22
AVR
2022
Madame, Monsieur, Chers concitoyens,
Je veux avant toute chose vous remercier pour les résultats obtenus à Val-de-Reuil au premier tour de cette élection présidentielle, ce scrutin si important pour notre démocratie, ce vote qui ne revient que tous les cinq ans et qui ne demande pour être exercé que cinq minutes à chaque citoyen.
Vous remercier, mais aussi, si vous le voulez bien, vous sensibiliser à trois des enjeux de ce deuxième tour, aux conséquences qu’ils auront pour notre vie quotidienne, pour l’avenir de nos enfants, pour le développement de notre commune. Vous les connaissez, vous en êtes informés, vous vous déterminerez évidemment seuls, en votre âme et conscience, mais, comme votre Maire, celui à qui vous faites confiance pour gérer et faire progresser Val-de-Reuil, je veux, par ce courrier, ainsi que l’a établi entre nous une tradition désormais ancienne, y insister. Je n’ai qu’un seul but : que nous soyons plus nombreux encore à nous rendre aux urnes, dans un des six bureaux de vote qui, dans les écoles rolivaloises, seront ouverts de 8 heures à 19 heures, dimanche 24 avril.
Vous remercier donc et d’abord de vous être déplacés pour aller voter en masse, en foule, au premier tour de l’élection présidentielle, comme vous l’aviez fait aux dernières municipales et, l’année dernière également, aux départementales, comblant ainsi une partie du déficit de participation, de citoyenneté, que nous subissions par rapport à nos voisins et, plus encore, par comparaison la moyenne nationale. Dans la matinée, c’est tout juste si nous avons pu faire face, par la mobilisation des assesseurs et la compétence des fonctionnaires municipaux à votre enthousiasme. C’est un changement essentiel dans nos habitudes collectives. Restons sur cette belle tendance. Grâce à vous, grâce aux quelques instants que nous avons consacrés dimanche 10 avril à notre devoir électoral, nous avons évité les commentaires désagréables qui faisaient de nous, en Normandie, les mauvais élèves de la classe, des gens indifférents à leur sort, la lanterne rouge de l’abstention. A mon poste, toute la journée, avec mes collègues élus, nous avons vu des familles venir, ensemble, déposer un bulletin dans l’urne, de nombreux « premiers votants », âgés de 18 ans, certains, plus âgés ou découragés, qui ne s’intéressaient plus à la politique, et qui, pourtant, ne pouvaient rester silencieux au moment de décider de qui nous gouvernera jusqu’en 2027. Suivons leur exemple. Déjà, je vous l’assure, les analyses des journaux se sont faites moins cruelles, les observateurs moins condescendants, les critiques à notre encontre moins virulentes. On nous écoute. On nous voit. On nous respecte. C’est une victoire collective. Encore un effort, nous n’avons fait que la moitié du chemin ! Je le répète : voter nous donne une force exceptionnelle pour attirer, négocier, obtenir, des subventions, des emplois, des investissements. De notre conduite individuelle dépend le bien-être commun. Notre sort est entre nos mains. Aidons-nous. Aidez-vous.
Vous remercier aussi d’avoir fait reculer l’extrême-droite par rapport à 2017, de ne pas vous être laissés entraîner par la vague brune qui a déferlé sur l’Eure et qui correspond si peu, non seulement à nos valeurs républicaines, celles qui font la France, mais aussi aux réalités de notre vie quotidienne. Nul ne peut dire que, entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, le programme sera le même, notre pays identique, les choix indifférents. C’est de vous que dépendra notre avenir. Votre décision comptera. Pour les droits et les libertés, celles qui garantissent toutes les opinions, celles qui font de tous les Français des femmes et des hommes libres et égaux quel que soit leur origine, leur sexe, leur religion. Pour notre économie, notre croissance et notre protection sociale que l’endettement, l’isolement européen et l’incompétence des héritiers de Jean-Marie Le Pen viendraient mettre à mal. Pour notre Ville plus particulièrement puisque le programme de la candidate d’extrême droite ne prévoit rien pour le renouvellement urbain, rien pour le pouvoir d’achat des salariés, rien pour le logement des propriétaires ou des locataires.
