19
MAI
2016
LES CASSEURS DE LIBERTÉ
Au cours d’un défilé qui rassemblait quelques centaines de personnes à Evreux dans un calme démontrant la légitimité d’un mouvement et de manifestants qui ont – évidemment – le droit le plus absolu de s’opposer au Gouvernement, même si on aurait souhaité les voir – tous – faire face avec la même énergie à la droite, se battre avec la même détermination pour sauver entreprises et emplois, lutter avec la même résolution contre le Front National, le siège de la Fédération du Parti Socialiste de l’Eure a subi des dégradations.
Est-ce vraiment un objectif légitime de s’attaquer à la représentation d’un parti politique, à un outil de l’action démocratique, à un lieu d’expression, de débat et de dialogue ? On peut en douter. Est-ce digne, honnête et grandiose d’inquiéter, je n’emploierai pas le mot terroriser, des permanents qui, depuis de longues années, ont aidé à faire aboutir les grandes réformes qui ont changé notre société et la vie ? Je ne le crois pas. La vérité est là : pour commettre ces actes, stupidité, provocation, irresponsabilité, amnésie et mauvaise foi s’étaient données la main ce matin là. Je le regrette. Je le condamne.
Quand les idées sont imprécises ou contradictoires, on frappe, on tape, on casse. Lorsque la confrontation des arguments fait peur, on dégrade des locaux, on souille des murs, on abîmé des portes. Les auteurs de ces déprédations n’étaient pas muets et, pourtant, ils ne parlaient qu’avec leurs mains. Nous avons le culte de la raison. Il passe par la discussion et la réflexion. Malheureux, les pauvres en convictions et en propositions, les revenus de tout et les partisans de rien, aucun paradis ne les attend.
Les socialistes, mes camarades, eux, ce sont d’abord des militants, un millier d’hommes et de femmes de conviction, de toute origine sociale, enseignants, ouvriers, médecins, artisans, fonctionnaires, employés, qui se battent depuis toujours pour des valeurs de liberté, de solidarité, d’égalité, de laïcité et de fraternité. Fidèles, sincères, constants, ils, ont été aux côtés des syndicats, des étudiants, des travailleurs, des faibles et des oubliés. Commentant la Loi Travail et son adoption, ils ont pu dire leur incompréhension et, parfois, leur désillusion. Ils ont eu des inquiétudes et en éprouvent encore, mais, jamais, jamais, ils ne cèdent à la violence ou à l’injure.
Rien ne peut justifier ces actes accomplis dans le courage crapoteux de l’anonymat, rien ne peut permettre de tolérer des comportements haineux, rien ne peut autoriser des propos honteux qui associent le parti de Léon Blum, de Victor Basch, de Daniel Mayer et de Jean Zay à la capitulation comme tenta de le faire Pétain à Riom. En tant que Premier secrétaire fédéral, au nom des socialistes de l’Eure, je condamne ces actes de vandalisme parce qu’ils sont lâches, minables et médiocres. Quelle que soit la teneur des revendications, quelle que soit l’expression d’un mécontentement ou d’une opposition dont je défendrai toujours l’expression, à Evreux, au Havre, à Rouen, à Caen, à Paris, comme partout en France, la liberté, celle de manifester ou de protester, celle des droits de l’homme et du citoyen, n’est pas celle de casser, de dégrader ou de vandaliser, car, alors, c’est la République que viennent détruire l’acharnement obscur des encagoulés.
10
MAI
2016
Cher(e)s ami(e)s,
Je suis très heureux de vous voir si nombreux et si fidèles à nos cérémonies patriotiques. Comme nous nous le disions avec Bruno Le Maire que j’ai rencontré, à l’instant et par hasard, habillé comme moi de son costume du dimanche, il n’y a plus ni droite ni gauche quand la République nous appelle. Il ne reste plus que des citoyens tous égaux, des démocrates, des républicains.
Je salue donc nos porte-drapeaux, les autorités civiles et militaires, les corps constitués, mes collègues du Conseil Municipal et, bien sûr, nos deux conseillers départementaux, Janick Léger et Jean-Jacques Coquelet. Mais je ne peux m’empêcher de constater que certains univers, certains cercles ont du mal à nous rejoindre pour fêter la Nation, la patrie, autour de notre drapeau tricolore. Ce sont ceux de la culture, pourtant rassemblés ces quatre derniers jours au théâtre de l’Arsenal autour des Soirées du Caméléon dans la compagnie « vivante » de Joey Starr et Max Romeo, ceux du sport accueillis si souvent dans nos équipements municipaux et dont j’ai félicité voici quelques jours les nouveaux jeunes champions, ceux qui seront les Marie-José Pérec, les Zézé ou les Benhari de demain, ceux de l’entreprise qu’un Forum pour l’Emploi réunira le 10 mai avec plus de 100 sociétés.
