15
JAN
2017
Cher(e)s ami(e)s, cher(e)s camarades,
2017 sera – politiquement – une année décisive. Mais, avant tout et de garde de l’oublier, je veux présenter à chacun des vÅ“ux personnels et au nom de la Fédération du Parti Socialiste pour sa santé, son épanouissement, son bonheur familial et la réussite de ses projets.
Nous sommes nombreux. Néanmoins, beaucoup n’ont pas pu nous rejoindre ce matin. Ils ont d’excellentes excuses puisqu’ils battent le pavé pour mobiliser nos électeurs, les électeurs de Gauche, afin que la participation aux primaires soit la plus élevée possible. Je pense, notamment, à Eric Lardeur et aux camarades de Louviers qui ont délégué François Loncle pour venir chercher des tracts, à Frédéric Delamare et aux amis de Bernay, à Alexis Darmois et aux militants de Pont-Audemer. Je les ai vus jeudi à la cérémonie que j’organisais à Val-de-Reuil. Ils m’ont dit leur détermination à être sur le terrain et dans l’action. Nous ne pouvons que les en remercier.
Quand de bonnes nouvelles viennent éclairer un début d’année, il ne faut pas se priver de les citer. Nous entamons à peine le mois de Janvier et, déjà , le Parti Socialiste, en Normandie, peut se féliciter de victoires importantes. Je veux d’abord saluer notre ami Yves-Marie Rivemale devenu Maire de la commune nouvelle de Verneuil d’Avre et d’Iton. Je veux également féliciter Michel Leroux devenu Président de la communauté de communes Pont-Audemer Val de Risle. Je veux enfin dire notre joie au Maire de Mézidon, François Aubey, devenu le nouveau Président de l’Agglomération de Lisieux-Normandie en battant le candidat de Hervé Morin.
Je voudrais surtout dire mon amitié et ma reconnaissance aux deux normands qui gouvernent la France. Il me semble en effet que peu se sont aperçus que ce sont deux camarades ancrés dans notre région par l’enfance ou par l’élection qui sont à la tête de L’Etat
Celui de la Haute, non pas de la haute bourgeoisie, mais de la Haute Normandie, François Hollande, pour qui j’aurais voté s’il s’était à nouveau présenté. Je n’ai pas la même vision à sens unique de son bilan que la plupart des critiques. N’ayons pas la mémoire courte. Souvenons-nous des mots employés par un candidat de notre bord, grand spécialiste des finances que la police newyorkaise « empêcha » par la suite de se présenter. Il parlait de « quinquennat de l’enfer ». Il évoquait la quadruple crise qui ravageait le continent : crise de l’Europe et crise de l’Euro, crise de la dette et du crise déficit. C’est la situation exacte dans laquelle notre ancien Premier secrétaire a trouvé notre pays lorsqu’il a pris la responsabilité de le diriger. Faut-il rappeler les menaces supplémentaires auxquelles il a du faire face : guerre au Mali, guerre en Irak et en Syrie, sans doute guerre en Lybie, conflit en Centrafrique, horreur des attentats, de la violence et de la barbarie. François Hollande a su réagir. Il a fait face. Sans diviser. Sans perdre son calme. Sans aggraver ou compromettre. Pensons à ce qu’aurait été l’attitude de Nicolas Sarkozy face aux mêmes événements. Le Chef de l’Etat a su restaurer la confiance en la France, l’admiration pour la France, l’amour de la France à l’étranger. J’en ai été le témoin. Alors que nous étions parvenus à nous fâcher avec un tiers des pays que compte notre planète, le nôtre est aujourd’hui de nouveau reconnu et parfois attendu.
Il y a eu des acquis et des conquêtes : l’Education qui retrouve son rang de priorité, la pénibilité au travail enfin établie, les retraites préservées et la frontière des 60 ans rappelée, les comptes publics rééquilibrés, le système de santé et la sécurité sociale sauvegardés, l’organisation de la COP 21 réussie et la transition écologique prise en compte. Le temps réhabilitera l’étendue et la portée de son action.
Bien sur, des fautes ont été commises. Deux lignes ont trop longtemps coexisté au sein d’un seul et même gouvernement. C’était une erreur. Contrairement à ce que disait la Cour des comptes, ne pas souligner l’état déplorable dans lequel était le pays en 2012. C’en était une autre. Ne pas être parvenu à inverser la courbe du chômage après l’avoir promis. C’en était une de plus.
Pour autant, le Président de la République a été victime de plus d’un malentendu. Pourquoi un livre que lui consacraient deux journalistes goguenards s’est il résumé à quelques bonnes feuilles, à deux ou trois pages, à une dizaine de citations ? Je l’ai lu et, en dehors de deux ou trois fautes, donner la liste des exécutions extrajudiciaires, parler à Tsipras devant ses interviewers , accepter certaines questions sur sa vie privée, ce livre me paraît plutôt révéler révèlent l’humanité, le courage et la capacité dont a su faire preuve le Président de la République au cours de ces cinq années et qui sont le fond de sa personnalité.
Celle-ci, dans sa complexité et, aussi, sa naïveté ne m’est pas totalement étrangère. J’ai une anecdote à vous confier. En 1992, alors que je venais d’être nommé directeur de cabinet de Henri Emmanuelli, un scooter s’arrête à ma hauteur devant la Cour des comptes. Son conducteur enlève son casque. C’était François Hollande. Il m’interpelle « si tu veux, je peux te faire devenir le directeur de cabinet d’Henri Emmanuelli ». Je l’étais depuis 48 heures. Je n’ai pas osé lui dire. Cela en dit pas mal sur l’homme et sur sa manière de gouverner.
Un seul mot sur l’homme de la Basse Normandie, mon ami Bernard Cazeneuve. Il est en forme de question. Mais pourquoi le Président ne l’a-t-il pas nommé à Matignon voici cinq ans ?
Abordons sans plus attendre le sujet qui fait notre actualité : les primaires.
- Le premier tour approche et je voudrais dire mon admiration aux secrétaires de section, aux permanents, aux militants socialistes qui, en deux mois, après deux bureaux et un conseil fédéraux, malgré le pessimisme des uns, le scepticisme des autres, ont su monter, dans l’Eure, une organisation exemplaire. Je n’oublie pas d’associer à ce succès nos alliés radicaux avec Olivier Taconet et Diego Ortega que je remercie pour sa présence à nos côtés ce matin.
- Le premier tour approche et nous compterons dimanche prochain 51 bureaux de vote, tous situés à moins de 15 kilomètres du domicile des 430 000 électeurs eurois. Même s’il y a quelques trous dans la raquette du côté de Breteuil ou Saint-André, c’est un investissement militant important et je veux que chaque bénévole, chaque bonne volonté, chaque cœur généreux de son temps et de son énergie, soit chaleureusement remercié.
- Le premier tour approche et nous pouvons compter sur l’arbitrage du délégué départemental auprès de la Haute Autorité, Maitre Geoffroy Dezellus, pour dire la loi et s’assurer de la sincérité, dont je ne doute pas, du scrutin.
- Le premier tour approche et nous avons des représentants pour cinq de nos sept candidats : Emeric Jeanne de Gravigny pour Manuel Valls, Janick Léger de Léry pour Benoit Hamon, Arnaud Rodrigue Adonon de Vernon pour Vincent Peillon, Bruno Questel de Bourgtheroulde pour Arnaud Montebourg et Olivier Taconet de Louviers pour Sylvia Pinel.
- Le premier tour approche et nous aurons un débat, ici même, mardi 17 janvier à 20h30, entre chacun de ces représentants. Ils pourraient être rejoints par des membres éminents des différentes équipes de campagne. Laura Slimani parlera pour Benoît Hamon. Arnaud Montebourg m’a appelé pour me prévenir qu’il désignerait quelqu’un. C’est aussi le cas de Manuel Valls. La Fédération de l’Eure du Parti Socialiste sait organiser ces grands et beaux moments de débats. Elle en fera une nouvelle démonstration dans quelques jours. En parfaite impartialité.
- Le premier tour approche et je sens à la fois un souffle et un intérêt. Tout le monde pensait-il que nous y arriverions ? Certes non. Au petit jeu du PS bashing, nous sommes en train de démentir les sondages et les pronostics. Quatre millions de nos concitoyens ont regardé jeudi soir le premier débat télévisé. Souhaitons qu’ils soient aussi nombreux à aller voter dimanche prochain…
On me demande comme premier secrétaire quel est mon candidat. Ils le sont tous. Rien ne les distingue. Ils partagent un socle, des valeurs et des objectifs communs. Nous avons sept candidats bien à Gauche. Quatre d’entre eux appartiennent à notre famille politique. Ce ne sont pas des ennemis. C’est même le contraire. Je suis, en effet, dans une situation particulière. J’en connais quatre personnellement et depuis longtemps.
