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AVR
2017
A Val-de-Reuil, une Gauche très majoritaire, un Front National à l’arrêt, une droite disparue et l’apparition de Macron
A Val-de-Reuil, une Gauche très majoritaire, un Front National à l’arrêt, une droite disparue et l’apparition de Macron.
Les résultats de Val-de-Reuil pour ce premier tour de scrutin nous donnent cinq enseignements majeurs et appelle une consigne claire :
1) Le premier est le plus important. La plus jeune commune de France, dans des proportions légèrement inférieures qu’en 2012, s’est mobilisée. Elle enregistre là son troisième meilleur résultat en termes de participation dans une élection, après 2007 (73,59%) et 2012 (68,4%), avec 64,84% de votants. Ce bon résultat pour la ville confirme son implication citoyenne. Ce soir, la dérive abstentionniste qui a souvent handicapé la commune a été contredite. Près de 5000 électeurs se sont déplacés dans l’un de des six bureaux de vote. Cela n’est évidemment pas sans lien avec la vague d’inscriptions électorales record qui avait été observée, ici, au cours des derniers mois de l’année 2016. 1000 nouveaux électeurs, souvent jeunes, s’étaient alors présentés en Mairie. Ils ont été nombreux, de 8h00 à 19h00, à répondre à ce rendez-vous démocratique, venus de toutes les générations, de tous les quartiers. Mais cela ne suffit pas : l’abstention devra reculer bien davantage, surtout dans les bureaux populaires des Dominos, de Jean Moulin, du Pivollet, dans deux semaines pour diminuer le poids relatif de l’extrême droite et palier une éventuelle déperdition des voix de la droite républicaine.
2) Deuxième enseignement, l’ancrage politique de la commune reste profondément à Gauche. Bien que nationalement éliminée, elle est dans sa pluralité majoritaire à Val-de-Reuil. Benoit Hamon et Jean-Luc Mélenchon ont obtenu la confiance de 2024 électeurs soit 42,29% des suffrages exprimés. Numériquement, la Gauche plurielle obtient un résultat similaire à celui qu’il avait obtenu en 2007 (2061 voix). Jean-Luc Mélenchon, arrivé en tête avec 31,76%, y fait la plus forte progression rassemblant sur son nom trois fois plus de suffrages qu’il n’en avait obtenus il y a cinq ans. Le candidat du Parti Socialiste double quant à lui le score qu’il recueille au niveau national avec 10,53% des suffrages. Il y réalise, selon les résultats parvenus, son meilleur score en Normandie. Au total, ajoutée aux suffrages qui se sont portés vers Emmanuel Macron, la somme des voix des candidats progressistes se porte au même niveau qu’en 2012 avec 60% des voix (59% en 2012). Dimanche 7 mai, cette addition, qui est la division de l’électorat de François Hollande, devra former l’alliance qui placera Emmanuel Macron en tête.
3) Avec 6,54%, la droite républicaine disparaît et confirme son incapacité à peser réellement dans les débats et la vie démocratique de notre cité. Son score est deux fois plus bas qu’il ne l’était en 2012. Elle divise d’autant le nombre de ses électeurs. Jamais, à Val-de-Reuil, la droite LR n’aura réalisé un résultat si peu élevé. Là où elle rassemblait 615 voix il y a cinq ans, François Fillon n’en obtient ce soir que 313. Les électeurs rolivalois continuent donc de sanctionner son absence et son manque total de propositions.
4) A Val-de-Reuil, la candidate du Front National réalise une contre performance avec un résultat qui sans être totalement négligeable est bien inférieur à celui qu’elle a établi lors des élections européennes. Il est très largement en dessous de son niveau départemental et bien plus faible que dans la majorité, voire la quasi totalité, des communes de l’Agglomération Seine-Eure ce qui, compte tenu de la sociologie de la Ville, tient de l’exploit. C’est un fait politique qui doit être souligné et une tendance qui devra très nettement s’amplifier dans quinze jours à l’occasion du second tour. Le FN échoue à obtenir la majorité des voix qu’il convoitait, est à peine au dessus de son score national et ne constitue qu’une faible progression par rapport à 2012. Cette progression limitée est obtenue sur les bureaux de Louise Michel et Léon Blum compte tenu de l’exaspération qu’expriment les locataires du parc social du bailleur départemental Eure Habitat. Mais le Front National patine dans l’ensemble de la Ville. Un coup d’arrêt lui a été donné. C’est une récompense pour le travail citoyen réalisé depuis quinze ans par la municipalité.
5) Fait politique inédit dans cette élection, le centre qui n’avait jusqu’alors aucune existence concrète a trouvé dans la candidature d’Emmanuel Macron un socle électoral, notamment autour du bureau de Coluche qui tend à voter de plus en plus comme le pays (montrant sa sociologie particulière par sa proximité de la richesse des parcs d’activité). Il agrège une partie des voix qui, en 2012, s’étaient portées vers François Hollande et absorbe celles d’une droite désarçonnée par la fragilité de son candidat. Avec 18,39% des suffrages, Emmanuel Macron arrive en troisième place à Val-de-Reuil là où il est en tête nationalement.
6) Une nouvelle campagne débute ce soir. La discipline républicaine, comme elle s’est toujours appliquée, devra l’emporter. La somme des voix républicaines qui s’est prononcée lors de ce premier tour doit former la base d’un rassemblement aussi attendu que nécessaire derrière Emmanuel Macron. Dans deux semaines, la mobilisation des rolivalois doit être totale pour faire barrage au Front National.