Les grandes fêtes nationales ne sont pas que des jours fériés, des journées où on ne travaille pas. Notre monument n’est pas réservé qu’aux élus, aux agents publics, aux anciens, aux enfants et à leurs parents. Victor Hugo disait qu’il fallait allumer les grandes dates comme on allume des flambeaux. Je souhaiterais que lorsque nous ranimerons la flamme de la République au lendemain du feu d’artifice, le 14 juillet prochain, nous soyons beaucoup plus que les deux cents braves que je vois et que chacun de ceux qui sont ici puisse amener un parent, un ami ou un voisin pour que nous formions une foule.
Une cérémonie nationale c’est aussi une rencontre, du lien social, du vivre-ensemble, de l’intégration et de l’identité, bref un de ces repères dont nous avons collectivement et individuellement besoin. Pour reprendre la vieille formule, il ne faut pas uniquement se demander ce que la Ville fait pour nous mais ce que nous faisons pour elle en lui donnant notre temps, notre engagement, notre action. Nous sommes tous concernés, tous mobilisés dans ce lieu qui doit avoir quelque chose d’exceptionnel, de sacré et de vertueux.
Chance, vertu, travail, sans doute est-ce le moment de féliciter les ingénieurs et les personnels civils et militaires du Bassin d’Essai des Carènes de la part qu’ils ont prise dans le contrat de 34 milliards d’euros qu’a permis la vente de sous-marins à l’Australie. Un peu de l’excellence qui leur a permis de remporter la compétition a été produite ici. Ils font briller le nom de Val-de-Reuil !
Mais revenons à la question fondamentale. A quoi servent les commémorations quand on en arrive au centenaire de Verdun, quand ceux qui ont connu Septembre 39, Mai 40, Juin et aout 44, Mai 45 approchent les 90 ans ?
D’abord, en ce 8 mai, à se souvenir de la barbarie des camps, des 60 millions de morts de ce conflit atroce que fut la seconde guerre mondiale. Pour que cela ne se reproduise plus, pour que nous soyons plus vigilants et que nulle part on ne puisse laisser tuer un être humain au nom de sa race, de son sexe, de sa religion, de ses opinions sans provoquer la riposte de l’humanité toute entière au nom de la liberté, de l’égalité et de la laïcité. C’est d’abord au coin de sa rue en construisant un monde plus fraternel et solidaire que l’on fait reculer les racismes, la xénophobie et les intégrismes. Si on veut comprendre le sens politique de l’action municipale, ici à Val-de-Reuil, cette recherche de paix et d’harmonie, cette chasse à la violence, est une des clés. Devoir de mémoire et respect de la démocratie sont liés. C’est par la peur de l’autre et le repli sur soi que les grandes barbaries tranquillement ont débuté.
Notre rassemblement est aussi une vigilance. Attention à ce qui se passe en Hongrie, en Autriche et en Pologne. Attention au succès de Mein Kempf en librairie car tous ses lecteurs ne sont pas des historiens de la Shoah. Attention à ce qui se passera aux grandes élections françaises dans un an si la candidate de la haine arrive au 2ème tour. Comme antidote, comme fortifiant, méditons la leçon des londoniens qui ont élu un maire fils d’un conducteur de bus immigré devenu au fil du temps un anglais 100%. Il ne faut pas qu’un ascenseur social. Il faut aussi un incubateur national. Ce sont des signes que nous tentons de montrer ici quotidiennement et que reflètent les visages que je vois devant moi. Ce sont ceux des 35 rolivalois que j’ai reçu hier en mairie pour les aider et qui étaient nés à Louviers ou Taza, à Elbeuf ou Dakar, ceux des mille spectateurs qui, entre la Maison de la Jeunesse et des Associations et le Théâtre de l’Arsenal, ont choisi le même jour d’applaudir, à 500 mètres de distance, Mohammed El Jem, grand acteur d’une tradition marocaine, et Yael Naim, belle chanteuse israélienne. Quel symbole ! C’est une volonté permanente qui s’exprime au sein d’un Conseil Municipal qui a su construire l’union sur la diversité des origines grâce la cohérence des projets. Notre modeste assemblée locale ne doit qu’à la dissidence et aux ambitions médiocres de connaitre des divisions que retient la presse, mais qui n’ont dans la réalité aucune conséquence. Comment pourrait elle connaître la moindre concrétisation, compte tenu du résultat implacable des élections ? Je souhaiterais à cet égard rappeler une règle ancienne et de bon sens : comme on ne critique pas son pays à l’étranger, on ne médit pas de sa commune à l’agglomération, car on le paye en emplois, en développement et en projets. En outre, qui sème la zizanie récolte le ridicule. A mauvais coucheur salut…