Vincent Peillon, jeune professeur de philosophie, a été mon collaborateur en 1992 à l’Hôtel de Lassay. Il écrivait des discours, notamment de remises de décorations, dont je m’évertuais à lui donner les bases. Arnaud Montebourg a été étudiant avec moi quand nous avions 20 ans. Nous avions les mêmes amis, connaissions les mêmes gens. Plus singulier, il a été mon voisin de pallier pendant 10 ans. Nous nous sommes retrouvés parents d’élève dans la même école de ZEP que fréquentaient nos enfants. Je n’oublie pas non plus qu’il a été le sauveur de M-Real, par une nationalisation départementale conçue avec Jean-Louis Destans, sauvetage que s’accaparent scandaleusement aujourd’hui les élus de droite. Benoit Hamon est un ami véritable qui a toujours été là pour l’Eure, pour la Ville et pour moi. Je l’ai un peu torturé quand je dirigeais, fabiusien, les services du PS et qu’il était, rocardien, le Président du Mouvement des Jeunes Socialistes. Il est socialiste. Il est sincère. Je pense qu’une grosse majorité des militants de ma famille votera pour lui. Manuel Valls a une place à part. Je l’ai vu s’élever, se bonifier, et progresser de responsabilité en responsabilité. Il a pour lui l’expérience d’avoir su gouverner la France. Ce n’est pas un Congrès du Parti Socialiste. C’est la désignation de notre candidat pour la Présidence de la République. Il faut en avoir la carrure. Il faut en avoir les épaules.
Dans ce contexte, on me demande de choisir. Certains me disent que c’est imprudent, que je ferai mieux de taire mon choix pour après, pour le Congrès qui viendra. C’est mal me connaître. Ce serait à la fois absurde et peu courageux. On élit un homme avec un physique et un âge, une carrière et une capacité, un savoir-faire et une volonté, pas uniquement un programme et des idées. Il faut juger un avenir et, également, un passé. Il faut que le second crédibilise le premier. Je choisirai, sans donner la moindre consigne de vote, ni pour ma section dont je ne suis d’ailleurs pas le secrétaire, ni pour la fédération, Manuel Valls. Dans la clarté.
Maintenant tout ne s’arrêtera pas avec la primaire. Mon espérance, c’est le rassemblement à partir du 29 janvier. Il y a des candidats en dehors de la dynamique que nous avons créés. Ils ont leurs qualités. Mais je n’aime ni la déloyauté, ni la mégalomanie. Je préfère, en outre, les enthousiasmes collectifs aux aventures individuelles. Si la Gauche se divise autour de trois candidats, elle perdra. Si elle se rassemble autour d’un seul, elle peut, contre toute attente, l’emporter et ce sera pour le bien de la France.
Car je crois en la différence entre une droite et en une gauche, entre la réaction et le progrès, entre l’ordre et le mouvement. La démocratie est un moteur à deux temps. Tout ne se ressemble pas. Tout ne s’agrège pas. Il reste six mois pour le rappeler aux Français.
Cette victoire en Juin, elle aurait des conséquences locales. Ici les agglomérations, le département et la région sont, désormais, dirigés par les ultra-battus de la droite, ceux qui ont péniblement dépassé la barre des 3%, il y a quelques semaines, dans leur combat interne. Même leurs propres amis se sont aperçus que « nos » élus de droite n’étaient pas bons, qu’ils étaient mauvais. C’est dire.
A Evreux, les coups de menton du plus mauvais maire qu’ait connu la Ville depuis la libération s’enchainent : suppression des concerts, étranglement des associations, chasse aux jeunes, conflits avec les agents municipaux, fin du renouvellement urbain caractérisent ses trois premières années de mandat. Il est temps qu’Evreux puisse avoir pour premier magistrat un homme dynamique et intelligent, un homme avec une vision et une ambition pour les Ebroïciens. Timour Veyri, bientôt, sera celui-là .
Au Département l’inexpérience et l’impréparation d’un débutant perdurent. L’agitation d’une campagne, c’est une chose. La gestion d’une collectivité en est une autre. Traquer les Rmistes, ce n’est pas un programme. Fermer les collèges des quartiers de grande pauvreté, c’est une politique de Gribouille. Jean-Louis Destans avait su donner à notre département une force et une identité, des repères et des acquis. Tout cela vole aujourd’hui en éclat. Quel projet, quel souffle, quel élan ? L’Eure sommeille, l’Eure s’endort, l’Eure roupille.
A la Région, c’est l’insoutenable légèreté du dilettante. On pose un lapin à des centaines de proviseurs : même pas grave. On est roulé dans la farine par l’Ile de France : même pas grave. On prend la gestion des TER sans obtenir la moindre compensation de l’Etat contrairement à toutes les autres régions : même pas grave. On paye à l’enseignement privé des millions d’euros qui ne lui étaient pas dus : même pas grave. On revient au système des annonces non financées et de l’accumulation des autorisations de programme pour faire de la gonflette budgétaire : même pas grave. On annonce qu’on aura multiplié la dette de la Région Normandie par trois en 2022 passant de la région la mieux gérée de France à la moins bien gérée de France : pas grave. Tout cela est effarant. Le Président de la région est une danseuse.
Alors à qui profite le crime ? Marine Le Pen, en venant parader à Igoville et à Ecouis, dans le plus grand mépris des systèmes administratifs et financiers les plus élémentaires, nous a répondu. La mollesse politique et la faiblesse intellectuelle de la droite jettent ses électeurs dans les bras du populisme et d’un mouvement dirigé en Normandie par une jolie brochette d’emplois fictifs. Le FN est le parti des assistants parlementaires. Quelle indécence de lui voir dénoncer les assistés et les solidaires.
Plus que jamais, je crois donc aux socialisme et aux socialistes, à l’intérêt général, au service public, à l’égalité des chances et à la justice sociale, à l’équité fiscale et à la solidarité. Pour le grand rendez rendez-vous de mai et les échéances législatives du mois de juin, ce seront toujours les valeurs qui me détermineront..
Cela facilitera nos choix aux législatives. Dans la deuxième circonscription, la droite a désigné à l’issue d’un marchandage que tout le monde connaît, non pas une jeune adjointe d’Evreux à qui l’investiture était promise, mais un conservateur, quintessence du notable assis et rassis, immobile et cacochyme, inodore, inaudible, invisible. Inscrit dans cette circonscription, je choisirais un député capable, solide, connaissant les dossiers et agissant en proximité, intelligent et clairvoyant, évidemment Jean Louis Destans.
Dans la troisième, la droite se déchire l’héritage d’Hervé Morin. Le choix est simple. De la cohérence et de la constance, je soutiendrais la belle dynamique d’une femme, d’une élue de terrain et de vérité, de Marie-Claire Haki qui a su construire après ses victoires acquises aux élections municipales et départementales.
Dans la cinquième, la droite a choisi un clone de Sébastien Lecornu, un héritier de Franck Gilard. De René Tomasini à Bruno Lemaire, la dynastie de leurs collaborateurs à qui on offre des mandats en hochets ou en cadeaux se perpétue. Je choisirais donc sans la moindre hésitation Martine Séguéla qui a, pour elle, l’expérience de l’adjointe qu’elle a été aux Andelys, la loyauté dont elle n’a jamais manqué pour représenter notre famille politique y compris aux dernières législatives, l’attachement à un territoire sur lequel elle vit, travaille et s’investit.
Pour la première, j’ai demandé à la femme que nous avons désigné de rester en retrait, à l’abri des mauvais coups, d’un élu, ancien ministre, baron local, qui a accès aux médias par ses collaborateurs, nombreux, et ses réseaux, anciens.
Quant au niveau national, le spectacle donné par la droite est affligeant. Sans même avoir été élu, François Fillon apparaît pour ce qu’il n’a jamais cessé d’être, c’est-à -dire le « collaborateur » de Nicolas Sarkozy. Ce dernier n’avait vu juste que sur une chose et c’est celle-là . Même provocation ultralibérale. Même programme de casse de la sécurité sociale. Même rejet du service public avec la disparation annoncée de 500 000 fonctionnaires qu’il ne pourra ôter – heureusement – aux services de l’Etat, l’éducation, la sécurité, l’environnement, dont il ne pourra – heureusement encore – priver l’hôpital, mais qu’il prendra évidemment aux collectivités territoriales vers lesquelles les dotations seront octroyées à la hauteur des suppressions de postes auxquels les Maires consentiront. Même imitation du Front National lorsque l’on entendait encore hier, à Nice, ses propos indignes sur l’immigration et l’instauration de quotas pour les étrangers. Même stigmatisation des pauvres et des sans emploi, lui dont la dernière activité professionnelle remonte au seul mois qu’il passa, voilà 40 ans, en 1973, en stage à l’AFP de Madrid.
Cher(e)s camarades, cher(e)s ami(e)s,
Je vous ai dit le danger. Il est face à nous : effroyable. Je vous ai dit les défis. Ils sont devant nous : immenses. L’année 2017 sera donc bien une année décisive. En juin, autour de nos candidats aux élections législatives, en mai, à l’élection présidentielle et plus près de nous, dans 8 jours, dès le premier tour des primaires citoyennes, pour donner de la force à notre futur candidat et créer les conditions du plus large rassemblement des socialistes, des radicaux et des écologistes, mobilisons-nous ! L’affluence au rendez-vous de dimanche prochain est la clef d’un éventuel succès. Souvenons des paroles de François Mitterrand : « Là où il y a une volonté, il y a un chemin ». Souvenons-nous d’Epinay et serrons dans nos mains le talisman de l’unité. Allons-y, saisissons chaque occasion qui nous est donnée d’en faire la notoriété, réussissons ces primaires ! Réussissons pour faire vivre le socialisme, réussissons pour rassembler la Gauche, réussissons pour faire gagner la France.
