5
NOV
2013
Jacques DORIVAL, un policier socialiste et républicain.
Nous avons appris, ce dimanche, la mort de Jacques Dorival. Un faire-part dans le Monde annonçant ses funérailles à Evreux où il était resté militant, les appels de ses camarades et de Timour Veyri, le secrétaire de sa section, la tristesse du lovérien Jean-Charles Houël, sont venus confirmer cette nouvelle. Notre camarade était décédé le 25 octobre dernier à Fontainebleau. Sa disparition est, pour la Fédération de l’Eure, une perte immense.
Jacques Dorival était, à une époque où la conjonction des deux mots n’était pas immanquablement automatique, un policier républicain. Toute sa vie, il fut un homme d’engagement et de combat. A la fois, un grand serviteur de l’Etat avec ce que cela comporte de devoir et d’abnégation, et un vrai socialiste avec ce que cela implique de générosité et d’altruisme. Parce qu’il savait que sous certains ordres apparents couvent les plus grands désordres, il avait su faire cohabiter en lui deux impératifs, celui du fonctionnaire attaché à remplir sa tâche, celui du militant capable de libre-arbitre, sans contradiction, sans affrontement, sans violence. La sécurité est avant tout le droit des plus faibles. Il le savait et en avait fait, à juste titre, la légitimité de son travail. Son métier servait ses convictions. Il appliquait ses convictions dans son métier.
Inspecteur divisionnaire, Jacques Dorival avait terminé sa carrière à la tête de la circonscription de police de Louviers. C’est dans cette ville, alors qu’il était déjà à la retraite, que je l’avais rencontré en 1999, coiffé d’un feutre héroïque, un regard malicieux derrière ses lunettes. Il avait pu déployer dans la cité drapière ses remarquables talents de négociateur, son sens de l’autorité, sa volonté de préserver l’ordre public. Il y était aimé. C’était un homme simple, sincère, profondément imprégné de l’esprit de Justice et du désir de Solidarité, dont il n’extrayait pas son action. Grand Humaniste, fin connaisseur de chaque milieu social et admirable meneur d’hommes, manager avant que le terme ne s’applique à la fonction publique, Jacques Dorival savait, en arpentant les quartiers difficiles, en n’ignorant rien des passions et des conflits propres aux êtres humains, prévenir et anticiper toutes les situations. Prévenir pour guérir. Guérir en prévenant. C’était un médecin attentif tout autant qu’un policier vigilant.
Apprécié de ses subalternes dont il avait su rester proche, de ses supérieurs auxquels il ne cachait aucune vérité, Jacques Dorival était aussi respecté des élus qu’il prenait le temps d’écouter et qu’il estimait. Ces derniers savaient trouver en lui, quand les situations s’envenimaient, dans une rue, dans un immeuble, entre deux communautés, un conseiller au discernement apprécié, un fin médiateur, ferme sur le fond et sur l’exigence de légalité, ouvert sur la forme et ne mésestimant pas le rôle du dialogue. Pierre Joxe n’avait pas encore imposé l’affichage de la Déclaration des droits de l’homme dans les postes de police, mais Jacques Dorival en citait volontiers l’article XII : « la garantie des droits de l’Homme et du Citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée. »
Infatigable supporter de la Gauche à Evreux, il fut de toutes de toutes les campagnes. Ardemment. Pleinement. L’élection de François Mitterrand, en 1981, marqua la concrétisation de ses espoirs en une société plus juste, plus laïque, plus fraternelle. De 1983 à 1995, en tant que conseiller municipal à la prévention, il agit, il travailla auprès de Roland Plaisance créant, notamment, le conseil local de la prévention de la délinquance et une importante Maison de la Justice. Tout l’indique. Sa vie, Jacques Dorival avait choisi de la consacrer aux autres.
La Fédération de l’Eure du Parti socialiste perd un militant exemplaire, attaché aux valeurs essentielles qui nous guident et dont il fit -ce qui n’est pas une loi universelle- une règle de conduite permanente dans sa vie professionnelle et personnelle. Nous nous associons avec émotion à la peine de ses enfants, de ses petits-enfants et de la famille et leur adressons nos condoléances solidaires et fraternelles.
Au nom de tous les militants, une gerbe de fleurs rouges a été déposée en un dernier hommage sur le cercueil de Jacques Dorival à la Maison Funéraire d’Evreux.
Marc-Antoine JAMET, Premier secrétaire fédéral