Mais la nécessité de former une communauté n’est pas le fondement premier de notre présence ce dimanche. Il est un principe que nos sociétés modernes oublient. Il faut vivre avec nos morts. Comme dans une famille qui sait ce qu’elle doit à ses ancêtres, à commencer par la naissance, il faut rendre hommage à ceux de Verdun et du 6 juin. Il faut rendre hommage à ceux du Front Populaire et à ceux du Conseil National de la Résistance. A Blum et à De Gaulle. Il faut ici se souvenir de ceux qui ont combattu pour nous comme Antonio Antonioli à qui ses camarades de la légion ont offert un tribut particulier pour l’anniversaire de Camerone voici quelques jours, et de ses jeunes hommes qui auraient pu se marier, avoir des enfants s’amuser et vieillir, mais qui continuent de se battre et de mourir pour nous au Mali, en Lybie secrètement, dans les airs et sur les mers en Irak et en Syrie. Il faut rendre hommage aux victimes du terrorisme à Karachi et à Alep, à Bamako, Ouagadougou et Bamako, à Bruxelles et au Bataclan.
Un mot sur cette dernière tragédie. On entend parfois certains se demander pourquoi le gouvernement a instauré l’Etat d’urgence. Nous, nous le savons. Lors de notre dernier rassemblement, le 11 novembre dernier, il y avait ici, juste là, à cette place que je montre, notre commissaire de police Arnaud Beldon qui n’a pas 40 ans et qui nous prouvait son attachement en nous donnant son talent et son temps. 48 heures après que nous lui ayons serré la main, bu un verre avec lui, il baignait dans son sang à 500 mètres de la Place de la République. Je pense à lui, à sa convalescence, à sa femme et à sa famille, régulièrement. C’est aussi pour cela, parmi d’autres mensonges qui ponctuent des réseaux sociaux parfois abjects, que j’ai du mal à entendre que Nuit Debout fasse défiler des lycéens aux cris de « tout le monde déteste la police ». Moi, je n’ai pas changé en un semestre. Je dis toujours et encore mon admiration aux policiers, aux pompiers, aux militaires et aux personnels de santé.
Mais cette dynamique ne peut se militer à une heure de recueillement. Pour mener à bien cette œuvre de concorde, nous avons d’autres combats à mener contre la misère, pour faire reculer le chômage comme nous continuerons de le faire au Forum de l’Emploi du 10 mai, pour un logement décent, pour une école de qualité, pour un cadre de vie et un environnement préservé en agissant notamment contre l’autoroute. D’autres équilibres sont à trouver. Equilibre face à un Etat ami (et je salue autant notre ancien Préfet René Bidal qui nous a tant aidés que le nouveau Thierry Couderc son successeur que je connais bien) mais qui réduit nos moyens dans des proportions telles que nous ne pouvons plus – je le dis solennellement et sciemment – y faire face. Equilibre devant une Agglomération qui, non sans une certaine injustice territoriale, ressemble de plus en plus, quelques soient son utilité réelle et les qualités de Bernard Leroy, à une machine électorale, qui est de plus en plus lointaine et sans la moindre légitimité politique, de plus en plus puissante et pesante.
J’ai parlé longtemps. Je vois autour de nous les trois beaux arbres que nous avons plantés en l’honneur de nos trois villes jumelées. Workington en Angleterre, Rittherude en Allemagne, Sztum en Pologne. Je les visiterai toutes en votre nom d’ici à la fin de l’année. C’est aussi cela l’avenir et l’espoir, c’est aussi cela construire l’Europe, celle du 9 mai, celle de la Paix et la Fraternité : voir pousser les arbres que l’on a plantés pour les générations qui viennent !
Vive Val-de-Reuil. Vive la République et Vive la France !