Vive les socialistes de l’Eure. Vive la Gauche. Vive la République et vive la France ! Bonne année à tous !
15
JAN
2017
Chers amis,
L’insupportable durée des vœux de Val-de-Reuil aurait pu, aurait du, pour au moins deux raisons, se trouver ce soir écourtée.
La première est une confidence. Le 31 décembre, mollement allongé, j’attendais les vœux du chef de l’Etat à la télévision. A la place de François Hollande, sur fond de neige, d’ours, d’isbas, apparaît un homme blafard : menton carré, mâchoires serrées, ton saccadé, l’air en colère. J’ai aussitôt pensé à un retour de Franck Martin. Je rassure les âmes sensibles. Ce ne pouvait être lui car il était rasé. Il s’agissait, en fait, je traduis en marxiste-léniniste pour les camarades d’Alizay, du Tovaritch Vladimir Vladimirovitch Poutine. Passant sans transition du Calvados à la Vodka, j’avais oublié que j’étais à Moscou pour fêter le centenaire de la Révolution d’Octobre. Je lançais aussitôt des commentaires désagréables sur l’ex colonel du KGB du type : « voilà Mickey le meilleur ami de Donald, il est pas beau le fiancé de Marine, il a du sang sur les mains du copain de François le chrétien ». Et là , soudainement, à côté de moi, la trahison sournoise, inattendue. Un de mes enfants me dit : « Il n’a pas tort Poutine. Pourquoi tu t’angoisses à imaginer quelque chose de long et de nouveau. Tu barbes tout le monde. C’est mauvais pour ta tension et ton cholestérol. Tu pourrais faire comme le popov. Tu prends ta grosse voix et ton air méchant, celui qui fait peur aux enfants. Tu dis exactement la même chose qu’en 2016 ou que pour ton laïus du 14 juillet en rajoutant qu’il fait froid. Tu balances deux menaces à Lecornu, trois claques à Morin. L’affaire est dans le sac. Tout le monde sera content. Le gars de la Dépêche qui t’aime pas ira plus tôt prendre une grenadine au bistrot ». C’en était trop. Cette attaque à l’encontre d’un des chroniqueurs les plus doués du territoire et de sa génération, ce doute quant à l’objectivité scrupuleuse de notre hebdomadaire local, m’ont mis hors de moi.
Deuxième raison d’espérer ma brièveté. Vous savez tous que, ce soir, à 21 heures sur Public Sénat, aura lieu une émission exceptionnelle avec une distribution éblouissante, des femmes dans tous les rôles, des dialogues à la Audiard, des décors de rêve, des costumes à paillettes et une boule tango. Je veux parler du « Solferino Show », le débat des primaires de la Gauche et des écologistes. Dans une première version, j’avais écrit de la Gauche et des abstentionnistes, mais ce n’était qu’un lapsus. Or il se trouve que Bernard Leroy vient de casser le magnétoscope Bétamax que Giscard lui avait offert pour sa communion. Vous connaissez les dadas de notre Bernard : la lutte contre la pauvreté, le droit de vote des étrangers, la solidarité avec Cuba et la Corée du Nord, les salles de shoot, le mariage pour tous, l’accueil des migrants, la création de villes nouvelles, le logement HLM, bref, comme au Vaudreuil, le social, le social, le social. Et, là , mon Bernard me téléphone cet après-midi depuis une cabine – il avait prêté son portable à Priollaud qui ne se souvenait plus du code du sien – pour m’apprendre qu’il est désespéré, qu’il n’a pas toujours fait son choix, qu’il regrette que Mélenchon, Besancenot, Filoche ne soient pas sur les rangs, que, du coup, il hésite entre Hamon et Montebourg, qu’il a demandé à Priollaud son avis qui lui a répondu « le même que toi, chef, comme d’hab’ ». Manque de chance, le Docteur Madroux qui nous avait mis sur écoute depuis le centre d’interceptions de la Case, nous a interrompus « t’inquiète pas pour les primaires Nardbé, avec Jubert, j‘te ferai p’tit un résumé stabilobossé en rose socialo». Et boum, nous voilà repartis pour un discours d’une heure.
Ultimement, je pensais vous consoler en vous promettant que vous serez au calme demain et que personne n’aurait l’idée saugrenue de faire des vœux un vendredi soir, surtout un vendredi 13 qui porte malheur, qui plus est de pleine lune avec les loups garous, mais la police m’informe à l’instant que c’est précisément le choix du Maire de Louviers. Au programme, je lis : un magicien qui fera sortir de son chapeau, sous vos yeux émerveillés, une piscine, une patinoire, une gendarmerie, un siège de la Case, un centre d’archives, un échangeur autoroutier, une cité du numérique et une investiture aux législatives, le tout pour l’euro symbolique. L’année dernière c’était un acrobate spécialiste du budget. L’année prochaine ce pourrait un clown ou une écuyère. Les pronostics seront enregistrés par Diego Ortega.
L’heure avance. Alors allons-y, tout en remerciant sincèrement le président de notre agglomération, de retour des casinos, selon la version officielle, de Las Vegas, de supporter mes sarcasmes, contrairement à notre brave député qui s’est mis en arrêt maladie pour s’épargner cette épreuve. L’humour et la présence toujours souriante de notre Saint-Bernard nous le feraient vraiment aimer s’il n’était aussi habile à faire passer Val-de-Reuil à la caisse ou à la trappe. Il n’y peut rien. Voilà 42 ans qu’il s’entraîne ! C’est devenu un réflexe. Allons-y donc pour mon traditionnel discours à la Fidel Castro.
Pour ne pas l’oublier, je voudrais vous souhaiter à tous, à vos familles, à vos projets, une belle année, une bonne année. J’espère pour vous de la joie, de la réussite et de la santé. J’aimerais pour notre pays une année faite de plus de douceurs et moins de malheurs, de plus de couleurs et de moins de douleurs qu’en 2016.
Ce ne sera pas facile. Nous pleurons des morts et vivons les guerres de la France. Des soldats au Mali, en Syrie, en Côte d’Ivoire, en Centrafrique et en Lybie. Deux policiers à Mantes à quarante kilomètres. Un prêtre à Saint-Etienne à vingt kilomètres. Après celle du Bataclan qui avait touché jusqu’à notre commissariat, la barbarie de Bruxelles et de Nice, celle de Berlin et Istanbul, toutes ces vies innocentes fauchées, nous hantent. Pendant 365 jours, notre pays a partagé la tristesse et la morosité du monde à chaque journal télévisé. Réchauffement climatique, chômage, bombardements, tremblements de terre, cyclones, destruction, radicalisation, y compris dans notre département et peut-être même dans cette ville, ont été notre ordinaire.
A ces malheurs collectifs se sont ajoutés des chagrins personnels. Nous portons le deuil de Bernard Cancalon. Il chemine avec Monsieur Parmeter dont le handicap n’était certainement pas celui du coeur, avec Madame Dubois, si bonne, généreuse et attentive, avec Monsieur Fourneaux notre porte-drapeau parti voici trois jours, avec Monsieur Feutelais notre doyen. Ils vont rejoindre au paradis des Cités Contemporaines nos collègues Jacques Mugnier, Pierre Decencière, Antonio Antonioli, Claude Michaud, Guy Rimblot, Jeanne et Michel Doucet, Daniel Moreau, Gilles Gayte et l’ami Philippe Méoule. Tous étaient attachés à notre commune, la plus jeune de France. Aucun n’aurait voulu que nous baissions les bras.
C’est ce que pense notre conseil municipal avisé, solide et compétent. Il m’entoure. Chacun accepte les astreintes et le téléphone qui sonne au milieu de la nuit, les délégations et leurs obligations du week-end, les permanences et l’attente de l’habitant pas toujours content au kiosque sur la Dalle. Je veux les remercier. C’est une preuve d’amour pour les Rolivalois. C’est pour cela que notre mandat, chers collègues est le plus beau. Val-de-Reuil nous a pris beaucoup d’années de vie, mais Val-de-Reuil a donné beaucoup de vie à nos années.
