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25 JAN 2013

Levitre : encore un propos fêlé ?

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Ce que dit, depuis hier, à propos de ma très modeste personne, Arnaud Levitre, sur sa page Facebook, est à la fois bête et méchant. Il faut lui pardonner, car ce parti-pris banal ne s’est imposé à lui que par ignorance, étroitesse d’esprit et ostracisme. Autant de maux qu’il a pourtant, à mon grand regret, lui même subis. Il aurait donc pu me les épargner.

En effet, selon lui, je n’aurais pas du être à Alizay mercredi dernier pour y saluer la reprise de l’entreprise M’Real ? La belle affaire !

En clair, comment un social démocrate, un réformiste, qui n’est pas né -je l’ai souvent rappelé- avec une cuiller en or, même de Sibérie, dans la bouche, uniquement passé par les concours de la République pour s’imposer dans l’ascenseur social, aujourd’hui cadre dirigeant d’une entreprise qui exporte, emploie, produit « made in France », peut-il pousser la fidélité à ses convictions jusqu’à se montrer, à ses risques et périls, au moins celui de l’incompréhension conjuguée de son milieu professionnel et de certains élus locaux, aux côtés des travailleurs. Le centralisme démocratique y perd son bas latin. Rétrospectivement, j’en viendrais presque à regretter le temps passé place du Colonel Fabien avec Hue, Gayssot, Lajoinie et consorts à « gratter » des accords byzantins pour préparer ce que serait la Gauche plurielle.

Puis-je, en m’inclinant bien bas devant lui et l’omniscience ontologique de mon contradicteur lui rétorquer quelques arguments qu’il balaiera, fort de ses certitudes solitaires, d’un revers de sa belle main…

1) D’abord qu’il se renseigne un peu mieux, un peu plus, auprès de ceux qu’il est censé connaître. Lorsque le dossier M’Real était en panne, encalminé, immobile, et qu’il fallait le ranimer juste après l’élection du Président de la République, j’ai à leur demande, en juin dernier, monté la première réunion à Bercy avec les collaborateurs du ministre du redressement progressif pour Thierry Philippot et Eric Lardeur. Nul n’était parvenu jusqu’alors à établir ce contact. Cette réunion est restée secrète. Pendant deux heures, nos amis syndicalistes ont plaidé leur cause, raconté leur lutte, dit leurs espoirs. C’est la première fois qu’on a parlé au gouvernement de Double A, de réouverture possible, d’excellence de l’outil de travail. C’est de là qu’est parti la première instruction au Préfet Sorain qui s’est immédiatement montré remarquable. Il n’y avait qu’un seul élu que j’ai emmené avec moi : un certain Gaëtan, père de mon censeur qui, à son retour de Cuba, lui confirmera point par point ce que je dis. Sans doute n’est-ce pas facile de se référer à son géniteur quand on demande à être présenté, non comme son fils, mais comme son collaborateur, ainsi que Monsieur Levitre jr, heureusement hostile à l’hérédité des charges telle que la pratiquait, avant la révolution française, l’ancien régime, me l’a sèchement rappelé, alors que, par amabilité, par simple courtoisie, parce que cela me semblait utile et normal, j’attirais vers lui Montebourg afin qu’il lui serre la main et lui dise trois mots… Les amis de mon parti m’en ont assez voulu, comme de mes trop fréquentes venues dans leur fief, de ce traitement particulier, ce privilège fait à une famille, qui, de tous, n’est pas aimée (c’est le moins que l’on puisse dire), mais contre laquelle je n’ai, par respect du suffrage universel, par convivialité aussi, par étonnement pour ce modèle un peu suranné qui survit sur les bords de la Seine, jamais hurlé avec les loups, même si j’ai soutenu et soutiendrai encore à chaque élection mon camarade Richard Jacquet pour représenter ce canton. Chez Proust, on pourrait se laisser dépérir pour une femme qu’on aura même pas aimé. Au PS, on se fait traiter de compagnon de route pour un Front de Gauche qui ne vous aura même pas aimé.