Marc-Antoine JAMET
Maire de Val-de-Reuil
Président de la commission des finances de la Région Normandie
8
MAR
2016
Val-de-Reuil, le 8 mars 2016
Chères amies, chers amis,
La journée internationale des droits des femmes est d’abord une journée de revendications économiques, politiques et sociales. Egalité salariale, accessibilité à l’ensemble des formations et filières professionnelles, pénalisation accrue des violences qui leur sont faites, maîtrise de leurs corps, respect dans la vie politique, répression des réseaux de prostitution et de leurs clients, les sujets ne manquent pas où des progrès seraient indispensables en France et en Europe, bien sûr, plus encore en de nombreux endroits du monde où, de la naissance à la mort, le seul fait d’être une femme est synonyme d’exploitation ou d’oppression.
Dans de nombreux secteurs, dans de nombreuses communes, le temps passant, la société dans son état perdurant, cette manifestation annuelle s’est malheureusement affaiblie, affadie ou dénaturée. Elle est devenue ici argument commercial ou, pire, là, victime d’un détournement peu élégant, occasion de reproduire clichés et schémas sexistes. Certaines, certains également, ont dénoncé ces 24 heures « saturnales » offertes à une cause qui exigerait que chacune, chacun s’y consacre 365 jours par an. Il faut l’entendre et le comprendre.
A Val-de-Reuil, avec le Conseil Municipal, nous y avons réfléchi. Il est clair que des mesures concrètes (en confiant, par exemple, aux femmes des responsabilités essentielles à la mairie, qu’il s’agisse des finances, des ressources humaines, de l’état-civil, du sport, de bien d’autres services encore, ou en leur ouvrant des postes qui leur étaient autrefois interdits aux espaces verts, dans la police municipale ou aux « techniques », sans parler de la parité « obligatoire », mais si bénéfique parmi les élus), priment sur les affirmations symboliques.
Mais pour transformer le monde et le faire avancer, il faut aussi des signes. La « Rolivaloise » en est un. Populaire, ouverte à toutes, conviviale, cette course pour l’égalité fait son retour à travers les rues de Val-de-Reuil dimanche 13 mars. Pour marquer sa 10ème édition, elle prendra une nouvelle dimension. Sur des parcours adaptés à chacune, des amateurs aux plus assidues, des joggeuses d’un jour à celles de tous les jours, cette course se déroulera sur 3, 5 ou 10 kilomètres (ravitaillement, eau, kiné, médecins présents naturellement). Réservé aux femmes, son départ sera donné à 10h30 depuis l’Avenue des Falaises, en face de la Mairie.
En marchant ou en courant, à petites ou grandes enjambées, à son rythme, celui de sa vie, celui de sa pratique, celui de ses possibilités, elle offrira, à toutes, la possibilité de se retrouver, de se divertir et de partager ensemble bien au-delà du temps ou de la performance. Le programme en atteste, nous avons souhaité que ce rendez-vous soit encore plus généreux, plus solidaire, plus amical.
Plus généreuse, cette édition anniversaire se déroule sur une semaine complète au cours de laquelle animations, découvertes et initiations, sportives et culturelles, rythmeront la Ville de l’Esplanade de la Mairie, à la Piscine municipale en passant par le Cinéma des Arcades, haut lieu du féminisme rolivalois.
Le samedi, veille du départ, sera également placé sous les auspices du sport. Un rendez-vous d’initiation à la marche nordique sera proposé entre 10 heures et midi sur l’Esplanade de la Mairie, puis, de 14h30 à 16h30, sous la conduite de l’équipe des éducateurs et des maitres-nageurs de la ville, les rolivaloises sont invitées, seules ou en famille, à rejoindre les bassins de la piscine municipale, place aux jeunes, pour plusieurs sessions collectives de remise en forme et de relaxation aquatiques.
Ces animations se poursuivront le dimanche après-midi avec deux projections d’un cinéma engagé pour la Liberté et l’Egalité de toutes les femmes. A 15 heures avec la diffusion du documentaire « No Land’s song » de Sara Najafi, illustrant le combat d’une jeune compositrice d’origine iranienne cherchant à braver la censure pour chanter en public. A 17h30, c’est avec le film « La Ligne Droite » que les spectatrices découvriront la fiction-réalité menant un athlète souffrant de cécité et son accompagnatrice sur le chemin du succès.
Plus solidaire parce que la municipalité a souhaité s’associer, de nouveau, au combat fondamental que mène tout au long de l’année l’association de Dépistage des Cancers dans l’Eure (DECAD’E) pour sensibiliser le public sur l’importance d’accorder plus de moyens et d’attention à la prévention. C’est aujourd’hui, et malgré les progrès de la recherche, le meilleur outil contre cette maladie. Pour chaque participante supplémentaire, un effort financier de la commune plus important relayera au bénéfice de l’association notre mobilisation.