Je suis fier du soutien de notre première adjointe Catherine Duvallet que je salue avec affection. Je compte sur nos deux conseillers départementaux Jannick Léger et Jean-Jacques Coquelet. Nous partageons une même vision de l’égalité des chances et de la justice sociale, du service public et de l’intérêt général. Je ne voudrais pas taire le nom de celle qui nous a rejoints Aurélie Lefebvre qui renforce la relève que constituent Fatia Djemel, Benoît Balut, Grace Loubassou, Jeanne Pouhé et Mohamed Fliou. J’apprécie Nabil Ghoul sans lequel, dans la lignée de Claude Charles, nos manifestations, notre marché, nos foires à tout, n’évolueraient pas. Je veux citer Maryline Niaux qui veille sur le CCAS avec dévouement, Pascale Samson qui donne la parole aux enfants et aux séniors, Noëlle Boudard vigie de notre état-civil, Yvette Rebours omniprésente dès qu’il s’agit de solidarité, Anne-Marie Chamouma qui, pour relancer nos jumelages, a besoin de plus d’habitants impliqués et m’a entraîné cette année dans un tour d’Europe fort gai de Stzum à Ritterhude en passant par Workington, Michèle Combes qui ne laissera pas notre épicerie sociale, Epireuil, atteindre ses dix ans sans une fête aussi belle que le Noël de la solidarité, la Chasse aux Oeufs, l’aventure du Téléthon sans oublier le repas-partage, autant de moments fabuleux vécus pour certains avec le délégué du préfet Jean Sakriou et qui doivent tant au Collectif « Vivre Ensemble » de Nadia Benamara. J’aurais garde d’oublier l’opposition républicaine qu’incarne M. Rousseau et l’intérêt des apostilles de MM. Lozé et Amsalem qui siègent parfois avec nous, parfois contre nous, depuis sept ou huit années, Mme Jourdan jamais en retard d’une remarque, notamment quand elle est de forme, et M. Autain dont j’apprécie l’attitude constructive. J’ai personnellement des collaborateurs loyaux et sérieux comme Thomas Toutain qui pourrait être mon fils et succède dans son poste au député Guillaume Bachelay, à Stéphane Israël, aujourd’hui président d’Arianespace, à Mélanie Boulanger, désormais Maire de Canteleu, à Timour Veyri, futur premier magistrat d’Evreux. Val-de-Reuil peut aussi compter sur des agents admirables. Ils sont 400 menés naguère par Fabrice Barbe, un homme dont on ne dira jamais assez ce qu’il a donné à notre collectivité et la gratitude que nous lui devons, maintenant dirigés par Nadia Basso, une femme dont j’avais pu jauger des grandes qualités comme directrice des finances de la région et avec laquelle j’ai plaisir à travailler. Je les remercie tous les deux comme leurs adjoints Patrice Caumont et Pierre-Antoine Aurières.
Notre Ville va entrer dans un nouveau cycle. Elle aura moins d’argent. Etat, région, département, agglomération devenus monocolores, elle aura moins d’amis, même si, c’est une de mes plus values, j’en ai dans tous les états-majors. C’est pourquoi, j’ai demandé à cette équipe de conduire cette année la transformation indispensable, l’adaptation de notre dispositif, aux temps plus austères qui nous menacent. Il va falloir que nous rationalisions, que nous économisions, que nous épargnions. Ce sera moins facile. Il va falloir plus d’efficacité et d’organisation. Faire aussi bien ou mieux avec moins. Le service Jeunesse a de ce point de vue d’énormes potentialités.
Notre population le comprendra. En dépit de sa diversité, grâce à sa diversité, malgré ses difficultés, à cause de ses difficultés, elle est soudée. Elle ne forme qu’une communauté. Une communauté rolivaloise qui, n’en déplaise à l’INSEE et à ses projections démographiques faites sans avoir effectué un seul recensement général, grandit comme l’établit notre record de naissances en 2016 avec 254 bébés, contre 54 décès, 5 fois plus de chances ici de naître que de mourir, ce devrait être notre slogan, les 1000 logements nouveaux que nous avons construits en dix ans, les 1000 électeurs nouveaux qui se sont inscrits en dix mois, les dix classes nouvelles qui se sont ouvertes en cinq ans.
Pour ces femmes et ces hommes, ces enfants et ces vieillards, ces français et ces étrangers, hélas illégaux et clandestins parfois, qui sont néanmoins tous des Rolivalois, il faut concerter, indubitablement, chère Fadila, et tu m’y incites avec ta gentillesse proverbiale, mais une fois la décision prise il ne faut pas tergiverser. Il faut avoir et de l’humanité et de l’autorité. Sans cela, nous n’aurions pu accueillir, quoi qu’il nous en coûte, 80 syriens venus de Homs et Alep, parce que c’était notre devoir moral, parce que nous avons refusé de considérer que, ici dans notre confort, nous pouvions nous arroger le droit de laisser un être humain mourir là -bas. Sans cette fermeté, sans cette clarté qui peut passer chez moi pour de la dureté, mais qui n’est que le sens du commandement, nous n’aurions pu faire ce choix que peu ont fait, de même que nous ne pourrions demander, sans faux semblant, à chaque famille, quelle que soit son origine, de prendre ses responsabilités, à chaque habitant, quel que soit sa religion, d’être vigilant face aux dérives du fanatisme qui peuvent, un temps, séduire quelques jeunes et participer activement à notre sécurité collective. La mollesse des élus conduit les électeurs à l’inquiétude, le corps social à la faiblesse, le jette dans les bras des populistes. Il faut trancher et, sans être Alceste, c’est rendre service à la démocratie que d’appeler un chat un chat quitte à passer pour un mauvais coucheur.
Je suis, en effet, un pessimiste de l’action. Il ne suffit pas que le changement soit maintenant. Il faut que le changement cela soit tout le temps. C’est pourquoi nous avons devant nous, non pas pour les douze prochains mois, mais d’ici 2020, quatre grands chantiers à mener à bien. C’est un défi. C’est un pari. Ils seraient à la taille d’une Ville deux ou trois fois plus grande que la nôtre. Il faudra pourtant les conduire au succès.
Le premier constitue la troisième saison de la belle saga de notre renaissance, de notre redressement, de notre renouvellement urbain. Après l’ORU, après l’ANRU, voici venir pour les Rolivalois le temps du PNRU2. Pour y accéder, nous avons franchi en 2016 deux étapes essentielles.
Alors qu’il n’y avait que 200 places, dont les deux tiers étaient trustées, à bon droit, par l’outre-mer, la région parisienne et le littoral méditerranéen, nous avons réussi, nous la petite souris normande, à nous infiltrer et à nous qualifier dans la liste. Notre projet, seul dans le département à bénéficier de ce statut, avec celui d’Evreux, est ainsi devenu une opération nationale. Il pourrait être doté de 50 millions d’Euros. Nous y sommes parvenus par notre travail, n’est-ce pas Diéynaba, par notre obstination et, sans doute, comme pour les deux épisodes précédents, en forçant un peu la chance et quelques portes.
Nous avons aussi remporté la seconde étape. L’examen comportait deux oraux. Nous avons passé le premier, très théorique, à Paris, dans les locaux de l’ANRU, en présence de Bernard Leroy que je remercie de s’être déplacé, puis le second, beaucoup plus pratique et concret, ici, à Val-de-Reuil avec le renfort, pour une de ses magnifiques journées que la Ville Nouvelle est seule à savoir organiser, des architectes, des bailleurs, des partenaires et des amis de la Ville.
Aujourd’hui, une maquette se construit. Elle comprend la rénovation du gymnase Léo Lagrange. Déjà des équipes, dont celle de l’américain James Cowey, l’auteur de nos Ateliers, travaillent sur le sujet pour en faire, dans une ambiance ultra contemporaine, une salle de basket du nouveau monde et un dojo plus japonais qu’à Tokyo. Elle comporte la reconstruction sur place ou plus loin, en une ou deux parties, sur les plans de l’ancienne ou tout autrement, des écoles élémentaire et maternelle des Cerfs-Volants qui ne sont pas, loin s’en faut, celles qui accueillent les publics les plus favorisés de la Ville. Elle intègre les délaissés de l’ANRU en tendant une main aux propriétaires des voies Payse, Bonvoisin, des Compagnons et Traversière, dont je sais l’impatience. Elle propose une liaison entre la Gare, qui doit être dotée de son parc à vélos sans tarder, et la Mairie, liaison que pourrait former une passerelle. Elle prévoit la rénovation des quartiers du Mail et du Parc qui en ont plus que besoin si on ne veut pas en faire des ghettos. Pour le second, je compte sur l’aide du Foyer Stéphanais qui ne m’a jamais fait défaut. Pour le premier, je dois vous faire une confidence, nous avons réalisé une de ces numéros de passe-passe dont nous avons le secret puisque Eure Habitat vient d’autoriser IBS à lui racheter pour un euro symbolique les 120 logements qui sont de l’autre côté de la rue.
Pour ce geste, longuement négocié, je voudrais dire ma reconnaissance à Cédric Lefebvre le remarquable directeur général d’IBS et au président du Groupe 3F, Yves Laffoucrière, qui sait que l’avenir d’une ville repose parfois simplement, comme avec nous, sur l’amitié mystérieuse entre deux hommes qui ne se sont jamais trahis. Un avertissement affectueux cependant : ma satisfaction est grande, mais elle n’est pas synonyme de carte blanche. Nous sommes en zone urbaine et, comme sur la rue Climuche, je ne laisserai pas des petits morceaux de sucre se construire là où seront déconstruits un subtil système de cours intérieures, aujourd’hui en ruines, la lance, les mousquetaires, le feu, et une belle muraille de logements sortis des années 60, hélas désormais ouverts aux froid, au bruit et à la pluie, mais qui tient néanmoins le Jardin des Animaux Fantastiques. Je rappelle, pour compléter ce tableau, que l’ANRU ne nous laissera pas faire n’importe quoi et que la question de la reconstruction du logement social sur site demeure épineuse, voire, si nous ne bénéficions pas d’une exception, interdite.
