17
FEV
2016
Sur la route de Louviers, une femme est passée
Françoise Miquel s’en est allée voici une semaine. Elle avait 62 ans. Son nom dans notre département n’a pas été beaucoup prononcé. Estime et considération de ses pairs, de ceux dont elle partageait les combats et les opinions, ne lui ont pas été vraiment données.
Je l’avais croisée une première fois, à Bercy, en 2000 alors que, sous la direction de Laurent Fabius, nous mettions la dernière main à l’introduction de l’Euro. A la direction de la communication du Ministère de l’économie et des finances, en dépit d’un Ministre impliqué et engagé, d’un cabinet aux aguets veillant sur tout et vérifiant tout, cette ancienne de la promotion Voltaire de l’ENA avait rempli plus que son rôle.
Je l’avais de nouveau croisée sur la route de Louviers. Après le règne municipal compliqué d’Odile Proust, elle s’y était présentée avec courage contre François Loncle tentant de lui ravir son siège de député. Nous étions, en 2007, dans la foulée de l’élection de Nicolas Sarkozy. Cela avait peut-être un sens. La politique est cependant souvent faite de logique. Rassemblant son camp et n’ayant pas démérité, le député sortant l’emporta. Elle subit alors le sort des vaincus. Elle n’avait pas été assez ceci. Elle était trop cela : parisienne, décalée, femme, née à Tunis. On lui trouva, notamment dans son camp, des défauts qu’elle n’avait pas. Elle reprit alors une carrière brillante et bien remplie de fonctionnaires acceptant de diriger la mission « médias-culture » du Contrôle Général des Finances et de veiller sur la trésorerie du Centre national du Cinéma. Elle était de droite. Par conviction. Par construction. Nous lui avons mené la vie dure. Peut-être trop. Elle n’était cependant pas construite pour l’affrontement politique. Elle y mettait trop d’elle même et ne détestait pas ses adversaires. Elle avait écrit sur cela un livre vrai. Nous avions eu des conversations agréables sur des sujets à mille lieux des votes et des scrutins. Il aurait fallu davantage lui parler. Je veux aujourd’hui la saluer. Parce qu’elle s’était engagée dans la vie publique, dans la vie citoyenne avec sincérité, un hommage devait lui être apporté. Une femme est passée…
Communiqué de Marc-Antoine JAMET
Maire de Val-de-Reuil, Conseiller régional de Normandie