Nous avons également souhaité qu’une autre association soit mise à l’honneur. Il s’agit des « Anges de Sofia », une association qui vient en aide à Sofia, jeune rolivaloise âgée de 3 ans et atteinte de la maladie dégénérative d’Angelman. Ses membres seront présents sur le Village pour recueillir le soutien indispensable à l’achat d’un matériel médical spécialisé et au financement d’un traitement inédit et déjà porteur d’espoir pour améliorer son quotidien. Cette course lui est aussi dédiée.
Plus convivial enfin, car c’est au rythme des fanfares et de leurs percussions que sera lancée une course plus animée et colorée qu’à l’accoutumée, avec de très nombreuses surprises sur son parcours pour qu’il vous délasse, pour qu’il vous amuse, pour qu’il vous plaise. Spectacles et animations hautes en couleurs, je vous l’assure, viendront jalonner l’ensemble du parcours et accompagner les participantes dans leur effort jusqu’à l’arrivée. De 9 heures au départ de la course, un échauffement collectif sera évidemment proposé à toutes les participantes. Il sera assuré par nos partenaires du club de fitness rolivalois de l’Orange Bleue et accompagné en musique par le Duo Soulawesi. Le Village qui comptera une trentaine de stands, dont un de garde d’enfants, sera festif et conservera au chaud tous les messieurs qui ne seraient pas déjà inscrits pour apporter leur bénévolat à l’organisation de la course (mjeannin@valdereuil.fr).
Cette 10ème édition sera celle de tous les records. Pour notre première édition, 200 coureuses, essentiellement de Val-de-Reuil et licenciées de ses clubs, s’étaient alignées au départ. A quelques jours de l’évènement, plus d’un millier de participantes, de tout âge, de toute catégorie sociale, de la ville et de son agglomération, du département et de sa région, sont déjà attendues. Toutes les inscriptions seront naturellement acceptées. Nos limites sont celles que vous nous fixez. Chaque année, les services de la Ville, les associations et ses bénévoles cherchent à se dépasser et se renouveler. Nous aimons cela.
Nous vous attendons donc nombreuses ce dimanche à 10h30 devant l’Esplanade de la Mairie où Marie-Amélie Le Fur, marraine au palmarès sportif et à l’engagement citoyen remarquables, quadruple championne du monde et médaillée d’or olympique à Londres d’athlétisme handisport, donnera le départ de la 10ème édition de La Rolivaloise ! Coureuses, participantes, bénévoles, spectateurs et spectatrices, élues et élus, associatives et associatifs, habitantes et habitants, vous êtes les très bienvenu(e)s.
Jusqu’à dimanche, inscrivez-vous gratuitement (www.larolivaloise.fr /02.32.59.42.12) !
C’est avec plaisir que nous vous accueillerons.
Marc-Antoine Jamet
Maire de Val-de-Reuil

8
MAR
2016
La Communauté d’Agglomération Seine-Eure avait choisi Val-de-Reuil, ce mercredi soir, pour ouvrir la phase de concertation publique sur la modernisation de la ligne de transport en commun à haut niveau de service entre la plus jeune commune de France et la cité drapière en passant par Le Vaudreuil et Incarville. Elle s’étendra dans les prochains jours sur l’ensemble des communes inclues dans le périmètre du futur tracé pour s’achever le 22 mars prochain.
Y ont notamment été présentées les différentes phases d’un projet né sous les présidences successives de Franck Martin et Patrice Yung et repris par Bernard Leroy et ses équipes dans une volonté partagée d’en faire un levier de développement en termes de mobilité, d’accès facilité au transport en commun et d’amélioration du cadre de vie de l’ensemble de ses acteurs, habitants, services publics et entreprises. Cette ligne devrait être opérationnelle à l’horizon 2020.
Au centre d’un parcours reliant sa Gare, tout juste rénovée, à la Place Thorel de Louviers, Val-de-Reuil profitera de ce nouvel aménagement. A l’occasion de cette réunion, j’ai ainsi tenu à rappeler l’importance d’un tel investissement pour l’amélioration de la qualité de vie de ses usagers et insister sur son impact positif pour le développement économique et commercial de la commune. Si la reconnaissance de Val-de-Reuil comme l’une des deux communes-centres de Seine-Eure était bien inscrite dans la communication déployée par l’Agglomération, force est de constater qu’elle ne se traduit pas encore de manière ostensible dans tous les aspects prévisionnels de ce projet. Aussi, plusieurs points ont particulièrement retenu mon attention. Pour l’intérêt de la commune et la qualité du service public rendu à ses habitants, des interrogations et des incertitudes demeurent. Elles ne doivent pas devenir des inquiétudes. Cette phase de concertation, autant souhaitée qu’imposée, doit être en mesure les dissiper. Elles tiennent principalement au choix du parcours, aux aménagements et investissements sur l’ensemble de la ligne, aux matériaux employés pour les réaliser, à la qualité du matériel roulant à acquérir, au nombre et au positionnement des futurs arrêts.