Ce problème réglé, le saut d’obstacles ne sera pas terminé. Il faut maintenant entrer dans le concret. Or, deux ou trois choses m’inquiètent. Nous avançons trop lentement. Un chargé de mission doit être recruté. Des candidatures nombreuses sont arrivées. Il faut choisir et, qui plus est, choisir la meilleure. Une maison du projet doit s’installer sur l’emplacement de l’ancien pressing. Il me tarde de la voir ouverte et active. Une convention doit être signée et, là -dessus, l’établissement public intercommunal est partie-prenante. Je voudrais que son encre soit sèche. Des fonds doivent être débloqués par le département et la région de droite. Un signe en ce sens m’obligerait. Des crédits européens ont été obtenus, je ne sais plus si c’est par M. Priollaud ou par Mme Terlez, je parle d’Anne, pas de Philomène, mais ils l’ont été sur la base d’un dossier où ce que représente Val-de-Reuil a pesé. Comme aurait dit Mme Thatcher : « I want my money back ». Cela d’autant plus qu’il ne faut pas oublier que les programmes de l’ANRU ne sont pas des projets comme les autres, mais des projets qui s’additionnent aux autres, à ceux du contrat d’agglomération ou du contrat de Ville, car ils viennent compenser des situations négatives que les communes qui n’en bénéficient pas ne subissent pas. J’ai parfois l’impression que je suis seul à me souvenir de cette subtilité.
Je compte pour emballer la machine, outre sur mes collègues nombreux ce soir et que j’aime à ma manière bourrue, car j’ai besoin de leur bienveillance, sur deux alliés qui ne nous ont jamais fait défaut en quinze ans : l’Etat, avec le Préfet Thierry Coudert que je salue et remercie pour son appui résolu, tout comme le Préfet Dominique Sorain, nommé depuis à la Réunion, ou le Haut-Commissaire René Bidal qui nous suit depuis Papeete où, voici un mois, nous avons déjeuné comme s’il n’avait pas quitté la Normandie, L’ANRU avec Nicolas Grivelle, son jeune et dynamique patron, qui, comme ses prédécesseurs, nous a fait le cadeau merveilleux de son estime et de sa confiance. Je n’oublie pas celles et ceux qui nous ont donné un coup de main quand il le fallait, le Premier ministre Bernard Cazeneuve qu’il aurait fallu nommer à Matignon voici cinq ans, Ségolène Royal, les ministres de la Ville successifs Myriam El Khomri et Hélène Geoffroy.
Deuxième chantier et deuxième source de stress, surtout depuis un mois que nous sommes, noël ou pas noël, en négociation permanente. Il s’agit de l’Ilot 14. Tellement d’objectifs sont rassemblés dans ce dossier : aménager un centre ville, améliorer l’habitat faire croître la Ville. Il recèle tellement d’aspects : une centaine de logements, des commerces, des bureaux, des parkings, une esplanade. Il réunit tellement de partenaires: le promoteur Naccarat et Pierre Vieillescazes dont je sais l’abnégation, IBS une fois encore qui pourrait préacheter plusieurs dizaines d’appartements, Immochan qui bâtira là son supermarché du XXIème siècle, la Caisse des dépôts, d’autres encore. Et les questions s’accumulent. Questions urbaines, architecturales et esthétiques, nous les avons, je crois, résolues. Questions budgétaires, car le coût d’opération est sorti en décembre plusieurs millions au-dessus de ce qu’il aurait dû être. Avec le maître d’ouvrage, avec l’architecte Jacques Ferrier rencontré à Shanghai et dont j’admire le talent, avec pour arbitre Jérôme Legrelle, mon prédécesseur, compétent lui, à la direction immobilière de LVMH, et Fabrice Barbe qui a fait le serment personnel de sortir ce projet, un solution s’élabore. Je souhaite que cette dynamique aboutisse. Pour cela la Ville est prête à des concessions : garder le parking de la place des quatre saisons tel qu’il est ce qui implique que Auchan trouve une affectation à son ancien bâtiment, flécher l’activité commerciale très prioritairement sur cet emplacement ce qui veut dire qu’il n’y aura pas de commerces vers CERA et le monument à la paix, se montrer frugal et raisonnable dans nos demandes pour les espaces publics. Les mois qui viennent seront cruciaux.
Troisième chantier, celui de la construction. Val-de-Reuil a su en dix ans créer mille logements et en rénover 3000 en en détruisant que 200. Mieux vaut parler d’avenir que de bilan, mais un jour quelqu’un dira que ces chiffres auraient du être inatteignables. Il faut continuer dans cette voie : pour sans en diminuer le nombre faire baisser la part du logement social en l’amenant à 50% du total de l’habitat contre 63% aujourd’hui et 93% en 2001 ; pour attirer les classes moyennes dont nous avons besoin et loger les salariés de nos parcs d’activité ; pour atteindre une vraie mixité sociale sans chasser personne ; pour avoir cette taille critique de 20.000 habitants sans laquelle nous ne nous en sortirons pas.
Nous avons pour cela des partenaires que voudrais remercier. D’abord les patrons de la Siloge, les industrieux et entreprenants Patrick Plossard et Peggy Abert, qui, sous l’égide de leur nouveau président qui n’est pas Pierre Niney, bien qu’il en ait le profil longiligne, mais Pierre Bidet, ont construit un bel éco-quartier – déjà labellisé – dont la Ministre du Logement Emmanuelle Cosse inaugurera le 20 janvier au matin les 98 logements, le parc écologique, une éco-crèche de 30 berceaux et que prolongera la rénovation du quartier pavillonnaire tout proche autour de la Voie verte. Nous leur devons aussi la construction d’un bel immeuble de 18 logements et une clinique vétérinaire qui abritera la future agence Siloge au croisement de la Route des Falaises et de la Voie Blanche face à l’immeuble gris et rouge que nous appelons Signal qui, lui, propose déjà 22 logements. Merci.
Je voudrais saluer Altitude Logement conduit par Nathalie Deshayes, autrefois la voix d’Orange en Normandie et passée à la promotion immobilière, avec qui il est plaisant de réfléchir au développement et à la qualité des 60 lots à bâtir et des vingt maisons en VEFA qu’elle édifie devant le collège Pierre Mendès France, résidence que je proposerai bien de baptiser résidence Lecornu, si je ne craignais un procès des résidents indignés. Quoi qu’il en soit la viabilisation avance et j’en suis heureux. Merci.
Je n’oublierai pas AMEX/Extraco avec qui, comme Henry Kissinger en son temps, nous pratiquons la diplomatie des petits pas pour des réalisations de qualité. D’abord quatre maisons de propriétaires rue des Troubadours, un orteil pour voir si leur eau était chaude ou froide, puis une dizaine sur le quartier Altitude, puis onze lots déjà vendus et 3 maisons de ville en VEFA selon un cahier des charges exigeant, route des Lacs, à l’emplacement du foyer des Horizons, puis 14 maisons en VEFA derrière la Poste face à l’école Léon Blum et 16 autres chaussée du Parc, peut être d’autres face à Leader Price. Là aussi ce furent de belles rencontres, notamment avec Sabine Legrand, avec MM. Chiappe et Morin, qui se sont faites sur des valeurs, sur une ligne qui nous rapprochaient. Merci.
Je voudrais ajouter que je mériterais comme le regretté Barack Obama le prix Nobel de la Paix car je négocie à moi seul (ou presque puisque Charly Roix m’épaule) avec l’iranien le plus compliqué depuis le docteur Mossadegh, j’ai nommé Merzad Korangi qui veut accueillir une cinquantaine de logements, non pas à Téhéran ou à Ispahan, mais plus prosaïquement autour de la rue de la Comminière et fait tout pour y parvenir. Je lui dirai en Farsi : « mamnun mersi »
Enfin, j’ai gardé quelques amis en dernier et ce sont ceux de Nexity à qui j’ai accordé un permis de construire pour un immeuble de 34 logements qui s’intégreront parfaitement dans la brique du lycée et des autres bâtiments déjà construits en proximité, sur un terrain qui me tient à cœur, puisque c’est là où Constructa, seul de son espèce en trois mandats, en ne terminant pas la résidence du Val, non loin de chez moi, au coin de la chaussée de Ritterhude et de la route de Louviers, n’a pas tenu ses engagements, malgré l’argent versé et deux commandes, dont la médiathèque, confiées au rejeton du patron. Nexity est également en train de caler, en fonction du PPRI, dans le prolongement du théâtre et de la maison du département, face à la gare, un magnifique immeuble vert émeraude fait de 56 studios et deux pièces, pour les jeunes et les séniors, sous le crayon de la présidente de la société française d’architecture, mon amie Manuelle Gautrand. Cela sera magnifique. Il est clair que je le lui dois pour son soutien sans lequel nous n’aurions rien pu faire. Au président de Nexity Alain Dinin, merci.
Enfin, en début d’année, il ne faut pas priver de rendre publique une bonne nouvelle. La partie logements étudiants de l’ancienne ESITPA vient d’être achetée par Novalys pour près de deux millions d’Euros, nous débarrassant partiellement d’une friche, et je souhaite, comme tout le Conseil Municipal, qu’un projet sur ce terrain situé en centre ville nous soit rapidement présenté.
