vauvray – Samedi 26 septembre 2020 – 11h00
Madame,
Monsieur le Maire,
Chers collègues élus,
Habitants de Saint-Etienne,
Je ne voudrais pas simplement rendre hommage aujourd’hui à Daniel Dugord. Je voudrais aussi être un messager et un témoin.
Le messager du Président du Conseil Constitutionnel, Laurent Fabius, avec qui je parlais encore hier soir de celui que nous honorons à cet instant et qui m’a demandé d’être sa voix auprès de vous tous qui êtes réunis pour le fêter, auprès de vous, Madame, son épouse, qu’il salue chaleureusement, autour de sa famille, avec vous, Monsieur le Maire qu’il sait, pour bien vous connaître depuis M-Real, disposer de la bonne boussole, du bon compas, des bons instruments de navigation, pour suivre les bons vents et gagner les bons combats.
Le témoin de ce 18 novembre 2000 puisque j’étais présent. Sur les photos, outre des cheveux plus longs, nous avons tous, sauf Daniel Dugord, vêtu en jeune homme, écharpes et manteaux. Cette matinée eût beau ne pas être vraiment tropicale, elle fût un succès. Elle vit, en effet, se rassembler, ici, à l’invitation de notre hôte stéphanois, nombre de maires. Il me faut également rappeler, quand bien même ce serait désagréable aux oreilles des élus de 2020, qu’ils étaient très majoritairement de Gauche, comme Bernard Amsalem, alors échevin de Val-de-Reuil, ou Daniel Leho, premier magistrat de Thuit-Signol, ce dernier suppléant comme à l’habitude un François Loncle égaré ou mystérieusement absent. Seul notre député Bruno Questel, son légataire et thuriféraire, que je discerne parmi nous, vingt ans après, connaît peut-être la raison jusqu’ici inexpliquée d’une disparition dont il était coutumier.
Par esprit de justice, il me faut avouer que notre réunion sympathique comptait également certains bourgmestres plutôt classés à droite comme Guy Petel de Surville qui, en républicain convaincu, avait trouvé juste de se déplacer pour féliciter un collègue estimé et pertinent de présenter ses devoirs à un ex-locataire de Matignon qui avait pourtant soutenu son adversaire aux municipales cinq ans auparavant. A la veille des sénatoriales, je dois préciser enfin que Sébastien Lecornu, ce jour-là , jouait au cheval de bois sans quoi il serait venu distribuer quelques décorations et autres licences de débit de boissons à la population.
Tous, nous étions donc réunis épaule contre épaule ce qui serait interdit aujourd’hui par Jean Castex devant l’excellent et regretté Préfet Bernard Fragneau qui venait d’être nommé et Patrick Dion, l’inspecteur d’académie en place.
La matinée fût fraîche, mais riche en émotions. Qu’on en juge : il y eût trois inaugurations au cours desquelles furent dévoilées trois belles réalisations emblématiques de l’œuvre de Daniel Dugord et de son héritage légué à l’intérêt général, de son parcours démocratique et de sa trace solidaire, de ce patrimoine républicain qu’il a su apporter à un village de 700 habitants à l’époque – 700 habitants seulement, mesurons sa performance – dans l’Eure, en Normandie : d’abord la rénovation de l’école maternelle inaugurée autrefois par Pierre Mendès France, puis une salle informatique quand ce n’était pas si courant et, enfin, la médiathèque Jules Verne à qui nous allons donner le nom de celui qui l’a voulue, qui l’a conçue, qui l’a portée.
Je revois sa haute taille, sa moustache plus sombre et plus abondante que celle qu’il porta, poivre et sel, à la retraite, ses lunettes métalliques avant d’être en écaille, qui se voilaient lorsque le soleil transperçait les nuages, ses longues jambes donnant à sa silhouette une allure élancée et un petit air de Jacques Tati, son écharpe tricolore qu’il allait fièrement porter pendant quelques mois encore, ne voulant pas d’un nouveau mandat, assuré qu’il était que Martine Lepelleux, qui nous suit depuis sa résidence de la Manche, et Dominique Delafosse, qui est devant moi, suivraient ses pas.
Sans même parler de ses collègues, Daniel Dugord était en bonne compagnie à cette cérémonie. Il y avait convié l’avenir, car je me souviens très bien que, jusqu’aux discours de la salle Claude Monet, il fût entouré d’enfants. C’était un jour de consécration et de joie, un jour de gloire et de reconnaissance, un jour pour lequel il avait travaillé, un jour qui lui était dédié.
Arrêtons-nous un moment sur ce projet et rappelons comment et combien il était à bien des titres exemplaire.
