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2 JUIL 2014

François Loncle et Franck Martin ont raison

Le député de notre circonscription et l’ancien Maire de Louviers qui, dans un passé lointain, lointain, ont parfois eu tort ensemble, viennent, cette semaine, d’avoir tous les deux raison, mais sur des sujets différents.

A tout seigneur, tout honneur, François Loncle parle d’or quand il s’indigne de la pauvreté, de l’indigence, de la frustration à laquelle sont soumis les amateurs de football qui, comme moi, comme beaucoup, ne veulent pas s’abonner à une chaine qatarie pour suivre l’intégralité des matches de la Coupe du Monde. Une manœuvre très contestable est à l’origine de cette situation. TF1, écartant un service public qui, de toute façon, n’en avait pas les moyens, a acheté les droits de la compétition à la FIFA afin, en quête d’économies et de recettes faciles, de mieux les revendre ensuite à une chaine payante. Du coup, la compagnie de M. Bouygues ne propose plus au commun des tifosi qu’une vingtaine de retransmissions exclusivement, ou presque, consacrée à la belle aventure des bleus. Certes c’est l’essentiel. Pas grave, diront donc certains. Pas sûr. Quand j’étais enfant, quitte à faire sourire, je découvrais le monde, ses visages, ses particularités, grâce à la seule épreuve qui, avec les jeux olympiques, alignait des équipes venues des cinq continents. On ne tardait pas à comprendre que l’Océanie avait d’autres chats à fouetter et d’autres ballons à attraper… avec les mains. On s’extasiait sur la puissance des équipes africaines en touchant du doigt les contraintes du développement insuffisant des pays qu’elles représentaient. La famille se déchirait pour savoir si, au nom du ballon rond, on n’apportait pas un soutien involontaire aux dictatures sud-américaines. On révisait l’histoire de l’Europe et à Séville pour se demander si nos bons amis allemands n’étaient pas restés un peu méchants. Va pour quelques duels, mais tout n’est pas épopée, rétorquent ceux qui ne trouvent décidément rien à redire à cette confiscation. Il y aurait des confrontations soporifiques, dépourvues d’intérêt, en un mot superflues. Là encore pas évident. Chacun se souvient du match de la honte qui vit l’Autriche et l’Allemagne refuser de s’affronter pour mieux se qualifier aux dépens de l’Algérie. Cela en disait beaucoup sur la persévérance de certaines solidarités linguistiques et quasi nationales face à la mondialisation naissante. Qui n’a pas encore en mémoire l’étonnant et très sportif match Iran/Etats-Unis au cœur de la crise entre ces deux pays voici dix ans. En 90 minutes on en apprenait autant, si ce n’est plus, que dans toute une leçon du docteur Kissinger. De même un fameux Argentine/Angleterre en montra davantage sur la profondeur du conflit des Malouines que bien des commentaires géopolitiques. Et puis on s’enthousiasmait, on découvrait des joueurs, des équipes, des tactiques. Des confrontations improbables, dont on pensait n’avoir que faire, vous prenaient aux tripes. Cette universalité de retransmission permettait aux plus pragmatiques de suivre le parcours des futurs adversaires de la France (quand on pense que les qualifications en poule du Nigeria, notre adversaire des huitièmes n’ont pas même été reprises !). Bref, notre parlementaire de référence a cent fois raison. C’est un scandale et quatre coupables l’ont déclenché : l’argent et l’égoïsme, l’ignorance et la bêtise. Bien étroit. Bien triste.

Du foot planétaire à Louviers la drapière, il y a comme un soudain rétrécissement de focale, mais il me permet, dans le débat sur « qui dit la vérité entre l’ancien et le nouveau maire » de me ranger résolument du côté de Franck Martin. Pour la commune toute entière, singulièrement pour le quartier de Maison Rouge ce qui est en train de se passer en matière de rénovation urbaine est une catastrophe. Je ne suis un fanatique absolu ni des halles de futsal, ni de manière générale de ce sport qui me parait rustique et violent. Il se trouve cependant qu’un tel équipement avait été intégré dans la maquette ANRU de Louviers, maquette signée et approuvée par tous les partenaires de la commune et qui conditionnait leur financement à sa parfaite exécution. Changer unilatéralement une clause d’un contrat peut conduire les autres co-contractants à revenir sur toutes les autres. C’est ce qui va arriver. La parole donnée n’est plus tenue. Chacun est délié de ses promesses. Et ce n’est pas la désinvolture d’une adjointe qui, candidement, déclare que tout cela n’est pas grave et qu’il n’y a qu’à rédiger un avenant avec l’ANRU qui va rassurer les Lovériens. Un avenant national, c’est précisément ce que, par solidarité et alors qu’aucun de ses élus n’était présent, j’avais évité à Franck Martin en plaidant sa cause devant le conseil d’administration de l’agence de la rénovation urbaine un jour que le dossier y était instruit sans que nul n’en ait été prévenu. Collectivement, nous l’avions échappé belle. Un avenant national, ce sont des mois de négociations, des dizaines de signature à retrouver, des pages et des pages à vérifier. Des jours, des semaines et des mois de perdus. Revenir sur ce qui a été décidé alors que la politique de la Ville et son périmètre sont en train de se décider est surtout suicidaire pour une commune qui devrait se battre pour en faire partie. Résultat, Louviers sera sorti du dispositif avant même d’avoir pu y entrer. Pour les Lovériens, ce sera moins de crédits, moins de constructions, moins de modernisation. Il est parfois des moments où les périodes d’apprentissage n’excusent pas l’amateurisme.

© 2011 Marc-Antoine Jamet , Tous droits réservés / Wordpress