ACCUEIL | AGENDA | REVUE DE PRESSE | EQUIPE | CONTACT | MIEUX ME CONNAITRE | PHOTOS

8 MAI 2011

Remise de médaille à Mohamed Rebbah – Discours au Monument Mémoire et Paix

Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les autorités civiles et militaires,
Mesdames et Messieurs,

Je ne sais pas qui de sa maman Mme Zede Mahdia, qui de Val-de-Reuil, qui de la République française et de la Nation, est le plus fier de Mohamed Rebbah. Assurément sa maman qui travaille à l’école Jean Moulin où nous lui confions nos enfants, et on le serait à moins… Votre plus grande fierté fut d’avoir, Madame, vu votre fils défiler sur les Champs Elysées. C’était le 14 juillet 2008. Val-de-Reuil n’est pas peu fière également. Mohamed Rebbah en ce jour est son emblème, son visage, sa voix. Enfin, la Nation française, pas seulement fière, lui est aussi reconnaissante.

Né le 30 avril 1987 à Alger, dans une ville où j’ai habité pendant un an à Ain Allah, source de Dieu, permettez-moi M. Rebbah de vous souhaitez avec quelques jours de retard un bel et heureux anniversaire, vous êtes arrivé à Val-de-Reuil en 1990. Vous êtes entré en maternelle et en primaire à l’école du Pivollet puis, suite à un déménagement, à l’école Coluche, avant d’intégrer le collège Michel de Montaigne. Les vacances scolaires, c’est la côte des deux amants et les pique-nique au bord de l’Eure. Malgré le goût de la mécanique, un temps, vous vous essayez à l’apprentissage de la boucherie au CFA de Val-de-Reuil, mais depuis votre plus jeune âge, votre mère vous entend dire et répéter que vous serez soldat, que vous vous engagerez dans l’armée. Comme tout projet sérieux, celui-ci doit être mûri. Après plusieurs mois comme sapeur-pompier volontaire au centre de secours et d’incendie de Val-de-Reuil / Louviers, expérience qui a changé votre vie, qui vous a permis également, après – votre maman tenait à ce qu’on le dise – trois doubles maxi cheeseburgers avec des kilos de frites et des tonnes de mayonnaise et de ketchup, de remporter le championnat de France de semi-marathon des sapeurs-pompiers en 2005 à Saint-Vaast-la-Hougue. Au-delà de cette victoire appréciée, vous l’imaginez, par tous les Rolivalois, férus d’athlétisme s’il en est, cette expérience au sein du corps des sapeurs-pompiers a confirmé votre vocation : celle des métiers de l’ordre, dont vous appréciez le prestige, le sens de la hiérarchie et la noblesse des missions.

2006, Evreux, échanges et tests d’engagement. C’est fait. Votre rêve ou votre vocation se concrétise. Direction Fréjus et son 21ème régiment d’infanterie de marine. Le RIMA, autant que je m’en souvienne, n’est pas une partie de plaisir.

2007 et 2008, deux années charnières, deux années qui font grandir un homme, vieillir un enfant, changer une vie. Opérations extérieures au Tchad, un pays où a éclaté la guerre civile. Il fallait, dans l’urgence, favoriser l’évacuation des ressortissants français bloqués à N’Djamena, la capitale, suite à l’invasion de 2 000 pick-up rebelles. Il fallait faciliter l’évacuation des blessés des combats entre les rebelles et l’armée nationale tchadienne. Il fallait administrer des soins à ces blessés de guerre. Cela vous aura valu, au retour, le témoignage de satisfaction du Ministère de la défense par le Colonel Paul PERIE, commandant des éléments français au Tchad.

De ce voyage, vous seul avez les images en tête. Il n’est jamais facile de les partager. De les exprimer. Et il est impossible de les oublier. Vous dîtes vous-même avoir franchi à cette époque l’étape décisive de la maturité. On le comprend aisément.

Aujourd’hui, fort de cette maturité, c’est dans un nouveau défi que vous vous lancez, toujours au service de vos concitoyens, toujours au service de la France, de la République, de la Nation. Depuis le début de l’année en effet, après une période d’agent de sécurité aéroportuaire, après avoir réussi écrits et oraux, vous avez intégré l’école de police de Roubaix avec un objectif précis en tête : devenir agent de police judiciaire adjoint, pourquoi pas et je vous le souhaite dans la circonscription de Val-de-Reuil.

