4
MAI
2012
Shanghai is beauty foule.
Je vais souvent en Chine. Plus d’une trentaine de fois depuis douze ans. Pékin, Canton, HongKong, Shenzhen, Chengdu, à quelques exceptions près, je n’en ai vu, hélas, que les villes. Grande muraille au soleil, cité interdite sous la neige et village lacustre au printemps, à quelques brèves évasions près, je n’ai fait qu’y travailler. En général, 48 heures d’hôtel et une palanquée de rendez-vous avec diverses administrations ont formé mon horizon. Ajoutons y un peu d’ambassades et de dîners obligés, un zeste de marchés de contrefaçons, des embouteillages en pagaille sur des périphériques dupliqués, des taxis sages ou azimutés, une somptueuse exposition universelle, des JO et des musées, un cent mètres dans les grands magasins et un soir ou deux à l’opéra, tout cela laisse guère le loisir d’un jour admirer les pandas et peu d’espoir de se perdre dans les fumeries d’opium. Mais, le plus souvent, j’y suis allé dans une délégation « officielle », pour négocier un marché ou accompagner une personnalité ce qui ouvre des portes aux autres fermées. Pour Laurent Fabius, j’ai passé -seul- les troupes en revue avec Jiang Zemin, le député de Grand Quevillly alors président de l’Assemblée ayant voulu protester contre une série d’exécutions décidées à Pékin. Avec Bernard Arnault, j’ai rencontré plusieurs fois Hu Jin Tao. Je fus le guide de son épouse qui visitait une entreprise du Groupe où je travaille. Avec Jean-Pierre Raffarin, nous sommes restés une heure à écouter Xi JiPing qui, après le prochain congrès du PCC, sera le nouvel empereur d’un milliard et demi d’êtres humains. Vision trop limitée pour devenir sinologue amateur, mais présence suffisamment répétée pour continuer d’être étonné au-delà du premier choc et voir quelques évolutions. Même si les voyageurs d’avant les quatre modernisations de M. Deng ont pu assister à des changements autrement plus radicaux et observer la Chine s’éveiller. J’ai constaté la fin des vélos, la multiplication des autos et la disparition des costumes Mao (sauf celui de Jack Lang !). J’ai mesuré l’ampleur de la pollution, la taille et le nombre des immeubles, l’arrivée de l’argent.
Cette année, un nouvel étonnement m’attendait comme président de la Cosmetic Valley. A Shanghai se tient un grand salon international de la cosmétique : le China Beauty Expo 2012. Il est juste grand comme deux fois la foire de Paris et nous ignorons 99% des marques qui s’y vendent alors qu’elles seront peut-être demain connues de nos enfants. Cette visite se déroulait à des dates un peu particulières, les 3 et 4 mai, à quelques heures du second tour de l’élection présidentielle. L’avion du retour atterrissait à Paris dimanche 6 mai à l’aube, juste à temps pour prendre la route de Val-de-Reuil et du bureau de vote central de la commune. Reste que ces deux jours d’un programme chinois rythmé entre réception d’accueil par les autorités nationales et locales, rencontres avec les professionnels du secteur, interviews pour la télévision, en compagnie de Laetitia Bléger Miss France 2004 qui produisait son effet, tout comme Alain Le Vern et moi avions visité très « entourés » le salon de l’agriculture en compagnie de Malika charmante Miss Normandie devenue Miss France 2010, ont permis à une cinquantaine d’entreprises françaises du pôle de compétitivité que je préside, d’être présentes sur ce salon et de promouvoir l’excellence de la production française dans l’industrie des produits de beauté. Un peu de cocorico pour notre savoir-faire, notre compétitivité, notre commerce extérieur est mérité en ce domaine. Le drapeau tricolore des photos n’est pas celui que nos hôtes avaient installé sur les voitures de notre délégation, mais plus simplement celui du Consul Général qui dans une ville tentaculaire m’avait pris en stop. Enfin, parce qu’un voyage comporte toujours son lot d’anecdotes, j’ai reçu lors de la cérémonie d’ouverture du salon un prix dont je suis très heureux mais qui fera sourire, certes pas pour les mêmes raisons, proches et détracteurs, le prix du « pionnier de la mode 2012 », « international Fashion Forerunner Price » en anglais, cela passe mieux je vous l’accorde. Dans mon discours de remerciements, entre deux starlettes de CCTV et trois chanteuses connues de millions de Shanghaiens, je suis revenu sur la « success story » de la Cosmetic Valley (400 entreprises, 6 universités, 200 laboratoires de recherche, 7 000 chercheurs).
A titre personnel, cet aller-retour m’a permis également de voir mon fils ce qui n’était pas arrivé depuis plusieurs mois et son départ en stage de troisième année d’école d’ingénieurs à Shanghai sur un campus de 15 000 étudiants avec des moyens que l’on ne peut imaginer. J’en ai été très heureux.