- Le prolongement de la Voie de l’Orée devra nécessairement avoir la même qualité d’aménagement et être antérieur ou simultané aux aménagements prévus sur l’Avenue des Falaises afin qu’il puisse jouer tout son rôle dans le désengorgement de l’axe allant du rond-point du Monument Mémoire et Paix à celui des Fantômes. J’ai ainsi demandé à Bernard Leroy que la vigilance soit accrue dans la réalisation de ces deux projets structurants pour la commune. Ils devront être parfaitement coordonnés pour que ne puissent s’accentuer, sur cet axe, des difficultés de circulation déjà fréquentes, notamment aux heures d’entrée et de sortie des salariés de ses parcs d’activités. C’est un préalable indispensable au début des travaux qui débuteront en 2018.
- Le projet actuellement proposé à la population prévoit un tracé excluant la desserte de la zone d’activités des Clouets. S’en écarter c’est à l’évidence prendre le risque de se priver d’un potentiel économique et commercial majeur pour l’Agglomération et oublier une zone qui regroupe son offre de services, de restauration et d’hôtellerie la plus riche et la plus variée. C’est également ne pas saisir l’opportunité de faire de ce carrefour stratégique un emplacement pour une aire de covoiturage qui apparaitrait, par sa proximité avec l’autoroute A13, comme plus cohérent et pertinent que celui envisagé jusqu’à présent en bordure du Centre d’Incendie et de Secours. C’est enfin continuer à voir des piétons errer sur ce tronçon sans trottoirs.
- Les investissements consentis dans le cadre de ce projet de modernisation devront être équitablement répartis entre les différentes communes traversées. Tant en termes d’infrastructures que d’aménagements routiers. Ainsi, ai-je souhaité rappeler la volonté de la municipalité, partagée par Bernard Leroy en d’autres lieux, en d’autres temps, de faire de la Gare et de son Pôle d’échanges multimodal, financé en partie par la ville, un axe de développement économique pour d’activités tertiaires liées à l’économie numérique et collaborative. C’est un levier décisif pour l’Agglomération et un enjeu économique de premier plan à côté duquel nous ne devons pas passer. Ce serait, au départ de la ligne de bus, le pendant du projet de réaménagement et d’embellissement fort coûteux, précédé de nombreuses expropriations que la CASE prend à sa charge, annoncé, à l’arrivée, sur la Place Thorel à Louviers.
- Le nombre des arrêts et leur emplacement devra être étudié pour que correspondent les dessertes des actuelles zones d’habitation et d’activités avec celles qui, demain, seront amenées à se développer dans le cadre des mutations sociologiques et économiques du territoire. Un équilibre devra enfin être trouvé entre la nécessité de proposer des arrêts accessibles et de proximité et l’impératif de ne pas segmenter le tracé ce qui nuirait à sa fluidité et rendrait plus difficile l’objectif de passage des bus toutes les 10 minutes aux heures de pointes et 20 minutes aux heures les plus creuses. Par ailleurs, le problème de la faiblesse des trajets pendulaires Léry/Val-de-Reuil/Louviers n’est toujours pas réglé.
- Le choix des matériaux utilisés pour la transformation du tracé devra respecter la charte d’aménagement et l’identité urbaine de chacune des communes. L’objectif ne doit pas être d’uniformiser les cadres urbains mais de respecter ce qui fait leur singularité, leur spécificité, leur attrait, leur atout. Que cela soit dans le choix des éclairages publics ou de la chaussée qui en sont des composantes essentielles.
- Ecologique, durable, confortable sont autant de qualités auquel le futur matériel roulant devra répondre. Une étude sur le déploiement d’un matériel électrique, selon un modèle emprunté aux grandes agglomérations européennes, pourrait être envisagée. Il devra s’adapter à l’accueil des cyclistes répondant à l’objectif de raccorder les modes de transport doux (pistes cyclables et voies piétonnes) aux transports en commun. La totalité de l’avenue des Falaises devra être éclairée.