C’est un exercice de salubrité publique : en Normandie, le Rassemblement National a vu son leader et nombre de ses cadres rejoindre la petite bande ouvertement raciste qui entourait le candidat Éric Zemmour ; dans l’Eure, pas un des représentants de cette formation ne fait, depuis des années, entendre sa voix, ne fait la moindre proposition, en clair ne travaille et ils sont si transparents que nous serions bien en peine de mettre un nom ou un visage sur leurs idées ; dans notre commune, enfin, ce serait conforter de manière absurde l’élu ténébreux, misanthrope et solitaire qui, perdu dans des discours brumeux, les références à Vichy et la nostalgie du « bon vieux temps des colonies », incarne dans l’excès, parfois dans le ridicule, ce courant dépassé à Val-de-Reuil. Au nom de notre « vivre-ensemble », cette expérience utile pour la sécurité et la laïcité qui fait la singularité et l’exemplarité de Val-de-Reuil, cette orientation humaine et bienveillante à laquelle je crois, mais qui reste fragile, nous ne pouvons pas accepter qu’un seul bulletin ne se dirige, à Val-de-Reuil, vers Marine Le Pen. Il y en aura, mais ils seront l’erreur, comme ses joueurs qui marquent contre leur camp et font perdre leur équipe.
Vous remercier enfin d’avoir gardé notre Ville à Gauche, puisqu’il est manifeste que les voix écologistes et socialistes, qui forment une majorité solide dans notre Ville, se sont très largement dirigées vers Jean-Luc Mélenchon. Je suis lucide : il ne s’agissait pas d’un simple témoignage, mais de la volonté de qualifier ce candidat, les espoirs qu’il entraînait, les propositions qu’il faisait, au second tour de l’élection. Je le comprends. Il s’en est fallu de peu que cette stratégie réussisse. Pour autant, faut-il maintenant attendre les législatives, voter blanc ou rester chez soi. Non, car le retrait des électeurs de Gauche signifierait que, en République, tout se vaut, que Marine Le Pen serait en tête à Val-de-Reuil. Voulons-nous vivre dans une Ville que le Rassemblement National aurait gagnée ? Voulons-nous rejoindre Fréjus et Hénin-Beaumont dans l’outrance, la faillite et la honte ? Pensons-nous que la Guerre en Ukraine, à nos portes, est un « détail de l’Histoire » et que Vladimir Poutine est un sympathique dictateur ? Accepterions-nous que la futur présidente, si elle était élue, parade à Paris avec les Premiers Ministres polonais ou hongrois populistes, homophobes, opposés au droit à l’avortement comme à la contraception, qui musèlent les libertés, les oppositions, les libertés dans leur pays.
Pour éviter cela, il n’y a pas cinquante solutions. Dimanche, sans accepter son programme, sans plébisciter sa personne, je voterai Emmanuel Macron pour faire barrage à Marine Le Pen. Je vous incite, de toutes mes forces, à faire de même en vous assurant de mon dévouement sans faille pour notre commune.
Marc-Antoine JAMET.
10
AVR
2022
Communiqué de Marc-Antoine Jamet,
Maire et conseiller départemental de Val-de-Reuil
J’appelle toutes les forces de Gauche et de progrès du département de l’Eure à voter massivement Emmanuel Macron pour battre Marine Le Pen.
Le grand gagnant de l’élection présidentielle à Val-de-Reuil reste l’abstention (38%), mais la Ville, comme lors des récentes consultations locales, confirme le redressement de sa participation relative et décroche moins, par rapport à 2017, que la moyenne nationale ou la moyenne départementale.
Sur près de 8000 inscrits, 4817 se sont déplacés vers les urnes contre 4918 il y a cinq ans. Les deux bureaux de vote (Léon Blum et Coluche) situés dans les quartiers qui abritent la proportion la plus importante de classes moyennes votent plus (70% environ) que les quartiers de centre-ville dont la population connaît une forte précarité, se rapprochant du taux de participation national.