Une médiathèque gratuite et ouverte à toute l’agglomération. Je connais bien ces communes qui apportent, sans toujours avoir un espoir de retour, leurs plateaux sportifs, leurs infrastructures culturelles, à l’intercommunalité et j’en mesure non seulement la générosité, mais surtout la nécessité. Daniel Dugord savait donner et partager.
Une médiathèque associative et bénévole que faisaient marcher les plus anciens au bénéfice des plus jeunes, des enfants, ou les plus instruits, les mieux formés, nos instituteurs, au service de ceux qui découvraient la lecture. J’y retrouve à la fois Daniel Dugord l’enseignant, Daniel Dugord le militant d’Amnesty International et de sa foire aux livres contre racisme et la violence, le bénévole associatif de « Lire et faire lire » (la lecture ! décidément), Daniel Dugord l’encarté intègre et sincère, l’homme de bonne volonté, l’homme de solidarité et de progrès.
Une médiathèque de réseaux et d’échanges abondée par le fonds de la bibliothèque départementale de prêt, donc ouverte sur le monde, le changement et l’actualité. Un mode de fonctionnement synonyme de pérennité sélectionné par Daniel Dugord le posé, Daniel Dugord l’avisé et pourquoi ne pas le dire, Daniel Dugord le rusé !
Une médiathèque qui était un sacrifice pour une petite collectivité. Qu’on en juge : plus d’un million de francs dont 400.000 apportés grâce à l’opiniâtreté de Leslie Cleret, la conseillère générale de ce canton, 800.000 consentis par les contribuables stéphanois qui savaient déjà qu’ils faisaient, sur le conseil éclairé de leur Maire, un investissement dans le savoir et l’intelligence, dans l’éducation, l’informatique et la culture, un placement rentable de deux décennies et, enfin, quelques centimes que j’avais été chercher à la demande du Ministre de l’économie et des Finances, dans une caisse profonde et aujourd’hui injustement décriée, appelée, les plus anciens s’en souviennent, « réserve parlementaire ».
Une médiathèque qui portait le nom d’un visionnaire nantais, Jules Verne, qui pensa la modernité au siècle passé, même si aucun de ses livres n’a imaginé le numérique et l’informatique, et qui va, à juste titre, céder la place à un mathématicien, à Daniel Dugord, à un autre visionnaire pour le siècle que nous vivons.
Alors résonnent les paroles justes et amicales de Laurent Fabius, non seulement ancien Premier Ministre, mais surtout maire sequano-marin : « Monsieur Dugord a été un remarquable chef d’établissement à Grand-Quevilly, car c’est un homme compétent, sérieux, travailleur qui ne s’engage pas à la légère. Ajoutons-y car c’est essentiel une élégance naturelle et un immense attachement à l’école de la République ». Il est des compliments que méritait amplement, pour avoir servi quatre ans comme principal de collège dans cette commune laboratoire pour Rouen, le Maire de Saint-Étienne-du-Vauvray et que beaucoup aurait voulu recevoir pour eux-mêmes. Hélas, ils n’en ont pas fait autant que celui que nous célébrons. Je suis sûr que c’est dans sa lignée que se place Éric Lardeur.
Permettez-moi pour conclure d’apporter brièvement ma pierre à l’édifice que construit notre mémoire et de dire quelques mots plus personnels sur l’enfant d’Hectomare, près du Neubourg, issu d’une famille nombreuse et d’un milieu modeste, hussard noir de la République qui disait tout devoir à l’ascenseur social, intégrant l’école normale à 15 ans pour conclure une carrière dans deux des établissements les plus prestigieux de la région, le lycée Marc Bloch à Val-de-Reuil dont il fût le capitaine valeureux et le lycée André Maurois d’Elbeuf qu’il mena à l’excellence.
Daniel Dugord, amoureux du café, de la culture et du vélo, a été un acteur de ma Ville et un partenaire de sa rénovation. Il a fait de Marc Bloch un lycée de la réussite où se perpétue la cérémonie de remise solennelle du baccalauréat qu’il avait instaurée et que, en son souvenir, je ne manquerais chaque année pour rien au monde. Il y a développé un BTS que, seul, il parvînt à attirer et nous créâmes ensemble l’atelier Sciences-Po qui propulsa vers les élites autrefois interdites nombre de nos enfants. Ce qu’il a fait est toujours fort, utile et vivant. Rares sont ceux qui peuvent en dire autant. Nous avons une dette à son égard. Assurément c’est avec raison, c’est avec logique que Daniel Dugord, qui a bien mérité de notre pays, voit aujourd’hui son nom donné à un lieu d’apprentissage et de transmission, de culture et d’éducation.
Merci.