ACCUEIL | AGENDA | REVUE DE PRESSE | EQUIPE | CONTACT | MIEUX ME CONNAITRE | PHOTOS

19 MAI 2017

Bruno Le Maire souffre des mêmes graves maladies que le Président de la République nouveau et le Premier Ministre que celui-ci s‘est récemment trouvé.

L’ancien chargé de l’Europe, puis de l’agriculture, pour le compte de la Maison Nicolas Sarkozy et associés, est intelligent, brillant et, par adoption, mais c’est fréquent, normand. Ce sont trois qualités qu’on ne saurait lui reprocher. Comme les deux autres membres du trio qui, désormais, nous dirige, si on veut bien faire abstraction des Ministres d’Etat qui embarrassent le décor, il aurait pu dans une autre vie vendre des pâtes alimentaires, faire du business et s’enrichir. On considérera donc qu’il a, indissociablement mêlé à une terrible ambition personnelle, le sens de l’Etat, de l’intérêt général et de la chose publique. Bravo ! C’est tout à son honneur. Il maîtrise la parole et l’écrit, module son ton et son style, sait faire effet d’une voix, belle, et d’une plume, classique, qu’il trempe parfois – cela dit – dans la mémoire des autres pour donner un peu d’épaisseur à ses best-sellers. Cultivé et charmant, grand et mince, plus que jeune et beau, il donne de la dignité et du relief aux fonctions qu’il assure. Il est capable d’avoir à la suite deux pensées et trois propositions cohérentes sans être frappé d’une méningite ce qui le signale. Il travaille – beaucoup – et se donne – vraiment – de la peine. On ne ricane guère sur son passage. Il est vrai qu’on ne rit pas non plus. Il a l’humour glacial d’une porte qui grince, d’un volet qui claque. On appellera cela autorité charismatique pour se rassurer. Le bilan est cependant globalement positif. Ajoutons qu’autant il peut être féroce en public, il est le plus courtois et le plus aimable des hommes en privé. Pour un peu, Bruno Le Maire donnerait l’impression de s’être échappé de ce temps où les politiques, ni suppléants, ni attachés, ni apparatchiks, avaient du coffre, de la verve et de l’allure. En tout cas, lui, il en a… Fermez le ban.

Mais on lui reprochera, loin de toute Union Nationale, d’être de droite, viscéralement de droite, indécrottablement de droite, d’en avoir les – mauvais – comportements, les – courtes – idées et les – fausses – valeurs. Il pense que les chômeurs sont des fraudeurs qu’il faut contrôler et contraindre, que leurs indemnités sont si généreuses qu’on doit aussitôt les diviser par deux ou pas dix, qu’ils fréquentent la cellule et l’estaminet pour comploter et manifester plutôt que travailler. Il flaire en le retraité qui n’a pas assez cotisé le profiteur qui argue de son grand âge pour s’en mettre plein les poches. Il a bien compris que les situations les plus odieuses, les plus injustes, sont, dans notre pays, celles de ceux qui payent l’impôt sur la fortune qu’il veut supprimer. Arbitre des élégances intellectuelles, il a dit sans barguigner des horreurs bien peu convenables, bien peu humaines, bien peu chrétiennes (pour reprendre une filiation célèbre qu’il revendique) sur le mariage pour tous. Cela lui valut un peu plus de 2% dans une primaire qui le classa davantage parmi les derniers que les premiers. Il en fût mortifié.

On n’oubliera pas que, jeune diplomate, son attachement fidèle à Juppé lui fit aussitôt servir Villepin, que, directeur de cabinet, son amour exclusif de Villepin le conduisit immédiatement à Sarkozy, que, ministre, sa loyauté absolue pour Sarkozy, lui fit choisir sans attendre Fillon, que, conseiller spécial de Fillon, son désintéressement complet le fait aujourd’hui préférer Macron. On serait en droit de connaître les futurs épisodes de cette bien jolie télé-novella. Le scénario, sans doute déjà écrit, tient en une phrase : « qui a trahit, trahira ». Pour un plat de lentilles de contact. Seul le calendrier est encore à déterminer. Pour l’instant, l’élu qui affirme préférer le pays basque à la Normandie, a bien compris que sa circonscription était menacée. C’est la clef pour comprendre son ralliement. Inconvénient parmi d’autres, elle marginalise à Evreux les « marcheurs » qu’elle renvoie, à Louviers, aux Andelys, à Pont-Audemer, à Bernay, à leur statut de fieffés opportunistes, de dangereux incapables ou de doux rêveurs.

On rappellera enfin que Bruno Le Maire est, dans l’Eure, celui qui, par ses séides, fait fermer les collèges, supprimer les bourses, rationner l’éducation, bref qu’il est notre adversaire. Tout comme Hervé Morin et Sébastien Lecornu, éléments d’un autre attelage avec lequel on ne gagnera jamais le tiercé ! Républicain et démocrate au fond de lui, c’est certain, mais tantôt centriste tantôt extrémiste, il s’est montré dans notre département rude et brutal. Il a égorgé d’une oreille à l’autre les chiraquiens qui lui avaient cadeau de sa circonscription. Il a pris le contrôle de l’UDI locale, prenant en otage ses chefs apeurés. Il a placé un peu partout, à Evreux, à Gisors, à Vernon, au département, à la région, des hommes-lige, de paille et de main qui s’en sont pris à la solidarité et aux associations.

Ce portrait en emprunte au Président et à celui qu’il a commis à Matignon. Quoi qu’il en soit il témoigne qu’un Premier ministre de droite a confié les finances de la Nation à des ministres de droite qui ne rêvent que de mettre en pratique les politiques de droite d’un programme de droite. Quand on est de Gauche, on ne peut donc se féliciter, si ce n’est pour l’intéressé, d’une nomination qui n’amènera rien de bon pour les classes moyennes, les salariés, les fonctionnaires, les ouvriers. Seuls « Les Républicains » pensent l’avoir exclu de leur camp. Ne soyons pas dupes. Logiquement, la désignation à Bercy de Bruno Le Maire, que nous connaissons bien, en mal, ne peut que conduire à voter contre lui et pour les candidats de la Gauche socialiste et écologiste, notamment Laetitia Sanchez qui se présente, afin de le battre, dans la 1ere circonscription de l’Eure.

© 2011 Marc-Antoine Jamet , Tous droits réservés / Wordpress