Le scrutin marque le recul dans la commune des grands partis de Gouvernement à droite comme à gauche, prolongement du pari dangereux et à courte vue tenté par En Marche depuis cinq ans. Le score de Valérie Pécresse (1,65% et 78 votants…), très en retrait par rapport à celui de François Fillon (6,5%), vient confirmer, phénomène entamé il y a 20 ans, la quasi-disparition de la droite classique à Val-de-Reuil. Anne Hidalgo ne se classe que 4ème (3,50% et 165 votants), bien qu’elle enregistre dans la commune un score bien supérieur à son niveau national.
Le Président de la République, qui avait rassemblé 18,3% des suffrages en 2017, fait légèrement moins bien (18% et 849 votants), montrant une absence d’enracinement à la fois personnelle et partisane qui peut interroger ceux qui en sont les représentants locaux dans la circonscription comme à l’échelle du département et annonce les 12 et 19 juin des législatives plus incertaines qu’on ne le pensait.
En additionnant les voix qui se sont portées vers Marine Le Pen (24,6% soit 1160 voix), Éric Zemmour, qui, raciste et urbain n’a que peu séduit dans la Ville Nouvelle (3,2%) et Nicolas Dupont-Aignan (1,4%), on constate un très léger recul de l’extrême-droite (29% soit 1375 voix contre 30% soit 1438 électeurs il y a 5 ans), pourtant battue à plat de couture lors des récentes élections municipales où elle avait fait son plus mauvais score depuis 20 ans. L’extrême droite avait capté 30% des voix en 2017. On en peut en tirer un enseignement : plus on se rapproche du terrain où ses porte-paroles allient médiocrité et absentéisme, plus les résultats du Rassemblement National sont faibles ; plus il s’agit de consultations nationales, plus élevés sont ses scores.
La Gauche radicale qui réunit Fabien Roussel, Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou et Nathalie Arthaud représente 43,64% avec 2057 voix contre 34% en 2017. L’essentiel de ce résultat est acquis par le leader de la France Insoumise (40,4%) qui réalise une percée importante reposant sur son équation personnelle et la priorité donnée par les électeurs de Gauche au vote utile plus que par son programme irréalisable et qui n’aurait trouvé aucune majorité.
Le courant écologiste réalise une réelle contre-performance puisque, malgré l’importance des dossiers environnementaux, notamment celui du contournement Est de Rouen, il ne parvient pas à mobiliser plus de 2,33% soit 100 voix.
Néanmoins, le bloc de Gauche, Gauche de Gouvernement et Gauche radicale, à Val-de-Reuil (50%), reste, en partie grâce à l’action de la municipalité, deux fois plus important que le bloc des droites (31%), droite républicaine et extrême droite. Cet équilibre n’est que très peu modifié si on ajoute les voix du Président sortant (18%) à celle de la droite.
Quoi qu’il en soit ces résultats ne peuvent appeler de ma part qu’une consigne de vote forte et claire, sans ambiguïté et sans contrepartie : battre l’extrême droite xénophobe, réactionnaire et incompétente, dont la cheffe de file s’est déclarée l’amie et l’alliée de Vladimir Poutine, en se mobilisant, plus nombreux qu’au premier tour, et en votant, massivement, pour éviter la ruine du pays et sa désagrégation, Emmanuel Macron. Il s’agit moins de sauver la démocratie qui résisterait peut-être à l’élection de Mme Le Pen, mais de préserver les valeurs de la République, liberté, égalité, fraternité, solidarité, laïcité qu’elle mettrait irrémédiablement à mal et la place de la France en Europe et dans le monde que, en ridiculisant notre pays et en l’isolant, elle compromettrait gravement et durablement.
Lucide sur ses qualités humaines et sur ses défauts politiques, je souhaite donc sincèrement la victoire du Président de la République sortant, en espérant qu’il comprendra enfin que c’est avec une autre majorité et une autre politique, plutôt qu’en s’appuyant sur la vieille droite, qu’il parviendra à regagner la confiance du camp du progrès et que ce n’est pas en détruisant, un à un, tous ses repères que la société française s’apaisera.
Le dimanche 24 avril 2022, je voterai pour Emmanuel Macron et j’appelle tous les socialistes du département et, au-delà, toutes les forces de Gauche à faire de même.Ce n’est pas en votant blanc ou en restant chez soi qu’on fait barrage à l’extrême droite. C’est en votant pour le Président de la République, pour le chef de l’État, pour Emmanuel Macron.