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JUIL
2014
LE SOCIALISME DE JAURES EST UN ROC. A l’occasion du Centenaire de l’assassinat de Jean JAURES, hommage de la fédération de l’Eure du Parti socialiste (texte lu à Charleval lors de la cérémonie organisée par Denis Lebaillif, le Maire de la commune).
LE SOCIALISME DE JAURES EST UN ROC
Jean Jaurès, de son nom d’état civil Auguste Marie Joseph Jean Léon Jaurès, né à Castres le 3 septembre 1859, portait à lui seul tous les prénoms du socialisme. Il portait le prénom d’Auguste Blanqui, qui personnifie la révolte. Il portait le prénom de François-Marie Arouet, Voltaire, inspirateur des Lumières que Jaurès voulait tant décrocher et partager. Il portait le prénom de Pierre-Joseph Proudhon, l’anarchiste interrogeant la propriété, et de Joseph Caillaux, le fondateur de l’impôt progressif sur le revenu. Il portait, avant le sien, le prénom de Jean Allemane, l’homme du combat syndical. Il portait le prénom de Léon Trotski, lui aussi assassiné, et de Léon Blum, l’homme d’Etat des plus grands acquis sociaux que la Gauche a offerts au peuple de notre pays. Jean Jaurès, en citant l’historien Michel Winock, « rend hommage à tous les camps » du socialisme.
Dans la République qu’il sert comme professeur et député, pour l’humanité qui est son but car « c’est à la réalisation de l’humanité que travaillent tous les socialistes », écrit-il le 19 avril 1904 dans le premier éditorial du premier numéro du journal du même nom, le socialisme bleu blanc rouge de Jaurès, fils de la Révolution française et des combats ouvriers dont il était le soutien dans le Tarn ou le Pas-de-Calais, est un roc. Jaurès, agrippé à un réverbère, au plus profond des mines et au cœur des luttes, l’incarnait. Il n’y était pas né. De mouvements il a fait une force. Il en fut l’unificateur. Avec Jaurès, le socialisme entre en République, au Parlement, en politique, également dans les tribunaux, non plus comme accusé, mais comme avocat de toutes les causes justes : des opprimés, des pauvres, des misérables.
Normalien, rival en philosophie de Bergson qu’il avait battu au concours d’entrée mais qui l’a devancé à la sortie de l’agrégation, Jaurès aimait les thèses et la synthèse. Il n’était pas un utopiste, mais il a écrit un monde. Le Congrès du Globe, en 1905, ne pouvait mieux porter son nom. Un siècle plus tard, l’Internationale a cédé la place à la Mondialisation et, comme un symbole, le Café du Croissant est désormais le voisin d’un Mac Donald. Le prochain Jaurès, d’où viendra-t-il ? De Castres ou de Sacramento, de Carmaux ou de Rio, de Fourmies ou de Bali, de Courrières ou d’Anvers, nous lui pardonnerions qu’il ne soit pas français, mais nous ne l’excuserions pas qu’il ne soit pas socialiste.
On veut récupérer Jaurès ? Chiche. Rassemblons-nous, à Charleval ou au Pré-Saint-Gervais. Il y a l’embarras du choix pour lui être fidèle. La Guerre est aux portes de l’Europe. La guerre est au Moyen-Orient. Les nationalismes sont partout. On veut citer Jaurès ? Eh bien citons-le pour les dénoncer. Le socialisme de Jaurès, c’est celui de la tribune, pas celui du décret. Il est le socialisme de tous. Chacun peut s’en emparer. C’est une responsabilité. C’est un courage. C’est une vérité. Le socialisme de Jaurès, c’est celui des Français, des militants, des citoyens, c’est celui des lecteurs, des professeurs, des travailleurs, c’est celui des fonctionnaires, des ouvriers, des salariés. Le socialisme n’est pas un privilège. Le socialisme n’est pas un cursus honorum. Jaurès n’a jamais gouverné, mais contre les coups de clairon il donnait de sa voix.
C’est parce qu’elle portait haut, c’est parce qu’elle portait loin, c’est parce qu’elle portait fort que, ce 31 juillet 1914, à la table de ce café parisien, au 142 rue Montmartre, ils l’ont fait taire, ils l’ont tué, croyaient-ils, à jamais.
Marc-Antoine JAMET, Premier secrétaire de la fédération de l’Eure du Parti socialiste