La démarche de concertation débutée hier soir doit permettre d’améliorer le projet, de l’adapter aux demandes exprimées par les élus et les habitants, de l’inscrire durablement dans le temps en tenant compte des futures mutations sociologiques et économiques de son territoire. C’est dans cet état d’esprit que je me suis exprimé hier soir et que je défendrai la mise en œuvre de ces propositions. Elles doivent être écoutées et ainsi venir étoffer un projet qui doit encore davantage satisfaire aux exigences d’intérêt général. Pour un même niveau de performance et de service, chacun, dans chaque Ville, doit être en capacité de faire entendre ses demandes. La concertation doit ainsi demeurer le mode d’action privilégié jusqu’à la mise en fonctionnement effective de cette nouvelle ligne et ne peut pas se limiter à une présentation introductive.
Communiqué de Marc-Antoine JAMET
Maire de Val-de-Reuil, Conseiller régional de Normandie
6
MAR
2016
Entre l’Armée et la Nation, le lien est politiquement indispensable. Pas d’armée républicaine qui ne soit, pour justifier son existence, au service de la Nation. Pas de Nation respectée et puissante qui ne puisse s’appuyer, pour la défendre, sur une armée puissante et respectée. Ce lien autrefois était évident. Génération après génération, les jeunes Français passaient douze mois à servir leur pays dans un cadre militaire. Certains s’y ennuyaient prodigieusement. Préjugés, hostilité, incompatibilité, ils y mettaient parfois du leur. Mais, le plus souvent, ils n’en étaient pas responsables. L’institution avait vieilli. Ses moyens étaient dérisoires et ses objectifs, faute d’un ennemi clairement désigné, effacés. D’autres s’en souviennent comme d’une période d’apprentissage et d’accomplissement. Ce fût mon cas.
Nous étions en 1983. Major de ma promotion d’EOR, je fus nommé à la tête d’un Groupement d’Instruction, à Satory, dans un régiment de la 2eme DB qui souffrait d’une pénurie d’officiers. On ne se contentait pas d’y marcher en ordre et en cadence. J’y ai découvert et partagé, avec les 500 jeunes appelés qui m’ont été confiés au fil des mois, les techniques du tir et du combat, la conduite des semi-remorques, des bus et des motos, les méthodes d’enseignement de la lecture et de la natation, beaucoup d’autres choses encore. J’y ai trouvé une véritable fraternité autour des valeurs qu’exigent l’honneur et la Patrie. J’ai appris à commander des hommes, à leur communiquer des ordres et à veiller sur eux. Beaucoup ont fait preuve à mon égard d’amitié. J’en suis fier. On sait que le Président de la République Jacques Chirac a mis fin à ce système et que, depuis, il n’a pas été remplacé. Pour que de nouveau, les Français de toute origine, race, situation, religion, opinion, classe sociale, se connaissent, se rencontrent, se fondent dans un creuset, le service national, devenu civique et solidaire, devrait être généralisé. Malheureusment, ce n’est pas le cas.
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, la nécessité d’une force armée pour protéger notre pays est de nouveau évidente. L’évolution du monde nous l’a rappelé. Dans l’Eure, à Evreux et Val-de-Reuil, nous mesurons l’importance de la base aérienne 105 et du bassin des carènes. En France, des soldats en armes patrouillent dans nos villes. Tout autour du monde, les unités de l’armée française se battent au Mali et dans la bande sahélienne, pourchassent les mercenaires, les escrocs et les nervis du soi disant Etat islamique en Syrie, en Irak et, peut-être, en Libye, assurent aux émirats arabes unis et sur une large partie du continent africain les missions que prévoient nos accords de défense, répondent aux mandats de l’Organisation des Nations Unies justifiant notre siège permanent au Conseil de Sécurité, matérialisent sur les mers, dans les airs, comme sur terre, la présence de la République Française, de ses idées et de ses principes, jusqu’à nos frontières les plus lointaines. A 20 ans, nombre de ces engagés mènent, pour nous, une guerre cruelle et dangereuse. Ils comptent des morts et des blessés. Ils combattent en notre nom.