 

Le tempérament bagarreur de votre jeunesse, que l’on retrouvait notamment sur les terrains de foot du club de Val-de-Reuil, parfois sur les bancs de l’école (mais paraît-il votre Directrice à l’école Coluche vous pardonnait tout et avait un petit faible pour vous…), n’a pas disparu, s’agissant du moins de votre volonté de réussir.

S’y est ajouté depuis, notamment, vous apportant probablement une sérénité précieuse dans votre voie professionnelle, une passion singulière pour la philosophie bouddhiste, taoïste, shintoïste, zen. Vos lectures vous conduisent dans l’univers des Samouraï du XVIIème siècle, en particulier pour Musachi, surnommé le samouraï solitaire, réputé pour sa décision, après avoir dans sa jeunesse tué tous ses adversaires dans des duels au sabre, de mettre son art du combat au service de la protection de son pays pour – non pas tuer – mais repousser tous les assauts des envahisseurs jusqu’à ce qu’ils se lassent et battent en retraite. Peut-être doit-on retrouver dans ces lectures nippones une trace de « l’esprit de défense » qui semble vous animer…

Pour être complet, l’on me dit également que l’ère Edo au Japon, qui débute vers 1600 et se termine en 1868, n’a aucun secret pour vous. Au-delà de la lecture, du fait que vous aimez le rock, le classique et la musique électronique, la pratique des arts martiaux est un de vos principaux centres d’intérêt. Vous y excellez également, dans des disciplines d’ailleurs variées, que vous pratiquez notamment à Incarville, puisque vous êtes Vice-champion 2009 de la Coupe de la Zone Nord
et Centre de France de jiu-jitsu brésilien. Je ne suis pas persuadé que le protocole millimétré de cette cérémonie autorise une démonstration, mais ce n’est – je l’espère bien – que partie remise.

Maturité et sagesse, sérieux et philosophie, passion et courage, ces couples nous permettent de dresser de vous un agréable et heureux portrait.

« Avoir fait de grandes choses ensemble et vouloir encore en faire demain », cette définition de l’appartenance à la nation française correspond précisément à votre état d’esprit vis-à-vis de notre pays, vis-à-vis de votre pays. Doit-on parler d’intégration ? Oui, pour dire que, comme dans 80% des cas, elle est parfaitement réussie. Oui, pour dire que la République fonctionne encore. Oui, pour dire qu’à l’école de police de Roubaix, dorénavant, c’est vous qui apprenez à vos collègues de promotion comment marcher au pas. Oui, une bonne fois pour toutes, pour dire que d’intégration, dans le cas présent, il n’est plus guère besoin d’en parler !

La maman de Mohamed Rebbah nous a dit et je me permets de répéter ses mots : « N’ayons pas peur des mots. Mon fils s’appelle Mohamed et il a défilé sur les Champs-Elysées. Et moi, sa mère, j’ai reçu une invitation officielle pour assister au défilé dans les tribunes. J’ai eu les larmes aux yeux. Vous pouvez pas savoir la fierté que j’ai ressentie ! »

La France, Mohamed Rebbah, vous l’aimez. Et, pardonnez-moi cette provocation, lorsque vous la quittez, jusqu’à présent, c’est pour la servir et pour servir ses ressortissants. Demain, parce que je sais que vous aimeriez, je souhaite que vous puissiez la quitter de nouveau, momentanément, pour emmener en voyage Lucille, « l’amour de votre vie », jeune rolivaloise, étudiante à Lille en agronomie, que vous avez rencontrée le jour de l’anniversaire de votre maman, qui est passionnée de voyages et qui rêve de partir à l’étranger avec vous.

Aujourd’hui Madame, l’avenue des Falaises, la Chaussée de Ritterhude, sont à la disposition de votre fils… Elles sont ses Champs Elysées rolivalois. Les drapeaux tricolores ne sont pas accrochés aux mêmes arbres, aux mêmes mâts, mais le symbole et l’éclat de leurs couleurs, de leur message, demeurent.

Monsieur Mohamed Rebbah, au nom du Ministre de la défense et des anciens combattants, nous vous décorons de la médaille de la reconnaissance de la nation, agrafe « opérations extérieures ».

© 2011 Marc-Antoine Jamet , Tous droits réservés / Wordpress