Pourquoi vous fais-je la liste de ces projets ? Pas uniquement parce qu’ils nous ont valu, en attendant une quatrième arobase de ville numérique ou une quatrième fleur attendue comme le Messie par Christophe Prestot, trois prix d’urbanismes nationaux au cours du dernier trimestre. Pas seulement parce qu’ils vont améliorer la Ville et la changer au cours des quatre années… Mais parce qu’ils opèrent un basculement que j’ai voulu. Tout ceci, c’est de l’argent privé qui, par dizaines de millions, s’investit sur Val-de-Reuil et nous permet de faire face à la rareté de l’argent public en modernisant des morceaux de Ville. C’est notre stratégie. Ce troisième mandat doit, de ce point de vue, être encore plus audacieux que les deux premiers.
C’est aussi une force d’entraînement qui me permet d’enrichir les Rolivalois en accroissant la valeur de leur patrimoine. Avec la baisse des taux d’intérêt, les ventes de pavillons dans l’ancien repartent. Les quelques terrains à bâtir livrés en 2016 (tertre/lycée)  se sont vendus très vite avec des prix atteignant des sommets. Cette tendance devrait se confirmer sur 2017. Les ménages profitent de la mise en vente de logements neufs à prix très attractifs grâce au dispositif de TVA réduite de l’ANRU. Je ne m’inquiète que pour la copropriété de la Garancière qui atteint des niveaux plus qu’inquiétants avec un m2 à moins de 500€/m2. Il serait temps que les différentes personnes qui travaillent sur ce sujet se réunissent et adoptent une position commune.
La quatrième mission que je nous ai assignée est le la croissance de notre économie parce que c’est le seul moyen de développer l’emploi qui reste, parce que nous avons 1600 chômeurs, la première de nos priorités ainsi que le rappellera le forum que Géraldine Deliancourt, avec David Fontaine, ont prévu en mars avec Pôle emploi. Je sais bien que l’industrie, l’économie, l’innovation, sont, en théorie, une compétence de l’établissement public intercommunal, qui perçoit depuis trois ou quatre ans, pour cela, une part non négligeable de la fiscalité nouvellement produite sur la commune, mais il peut m’arriver de faire comme s’il n’en était rien et je m’essaye de suivre mon petit bonhomme de chemin. Ce que j’engrange, c’est du sûr. Ce qu’ils m’apportent, comme Hermès, c’est du plus. A la Case, le soin de faire les gros titres des journaux en logeant trois vaches sur la zone des pâtures ; à moi de suivre Sanofi, ses investissements qui font l’objet par ses plus hauts dirigeants d’un arbitrage mondial, mais représentent 55 millions en 2015, 60 en 2016, 90 en 2017, c’est à dire dix fois ceux de la municipalité et la totalité de ceux de la Case, puis compteront pour 50 à 60 millions d’Euros chaque année jusqu’en 2020, sa dizaine de permis de construire pour le B6, le B33, la salle de réception, la passerelle, j’en passe, que nous gérons et accompagnons afin de faire en sorte que le site rolivalois reste la première entreprise de l’Eure ; à moi de m’assurer que Jansen va bien auprès de sa patronne Emmanuelle Quilès que je verrai le 19 janvier ; à moi de maintenir la relation avec Valdepharm, parti de 250 salariés en 2006 pour arriver à 410 en 2016 et, comme chaque année, de rencontrer son président Bernard Fraisse qui pourrait mettre 20 millions de plus sur la table pour un équipement de chimie ; à moi de convaincre Véolia de concentrer ses emplois et ses activités normands sur l’ancien site de EADS/Cassidian. Nous sommes bien au dessus, simplement sur Val-de-Reuil, des chiffres entendus aux Damps pour l’agglomération. Il suffirait maintenant que chaque entrepreneur ici présent engage un ou deux Rolivalois.
Les résultats sont donc là . Après deux années compliquées où nous n’avions vendu que 16 500m², en 2013, et, pire, 7100m² en 2014, le redémarrage de la construction sur la ville s’est poursuivi en 2016 avec 20 000m² de bâtiments autorisés. Si la reprise de l’an dernier était surtout liée aux PME et nous inaugurerons avec plaisir le cabinet de géomètre Agéose et la plomberie Chaufféo voie du Futur, en attendant, je l’espère, près de la Gare, F4S Formation, cette année ce sont les grandes entreprises qui relancent la construction avec SANOFI pour 9200m² dont 8000 pour le B44, son nouveau bâtiment grippe, et 3300m² pour J&J avec l’extension de l’UP1. Par déduction, on connaît notre principal point faible : c’est le commerce. Depuis des années, je demande à la SODEVIL et à ceux qui lui ont succédé de m’aider. Je ne crois pas avoir été bien entendu. Bien sûr, nous fêterons des ouvertures, comme celle des surgelés picard et d’une boulangerie Louise, mais c’est à la Fringale et non en centre ville. Bien sûr des commerçants sont intéressés pour s’implanter comme ce boulanger qui voudrait ouvrir Voie Dagobert, mais ces opportunités, Lisbeth Schreiber le sait bien, sont trop rares. Je veux donc saluer ceux qui réussissent ici et l’association des commerçants que préside Cédric Guet.
A côté de ces grands chantiers demeurent nos préoccupations quotidiennes.
- Ne pas augmenter les impôts et continuer de faire baisser notre dette, ce que je ne suis pas certain de réussir cette année, tout en investissant pour l’avenir, consignes données à nos grands argentiers, trésoriers et comptables Marie-Claude Marien et Julien Tristant.
- Le numérique et notre sous-préfet Richard-Daniel Boisson, si agissant sur le terrain, si ouvert et si proche, si présent sur tous les fronts et auquel nous devons respect, m’a dit que les travaux de raccordement individuel des foyers devraient commencer très vite, tandis que comme le prône Ousmane N’Diaye il faut progresser en Mairie comme nous l’avons fait en 2016 en améliorant le portail internet des familles afin de faciliter la réservation des places en centre de loisirs.
- L’école, que Christophe Coplo accompagne et qui nous donne satisfaction. Je veux citer les résultats magnifiques au bac de Marc Bloch, souvent premier lycée du département et à sa réussite à Sciences Po comme me le disaient hier le chroniqueur de France Inter Thomas Legrand et Dominique Seux des Echos qui en assurent une partie de l’animation. Je veux rappeler la qualité de nos trois collèges au Brevet. Cette dynamique justifie que ayons consacré 1,5 M€ à la réfection du toit et des vitrages de Jean Moulin qui était devenu le premier consommateur mondial de seaux et de serpillères et, bientôt, au parvis Léon Blum ravagé les racines des arbres et qui sera refait en même temps que la Voie de l’épargne. L’école est notre premier budget.
- La sécurité pour tous, c’est notre volonté. C’est l’affaire, comme la politique des quartiers, du rigoureux et sage Dominique Lego. L’année sera marquée par l’ouverture tant attendue du poste de police municipale, l’achat de deux véhicules neufs de type Duster pour nos fonctionnaires et la participation à une tranche supplémentaire de caméras de vidéo-vigilance en liaison avec le commandant Vernoy. Notre Ville a été la plus calme de l’Eure cet été. Ne baissons pas notre garde.
- Le sport est notre signature. Nos 80 disciplines sont accompagnées par Rachida Dordain. Il y aura bien des nouveautés, mais les plus importantes sont la constitution d’un dossier de financement pour un terrain synthétique au bénéfice de l’ASVVP et la reprise du meeting d’athlétisme qui nous mobilisera pour accueillir Michael Zézé notre olympien, qui nous coûtera sans doute plus qu’il n’est dit, mais dont je ne veux pas éponger les déficits comme aux éditions précédentes, car j’ai aussi une piste d’athlétisme à refaire et cela coûte la peau du dos.
- La culture avec la renaissance d’un véritable service dédié à ce secteur sous la direction de Patrick Dumarché, dont l’objectif est, non seulement grâce à l’arrivée de Céline Jégu qui réalisait naguère « Allez Louviers » de relancer un magazine municipal, mais surtout de rechercher des synergies et des complémentarités entre un conservatoire de musique et de danse qui n’a d’intercommunal que le nom et le public tant nous en assurons l’essentiel du financement, mais qui me permet d’annoncer la relance du festival du Caméléon quand Evreux arrête les concerts, les cinémas dont on ne dira jamais assez ce qu’ils doivent à l’art et aux essais de Jean-Claude Bourbault, le théâtre dont la programmation est d’une finesse reconnue, mais qui doit chercher des alliances et des financements, pour aider nos enfants à grandir intellectuellement, l’Ephéméride et la Factorie sous l’égide de l’astucieux Patrick Verschuren. Je vois la présence du DRAC se soir avec nous comme un signe de cette excellence.
Enfin, il y a l’environnement que je n’oublie jamais. Sa protection justifie notre opposition résolue à l’effroyable autoroute dite du contournement de Rouen, mais aussi m’a amené à refuser le tracé d’une nouvelle saignée de bitume au milieu des lacs, près du bassin d’aviron, à 100 mètres d’une zone Natura 2000. Elle était réclamée par mon collègue Brun de Tournedos et prétextait éviter aux habitants de sa commune une à deux minutes supplémentaires de trajet vers notre Gare auxquels ils accèdent par la route de Tournedos la bien nommée et qui existe déjà . La COP 21 est passée par là . Faire n’importe quoi n’est plus possible.
