19
JAN
2021
La Ville solidaire des salariés du site de SANOFI de Val-de-Reuil
Depuis 5 heures, ce matin, une majorité de salariés de Sanofi/Val-de-Reuil participent, sur le site rolivalois du géant pharmaceutique, au mouvement de grève national visant à refuser les 3000 réductions d’emplois récemment décidés par la direction de l’entreprise et qui ont pour conséquence, en France notamment, de diminuer ses effectifs affectés à la R&D. Aucune des suppressions de poste annoncées ne concernera le site rolivalois tourné vers la production des vaccins.
C’est pourquoi cette journée, sur le site normand, a également pour objectif de dénoncer une politique salariale qui, cette année, ne proposerait aucune augmentation aux salariés de l’entreprise, tout en versant 4,7 milliards de dividendes à ses actionnaires, aucune prime à des femmes et des hommes qui, malgré leurs inquiétudes et deux confinements, n’ont jamais cessé le travail, et qui continue, pour recruter le quart de son personnel, parfois davantage dans certains services et métiers, à privilégier la précarité de l’intérim.
Marc-Antoine Jamet, Maire de Val-de-Reuil, par ailleurs Président de la commission des finances de la Région Normandie, et Jean-Jacques Coquelet, conseiller départemental de l’Eure, ont donc rencontré, en Mairie, pendant plus d’une heure, les représentants de l’intersyndicale de Sanofi.
Ils ont rappelé le lien particulier qui unit à la plus jeune commune de France, l’entreprise implantée en 1973, dès la création de la Ville. Celle-ci, qui ne comptait que 150 « pasteuriens » à l’origine, en emploie plus de 2000 aujourd’hui. Sanofi est devenu, en près de 50 ans, la première entreprise de Val-de-Reuil et la plus grande usine du département de l’Eure, 11èmedépartement industriel de France. Certes, cela tient aux 700 millions d’euros que la société a investi sur le site aux cours des dix dernières années auxquels s’ajouteront 120 millions d’euros en 2021. Mais cet effort financier, qu’il faut saluer, a été rendu possible grâce aux mécanismes du crédit d’impôt recherche proposé par l’État et que supporte les contribuables. Il faut aussi souligner qu’il a servi à renouveler, et pas toujours à accroitre, les capacités de production du site.
Les étapes de ce développement et les perspectives qu’il offre en termes d’emploi, croissance que la municipalité entend accompagner, ne sauraient justifier la réelle détérioration des conditions de travail que subissent actuellement tous les salariés de l’entreprise.Mobilisés depuis le début de la pandémie pour maintenir le niveau de production du site et permettre la vaccination contre la grippe, les salariés ont participé au véritable effort de guerre, parfois la peur au ventre de se contaminer et de contaminer leur famille, qu’impose encore la lutte contre le coronavirus.
Au terme d’échanges denses et constructifs avec la délégation syndicale venue partager avec la municipalité les revendications des salariés, Jean-Jacques Coquelet et Marc-Antoine Jamet ont souhaité, dans l’esprit de dialogue qui a toujours caractérisé l’action de la Ville, pour défendre l’emploi et préserver l’activité industrielle à Val-de-Reuil, réaffirmer la totale solidarité de la municipalité aux 2200 salariés qui travaillent quotidiennement sur le site Rolivalois. La municipalité soutiendra donc officiellement auprès de la direction du groupe.
1) l’ouverture de discussions sur la revalorisation de la politique salariale appliquée aux employés du site et une répartition équitable de ses profits entre actionnaires et salariés ;
2) la résorption de la précaritéet la fin du recours systématique aux contrats d’intérim pour abaisser la proportion de celui-ci de 25% à 8%.
3) le versement d’une prime exceptionnelle aux salariés.
Au cours de l’année passée, 170 personnes, employées du site de Val-de-Reuil, ont bénéficié, à la suite d’un ou plusieurs contrats courts ou en intérim, d’un contrat à durée indéterminée. Ce travail, déjà, engagé doit se poursuivre et s’accélérer pour permettre à chacun une plus grande stabilité et un environnement professionnel apaisé.
La direction du site de Val-de-Reuil a indiqué, dans l’après-midi, au Maire de Val-de-Reuil qu’elle allait faire baisser son taux de précarité à 15% en 2021, qu’elle affirmait avoir versé une prime à 2100 salariés, (de 1500€ pour 1400 d’entre eux) et qu’elle entendait proposer aux salariés des augmentations de salaire sur une base allant au-delà du double de l’inflation.
L’industrie de la Santé est au cœur de la réussite économique de Val-de-Reuil. Avec des salariés, à l’implication valorisée, à l’effort mieux rétribué, bénéficiant de meilleures conditions de travail, elle participera davantage au recul l’épidémie et de la crise qui l’accompagne.
À titre personnel, Marc-Antoine Jamet a déclaré :
« Sur le fond, je suis catastrophé par la ratage industriel que constitue le retard pris dans la mise sur le marché du vaccin anti-covid que devait mettre au point Sanofi. Je ne peux m’empêcher de rapprocher ces délais non prévus, non seulement de la pénurie de doses que connaît notre pays actuellement et de la lenteur inacceptable des campagnes de vaccination, mais aussi de la pression économique et sociale que fait peser l’entreprise sur ses salariés. Sans méconnaître les difficultés en termes de validation réglementaire et de propriété industrielle qu’entraînerait cette coopération inédite, je souhaiterais que les capacités de production, qui seraient inemployées dans l’industrie française de santé, soient utilisées à la fabrication du vaccin Pfizer. Dans la forme, par ailleurs, ceux qui, comme moi, rencontrent les salariés de Sanofi chaque semaine et les défendent depuis des années, s’interrogent sur la présence miraculeuse sur le piquet de grève, durant quelques brèves minutes, à la veille des élections départementales et régionales, d’un soutien de la 25ème heure, entouré de caméras, plus connu pour être « l’idiot utile » de la Macronie qu’un atout dans les luttes sociales ».