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16 NOV 2017

Quand la Chine consommera ! – Comme Président de la Commission-projet Consommation et Communication, je signe ce mois-ci l’éditorial de la lettre du Comité France-Chine

Quand la Chine consommera !

Paré de toutes les vertus, accablé d’opprobres, on ne parle que de lui. Vient-il en masse ? On redoute son invasion. Se fait-il rare ? On regrette sa disparition. Lui, c’est le consommateur chinois. On l’avait croisé déambulant avec la foule de Shanghai sur Nanjing Lu, flânant devant les enseignes du Landmark à Hong-Kong, sillonnant les allées de l‘Oriental Plazza à Pékin. Âme d’une civilisation restée commerçante malgré la révolution culturelle, sa silhouette nous était familière, ses habitudes connues, sa psychologie déchiffrable à travers cet adage impie pour nos oreilles européennes : « Sunday is shopping day ! ». Aujourd’hui qu’on le rencontre Boulevard Haussmann, sur Oxford Street ou Piazza di Spagna, les choses sont différentes. Avec inquiétude, on scrute ses goûts. Pour ne pas devenir dépendant de son pouvoir d’achat, de sa capacité à voyager, des règles que son Gouvernement peut édicter, on s’efforce d’accentuer son attirance pour nos modes, nos marques, nos maisons. Nous lui devons une parfaite sécurité de sa personne et de ses biens, sans quoi notre hospitalité ne serait qu’un leurre. Il est la nouvelle frontière, le nouveau Graal, le nouvel eldorado.

Mais, pour le retenir, pour l’attirer, pour le séduire, il a fallu revoir nos certitudes. On le croyait amateur d’objets à la valeur ambivalente destinés à assoir notoriété et position sociale. Il est devenu expert pointilleux, attentif à la personnalisation, demandeur d’exclusivité, de surprises et d’expériences pour lui-même. On lui donnait la quarantaine bien tassée. Il est le plus souvent un de ces « millenials » à la trentaine conquérante. On imaginait que, femme, il serait plus sensible à l’offre que nous lui faisons. C’est un homme qui, en premier, franchit, concerné, intéressé, la porte de nos magasins. On le croyait grégaire, ne quittant ni son car, ni son groupe, les yeux attachés au fanion de son guide. Il suit les « nouvelles routes du Moi » et c’est en couple ou avec ses proches qu’il découvre Fàguó, la France. On le voyait, naïf, timide, agrippé à son smartphone. Il est expert en « connectivité » ile lorsqu’il s’agit d’utiliser réseaux sociaux, sites de vente, moteurs de recherche pour s’informer, comparer, commenter, acheter en ligne, payer. S’il est fier de sa culture ancestrale, il est de plain-pied dans le temps mondial.

C’est pourquoi il veut désormais connaître et comprendre l’origine des matières employées, les lieux de fabrication de nos produits, leurs inspirations artistiques. Il attend que nous renouvelions la haute tradition de nos manufactures, de nos usines, de nos ateliers, par la force créative de nos talents et une attention à ses aspirations. Il recherche, de manière croissante, la garantie que seront satisfaites ses exigences en matière d’art de vivre et de bien-être.  Nous savons que le Made in France peut lui apporter la sécurité sanitaire, le respect de l’environnement, l’authenticité des matières premières et des process, la performance et l’innovation. Ce sont des défis concrets qu’il faut relever. « Le fondement de la théorie, c’est la pratique ». Ainsi ne parlait-il pas le Président Mao ?

Marc-Antoine JAMET

 

 

 

 

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