C’est en ayant cette exigence à l’esprit que nous allons, en coopération avec le service voierie de l’intercommunalité dont je veux dire la qualité, faire accomplir un progrès considérable aux déplacements sur notre territoire. Doublant la Route des Falaises, la voie de l’Orée qui longe, au-dessus du Cavé, les Data Centers et le bassin d’essais des carènes sera prolongée depuis la chaussée nord du Vexin, jusqu’au stade couvert et au cimetière. Avec Jacques Lecerf, nous avons voulu un aménagement spécifique pour la section coupant le corridor écologique qui relie la forêt de bord à la zone humide des bords de l’Eure et des lacs. Il s’agira donc d’une voirie très écologique, sous forme de deux routes forestières à sens unique, permettant le passage des animaux tout en « tirant » la forêt jusqu’au quartier de la voie Blanche et en étendant notre réseau de piste cyclable.
Nous ouvrirons aussi deux parcs écologiques de part et d’autre de l’Eure. A l’ouest, le premier, réalisé par la Siloge et Altitude Logement, longera la rivière, de l’éco-quartier à la route des Falaises. A l’est, le second ira du centre de détention, premier service public de la Ville à la Gare. Réalisé par la CEMEX, nous en ouvrirons la première tranche fin 2017 avec la création d’une zone humide et des cheminements de promenade. Ces espaces seront complétés par un troisième, face aux Tréteaux de France, dédié principalement au cheval et à sa pédagogie puisque la Ville abrite trois clubs équestres, sous le nom d’Animanya.
Cela nous rapproche de la Base de Loisirs. De manière générale, je m’inquiète de sa gestion. Même si je salue l’augmentation de la fréquentation, celle du nombre des chalets de tourisme, certaines créations comme la vague de surf ou l’extension de Biotropica, je ne peux me satisfaire de notre éviction de sa Gouvernance, de ses conseils d’administration où l’orateur principal semble avoir besoin que Bernard Leroy ou sa directrice lui souffle en permanence les bonnes réponses, où on nous présente le plus sérieusement du monde un projet de centre d’épanouissement sexuel sur – cela ne s’invente pas – la passe marinière, bref, en bon latin, un lupanar, pour nous dire ensuite qu’on l’a triomphalement écarté ce qui est bien le moins.
Des projets, des réalisations et des espoirs, tout devrait aller pour le mieux. Oui, certes, mais il reste quelques ombres, quelques nuages qui demeurent attachés au coin du tableau.
Le premier, un des plus importants, est le fonctionnement de notre établissement public intercommunal, politiquement responsable de rien puisque insuffisamment connu en dehors d’un marathon et toujours pas élu au suffrage universel. Je ne mets en cause l’honnêteté et la bonne volonté de personne, des permanents moins encore. Mais, si les poubelles sont mal ramassées ici ou ailleurs, cela n’enlèvera pas une voix au Maire du Vaudreuil qui, en plus, gère bien sa commune. Je ne refuse pas la solidarité. J’ai toujours aidé les collègues qui me le demandaient, faisant des dons de véhicules ou de mobilier scolaire. Mais trop souvent, j’ai l’impression, certainement fallacieuse, que l’esprit de clan, pour ne pas dire le favoritisme, explique une mutualisation de services ou l’embauche d’un fonctionnaire. Trop souvent, alors qu’elle se dit apolitique, il me semble, probablement à tort, qu’une convivialité partisane explique les décisions et ce n’est pas la répartition des responsabilités ou la celle navrante des places dans notre hémicycle, majorité devant, opposition derrière, qui me démentira. Trop souvent, elle paraît éloignée des habitants, en tout cas de ceux que je coinnais, et ce n’est pas notre rapprochement logique avec Eure-Madrie-Seine qui va réduire les distances entre Aubevoye Acquigny et les terres de Bord. Trop souvent c’est dans les journaux qu’on apprend ses initiatives y compris sur nos communes. Trop souvent elle propose des réunions à des heures qui sont impossibles si on n’est pas retraité. Trop souvent, elle préfère une certaine technocratie et, puisqu’on appelle une crèche Casibulle, je l’ai dit, on pourrait appeler Case-noisette un chalet d’aisance ou Casimodo une clinique de chirurgie esthétique.
J’ai dit que je ne voulais pas être négatif. J’ai évidemment une solution. Elle se décline en trois temps. Premièrement, maintien d’une Case ne travaillant que sur le principe de subsidiarité. Deuxièmement monopole des guichets municipaux pour un recueil des demandes en proximité. Troisièmement fusion généralisée des communes du territoire selon un plan que l’intérêt collectif, la recherche d’économies, s’il n’y avait les amours-propres, dictent évidemment. Rapprochement de Louviers, la Haye-Lecomte, Incarville. Rapprochement sur le plateau. Rapprochement sur l’ancien Seine-Bord en liaison avec Pont-de-l’Arche. Rapprochement de Saint-Pierre et Saint-Etienne, pourquoi pas avec Vironvay et Heudebouville. Rapprochement de Val-de-Reuil, de Léry et du Vaudreuil, peut-être de Poses si ses habitants comprennent que si nos impôts ont élevés, c’est parce ce qu’une partie leur permet d’accéder à nos services, conformément à nos complémentarités, notre sociologie, notre Histoire, au bon sens, mais qui en aura l’envie ?
Deuxième interrogation. Je vois le plan de circulation de l’agglomération se modifier à grande vitesse et il ne sera pas sans conséquence sur l’organisation de notre territoire. 1) Le bus à haute qualité de service contourne les Clouets par le Nord, de même que la Voie nouvelle de l’Orée évite la Route des Falaises. Il faudra donc veiller à réhabiliter le tronçon qui va du Fantôme à l’A13. 2) La Gare qui mènera à Caen sera vers Evreux et non à Val-de-Reuil. Il faudra donc choyer notre station qui va vers Paris et Rouen. 3) Alors que nous avions dit qu’il fallait traiter nos trois problèmes d’échangeurs ensemble, la construction à nos frais d’un échangeur complet à Heudebouville et la solution apportée, je le souhaite sincèrement, à la sortie Criqueboeuf, vont laisser le problème de l’échangeur routier de Val-de-Reuil/Incarvillle, à savoir le double paiement par les automobilistes, sans résolution. 4) Cela va être aggravé par l’A28, si elle se fait un jour, qui n’aura justement qu’un demi-échangeur à la hauteur de l’Hôtel Mercure, renouvelant les erreurs du passé. Il faudrait au moins réfléchir aux conséquences économiques de ce qui me paraît pour notre territoire la question numéro 1 en termes d’aménagement spatial.
Troisième danger que je citerai pour mémoire, le probable futur Président de la République veut diminuer le nombre des fonctionnaires de 500.000 et faire des coupes claires dans tous les budgets. Il est évident qu’il n’aura pas le courage d’en faire porter la charge sur les administrations d’Etat et, parce que nous allons tous beaucoup vieillir, qu’il vaut mieux qu’il ne le fasse pas sur l’Hôpital. On peut se le dire entre nous. Les collectivités locales seront la variable d’ajustement de cette politique désastreuse. Nous le sentirons passer.
Quatrième inquiétude, l’avenir du collège Pierre Mendès France que craint Elhussein Ouhlisse. Sa fermeture est une ineptie. Elle va créer une friche urbaine dans un périmètre où, par l’ANRU et la construction, nous avons tout fait pour les réduire. Elle ne tient pas compte de l’augmentation de la population de la Ville, du nombre de logements qui se construisent à ses pieds, de l’augmentation des effectifs qu’annoncent ceux constatés en primaire. Elle va rejeter des élèves sur Montaigne et Alphonse Allais qui vont d’abord s’affronter, en bon et en mauvais établissements, puis exploser, car inadaptés par leur cantine, leur cour, leurs circulations, à une telle montée du nombre des élèves, enfin contaminer les autres collèges du territoire et favoriser l’enseignement privé sans que rien ne soit fait pour les malheureux qui, depuis avant la création de la Ville, la contournent pour rejoindre depuis Andé et le Vauvray en 90 minutes le matin, 90 minutes le soir les collèges de Louviers. Pour le magistrat à la Cour des comptes que je reste au fond de moi, c’est le cas d’école d’une gestion publique catastrophique, d’une politique de Gribouille dont tout citoyen, dont les enfants ont été un jour élèves, s’apercevrait.
Deux réflexions plus personnelles pour véritablement conclure.
Notre pays a une tradition politique qui lui est propre. Il est en train de la perdre à marche forcée. Fin du septennat, abandon d’un certain nombre d’outils du parlementarisme rationnalisé y compris le 49-3, disparition des députés-maire et des sénateurs-présidents de conseils généraux, autrefois figures de la République, devant les exigences légitimes du non cumul des mandats, déclassement des élus et déconsidération des gouvernants, technocratisme européen et éclatement de l’Union, règne des intercommunalités et des métropoles en lieu et place des clochers et des beffrois nous font perdre notre originalité et nos repères. Nous ressemblons de plus en plus à l’Allemagne sans sa croissance, à la Suède sans son modèle, au Royaume-Uni sans sa reine et ce n’est pas bon de devenir une sorte de grande Belgique ou une seconde Italie.