2) Les hasards de la vie font que je ne connais pas seulement « un peu » le ministre, mais que c’est un ami. Un vrai. Un ancien. Un dur. Un tatoué. N’en déplaise à tous les pisse-froids. Nous avons été étudiants et à gauche au même moment. Idéalistes, imprévisibles et impulsifs. Il nous en est resté quelque chose. A lui plus qu’à moi. J’ai mal tourné. Nous avons habité le même immeuble « populaire ». Ses enfants sont allés à la même école de ZEP que les miens, bigarrée, dure, sous-équipée, auprès de laquelle celle d’Alizay fait figure de petit paradis bourgeois. Leur mère est restée amie avec ma femme et elle n’en a pas demandé la permission au politburo. Certains de ses collaborateurs ont été les miens que je lui ai recommandés et qui sur le dossier M’Real ont bien travaillé. C’est pour cela que nous nous retrouvons, que nous nous sourions et que nous nous parlons régulièrement sans accord de désistement préalable. C’est dur à comprendre pour les descendants de Roland Leroy ! Ce sont donc trente cinq ans de proximité qu’il faudrait stupidement cacher pour éviter une petite querelle médiocre, une accusation dérisoire ? Non. Vous me cassez les pieds. J’ai mis trop d’eau dans mon vin. Il n’y a pas d’autre raison à trouver à notre venue, ensemble, pour cette belle journée de signature dans la même voiture que le fait que nous en avions envie. Et on le refera ! Tranquillement. Circulez, il n’y a strictement rien à revoir. Maintenant, sans doute, ai-je perdu mon temps dans ce trajet où, revoyant ses notes, je lui ai dressé le portrait de deux maires sur lequel il était trop vite passé et sur l’apport desquels je lui ai conseillé d’insister (ce qu’il a fait): le communiste Levitre dont le nom ne lui était vraiment pas familier -c’est un euphémisme- et le socialiste Jacquet dont il voulait savoir le rôle complet dans le dénouement départemental que nous devons à Jean-Louis Destans, Alain Le Vern et Guillaume Bachelay. Je l’ai fait. Mon collègue archepontain ne m’en a pas voulu je l’espère. L’héritier de mon collègue des champs Alizay me fait un procès. Je suis vraiment trop bête de l’avoir si souvent épaulé.

3) C’est Thierry Philippot de la CGT qui m’a poussé, guidé dans l’usine et avec qui c’est vrai j’ai trouvé, je crois, un équilibre d’estime et de compréhension sans passer par la cellule du parti. On va lui dresser un bûcher ?

4) Enfin je sais bien que les élections arrivent et qu’il serait dangereux que, les défaites de Mélenchon se généralisant, elles s’étendent aux derniers bastions eurois du PC, mais là aussi une petite mise-au-point politique. Je suis premier fédéral du PS, première force politique du territoire et je ne vais pas passer sous le tapis. Les socialistes se sont mobilisés pour que, de nouveau, éventuellement avec l’appui du jeune Levitre à qui je demanderais bien ce qu’il a fait de tangible, de concret, en dehors de jouer du mégaphone, pour qu’on produise à nouveau du papier dans l’Eure. J’ai été de toutes les marches, de tous les rassemblements à la préfecture, à Paris, avec Jutel et Jumel que j’apprécie, j’ai représenté jusqu’en 2009 la région aux négociations, affronté sur ce sujet Lemaire quand il était puissant et que d’autres, soi-disant « intransigeants », lui faisaient des courbettes. J’ai joué mon tout petit rôle en invitant François Hollande, alors candidat, à se rendre sur le site le 15 février dernier ce à quoi il répondit favorablement comme sa lettre en retour en témoigne, comme les mots qu’il a eus, montraient qu’il en avait conscience. Son certificat me suffit. Je ne veux, ni ai besoin que d’autres, s’improvisent contrôleurs des conflits finis. La sincérité et la mobilisation sans faille des militants socialistes leur confèrent une légitimité auprès des salariés de M’Real qui ne la leur refusent pas par sectarisme, mais leur accordent par reconnaissance. Quant à la mienne, personnelle, ceux qui habitent dans ma commune (où siègent dans la majorité municipale des communistes, fait qui mériterais que je me formalise davantage, que je me gendarme à l’idée que les socialistes en sont exclus à Alizay…) me font assez confiance pour que je n’en doute pas.

Alors de grâce pas de leçons, ni de procès d’intention de la part d’un jeune homme sympathique, qui d’enfant a été élevé au rang de prétendant, mais à qui on ne connaît pas pour le moment d’autres talents que de bien porter le caban.

 

© 2011 Marc-Antoine Jamet , Tous droits réservés / Wordpress