Deuxième et dernière notation. J’aurais voté Hollande. Je défends son bilan surtout dans cette ville qui n’a pas à se plaindre de lui. Je continue de penser que, face à ce que nous appelions, en 2012, le quinquennat de l’enfer, il a fait de son mieux. Je me sens donc assez libre à la veille des prochaines échéances. Permettez-moi dans ces conditions de remarquer que le candidat de la droite, ancien assistant parlementaire, n’a jamais travaillé, à part un stage à l’AFP en 1973, de même que n’a jamais véritablement gagné son pain à la sueur de son front la représentante de l’extrême droite qui est une héritière, pas plus que ne l’ont fait les deux tiers des candidats aux primaires de la Gauche même si certains, à l’école du militantisme ont collé des affiches, supporté des heures de réunion pour une gamelle qui n’était pas toujours pleine. Au niveau local, ce n’est guère mieux. Le numéro 1 du Front National dans l’Eure vit d’un emploi fictif à Strasbourg ce qui est, peu ou prou, le cas de son numéro 1 régional. Les maires de Gisors et des Andelys sont d’anciens collaborateurs d’élus locaux. Le député de la 1ère circonscription est un normalien qui n’a jamais été professeur et, plus fort encore, un diplomate qui n’a jamais été en poste au contraire de celui de la deuxième. Le Maire de Bernay et le président du conseil général n’ont d’autres expériences que d’avoir été assistants parlementaires, tout comme le député de la 5eme circonscription, celui de la quatrième ayant été, comme dernière occupation recensée, le négociateur radical du programme commun en 1974 ce qui remonte à près d’un demi siècle, tandis que l’actuel Président du Conseil Régional et le Maire de Louviers sont fonctionnaires parlementaires ce qui doit être, trois mois de vacances, retraite plus élevée que le salaire, assurances et prêts favorisés, dans le secteur public ce qu’il y a de plus éloigné des réalités économiques de notre pays. Où sont les agriculteurs, les médecins, les avocats, les ouvriers, les professeurs, les journalistes comme autrefois ? Tout devient monocolore.
Cela ne me décourage pas pour autant. Je crois à la différence entre la Droite et la Gauche. Je préfère manifester avec le NPA et le PCF contre le FN que le contraire. Je vois derrière le sourire de Macron, celui de Lecanuet, derrière les mots de Mélenchon ceux de Poujade. Autant vous dire que, si je nous souhaite une très bonne année, je m’inquiète sérieusement pour ce qu’elle nous apportera en mai, en juin et plus loin, pour vos enfants et les miens. Heureusement, je pense comme François Mitterrand que « là où il y a une volonté, il y a un chemin… » et je vous invite pour qu’il surgisse à tous voter aux primaires du 22 et du 29 janvier pour Vincent, Arnaud, Benoît, Manuel et les autres », après avoir bu le verre de l’amitié, ensemble, entre Républicains.
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DEC
2016
La joie et les peines de François Hollande
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Le Président de la République, en renonçant à briguer un second mandat à la tête de l’Etat, a pris une décision politique lucide et courageuse, une décision personnelle difficile et douloureuse. Peu auraient été capables, face aux mêmes situations, d’en tirer la même conclusion. Dignité de la fonction, respect des citoyens, responsabilité de l’homme d’Etat, François Hollande, a tout pesé avant de se résoudre à cette solution. Continuer aurait été naturel ou normal. Renoncer exigeait de la force d’âme. Il appartient désormais à chacun, s’il a du cœur et de l’esprit, de la lui reconnaître. Revenons à sa motivation essentielle. François Hollande est un homme juste, honnête et sincère. A la différence de ses deux prédécesseurs, il ne termine pas son mandat sous le coup de multiples mises en examen. Il a donc jugé en conscience que, contrairement à d’autres, il ne méritait pas d’être désavoué par son pays et rejeté par son parti. Oui, il a préféré l’humilité à l’humiliation et il a eu raison.
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Pourtant ce geste, si je le comprends, je le regrette. Au-delà des mots, le Président de la République a gouverné notre pays en cohérence avec les valeurs qui l’animaient, les engagements qui le guidaient, les promesses qui le tenaient : la justice sociale et l’égalité des chances, la solidarité, la liberté et la laïcité. Nous les partageons avec lui. La vie politique ne s’est pas arrêtée, par un petit matin glacial, au Bourget. François Hollande a un bilan qui, étrangement, commence à apparaître : sécurité sociale préservée, priorités, l’école, le logement, la santé, financées, société modernisée et nouveaux droits créés, sécurité renforcée, finances assainies, démocratie préservée, défense de l’environnement renforcée.
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Sans doute se souviendra-t-on bientôt, alors que débute la prochaine campagne électorale, que le quinquennat qui s’achève devait être celui de « l’enfer ». C’est ainsi, avec réalisme, qu’un des candidats à la primaire de la Gauche, en 2012, peu de temps avant d’être « empêché » d’y participer, avait qualifié la période qui s’ouvrait. Il s’en était clairement expliqué. Crise de la dette, crise de l’Euro, crise du déficit, crise de l’Europe, rien ne serait facile pour celui, de Gauche ou de droite, qui serait élu. Sans dynamique de croissance et sans création d’emploi, le pays était en miettes. L’Etat en faillite. C’est ainsi qu’il avait été laissé par la majorité précédente, son président et son « collaborateur ». François Hollande, sans doute, ne l’a-t-il pas dit et rappelé. A cela, qui suffisait, se sont ajoutés la guerre et le terrorisme. On reconnaîtra un jour le temps, la volonté et l’énergie que ces deux combats ont nécessité. Il a fallu faire face à la mort et à la souffrance. Il a fallu lutter contre la barbarie. Au Mali, en Irak, en Syrie, François Hollande a été ce rempart.
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Mais notre démocratie n’était plus armée pour faire face à la multiplicité des problèmes intérieurs ou extérieurs qu’elle doit encore affronter. Passage au quinquennat, fin du cumul des mandats, émergence des primaires, décentralisation sans responsabilité et Europe sans âme, ont profondément changé, altéré, banalisé et dénaturé nos institutions. Au fil de réformes éparses et désordonnées, nous sommes arrivés à la fin d’un cycle. Notre pays n’a plus de constance, de cohérence, de cohésion. Il a perdu sa singularité. François Hollande en a payé le prix. Le manque de repères et la dilution de notre identité ont condamné le peuple au désarroi et c’est également une des causes qui a conduit son expérience au charnier.
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Ce constat objectif ne peut cependant tenir lieu d’explication unique aux événements que nous vivons. Le sens commun, la foi en l’intérêt général, le dévouement au service public ont déserté. Les erreurs individuelles existent et ne se limitent pas à l’incompatibilité évidente entre la déchéance de nationalité et la France des lumières. La coexistence de deux politiques au sein d’un même Gouvernement s’est révélée – comment aurait-il pu en être autrement – mortifère. La fiscalité a laminé les classes moyennes, les salariés, ceux qui ont des revenus et pas de fortune, bien davantage que les plus favorisés. L’inversion de la courbe du chômage, exigence légitime de Florange, obligation face à une France qui n’en peut plus, est devenue le piège de l’Elysée. Tout n’a pas été fait. Tout n’a pas été essayé.
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Pour autant, précisément face à ce drame qui dure depuis 1974, l’irresponsabilité collective, la préférence pour la polémique, la superficialité médiatique de la Gauche sont devenues tragiques. De certains de ses ministres, de ses collaborateurs et de ses camarades, le Président de la République – c’est une part de son humanité – aura tout supporté : traitrises, ingratitudes, aventures personnelles, ambitions démesurées. Il n’aura été protégé que de deux choses : leur travail et leur loyauté. Une supposée déception, artificiellement proclamée, ne peut être la justification universelle de comportements infantiles et inadmissibles. Une partie de la classe politique, parce qu’elle est perpétuellement moquée, vilipendée et dévalorisée, n’est plus composée que d’ombres, d’apparatchiks ou de caricatures. Il n’y a rien à en attendre de grand ou de sublime. Il reste de la Vème République une démocratie divisée entre national-populisme, régression conservatrice et Gauche éclatée. A cette dernière, il appartient de se rassembler autour de l’idée de progrès et de la notion d’avenir. De se projeter, pas de reculer.
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A François Hollande, alors que, souvent à droite et parfois à Gauche, hélas, résonnent des propos qui, au lieu de saluer celui qui va s’en aller, hésitent entre vulgarité et médiocrité, je veux simplement dire ma fidélité et mon amitié construites depuis notre première rencontre, entre fonctionnaires, voici trente ans exactement, mes remerciements pour la bienveillance dont il a continuellement fait preuve pour la commune populaire dont je suis le maire, ma reconnaissance pour l’attention qu’il a toujours manifestée pour la fédération du parti socialiste de l’Eure dont il suivait – personnellement – l’actualité, mon respect pour le travail qu’il a accompli pour notre pays. Je pense à son authenticité et à sa résistance, à sa fierté et à son élégance. Je pense, sans arrières pensées, à la joie éclatante qui fût la sienne et qui, voici cinq ans, devînt la nôtre, à la peine, dont, dépourvu d’amertume, mais avec une émotion réelle, il a fait preuve hier, et qui est encore, qui est aussi, aujourd’hui la mienne.
Marc-Antoine JAMET,
Premier secrétaire de la fédération de l’Eure du Parti Socialiste