Officiers, sous-officiers et militaires du rang, ces femmes et ces hommes qui risquent leur vie, donnent leur énergie, offrent leurs compétence et leur jeunesse, ne méritent pas seulement notre reconnaissance et notre admiration. Nous leur devons un soutien sans faille et une vraie proximité. Nous nous devons d’être à leurs côtés dans la sympathie et la compréhension. C’est en cela que le lien Armée/Nation a changé. Imposé, immanent, irréfragable, naguère, il se doit d’être aujourd’hui spontané, expliqué, accepté. Comme Maire de la plus jeune commune de France, Ville faite de diversités et de particularités, je participe à la construction et à la consolidation de notre identité profondément française, à chaque manifestation patriotique, à chaque événement national, en invitant chacune, en invitant chacun à célébrer la communion entre Armée et Nation. C’est un des piliers de notre démocratie. Il doit être solide. Il doit être vivant.
Marc-Antoine JAMET, Maire de Val-de-Reuil, Conseiller régional de Normandie, Premier Secrétaire de la Fédération du Parti Socialiste de l’Eure (Commandant de réserve)
19
FEV
2016
Remise des insignes d’officier de la Légion d’Honneur
par M. Bernard CAZENEUVE, Ministre de l’Intérieur
Hôtel de Beauvau – Mercredi 10 février 2016 – 19 heures
Monsieur le Ministre,
Madame et Messieurs les Ministres, chère Ségolène, cher Harlem, cher Alain,
Monsieur l’Ambassadeur Suzuki, représentant en France du Japon que nous aimons,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires et les élus,
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Cher Bernard Cazeneuve, les mots que vous avez prononcés m’ont fait évidemment plaisir. Il eut été cependant plus prudent de les accompagner de l’avertissement qui, d’ordinaire, précède les films dont les producteurs craignent les procès : « Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite ».
Une seconde précaution eût été non moins nécessaire. Modeste élu local, il m’est impossible d’aligner deux phrases à un micro entre Gisors, Alençon, Deauville et Saint-Clair-sur-Epte sans que celui qui me succède prévienne l’auditoire qu’il est « bien difficile de prendre la parole après le Maire de Val-de-Reuil ». A la longue, cette sentence prononcée avec des sincérités, des utilités et des spontanéités variables, m’est devenue insupportable. C’est pourtant la seule qui me vient à l’esprit à cet instant précis. Quand il s’est exprimé, sans davantage de notes que de caillou dans la bouche, il est « bien difficile de prendre la parole après Bernard Cazeneuve ». Il y a du Clémenceau, du Jaurès et du Gambetta dans ce ministre-là ! Même privé de sa robe, on sent encore en lui l’avocat. Un ténor de barreau, un taureau du Palais, Gilles August ne me contredira pas.
Les conséquences de son éloquence sont dévastatrices. J’avais fignolé un discours. Il va paraître fade à côté de ses envolées. Au mardi-gras que nous fêtions joyeusement hier va succéder à la tribune le mercredi des cendres qui nous fait méditer tristement sur la vie. Même tarif, même liturgie, apprêtez-vous à vous ennuyer ferme après avoir tant ri. Je le sens bien Monsieur le Ministre : cet abondant public n’est venu que pour vous !
Je ne vous en remercie que davantage de nous consacrer un temps aussi considérable à la veille d’une opération de déchéance gouvernementale qui va créer quelques apatrides ministériels. Il est vrai qu’il est peu probable que le successeur de Gaston Defferre, de Paul Quilès, Pierre Joxe et Daniel Vaillant, (je passerai sous silence -ainsi que vous m’y avez fermement invité- le précédent Jules Moch), soit concerné. Bien qu’il vous soit arrivé, par le passé, de changer de portefeuille comme de chemise puisque, en trois ans vous aurez été européen, budgétaire et policier, fonctions essentielles à l’Etat, qualificatifs pas obligatoirement sympathiques pour l’opinion, il serait étrange que notre pays se prive d’un ministre dont le calme, la détermination et la compétence sont le premier rempart de notre sécurité.
Il n’empêche, cher Bernard, que ce portrait d’un homme paré de toutes les qualités (ou presque) brossé devant une assemblée subjuguée par ton éloquence anglo-normande, ton humour british, ton charme slave, ne cherchait pas la vérité. Voudrait-on une seule preuve de ce grossier travestissement ? Tu as noté avec ce que tu pensais être de la perspicacité que j’étais né à Saint-Mandé. En fait, mon berceau n’y est pas resté deux nuits avant de rejoindre Paris ! On voit, dès le début de ton propos, à quelles odieuses manipulations tu t’es livré sur ma personne alors qu’elle était à l’état vulnérable de nourrisson…
Tu revendiques des circonstances atténuantes. D’après ce que tu aurais déclaré lors de ta garde à vue, tu aurais puisé ton inspiration à deux sources également nobles, mais moins universelles : d’abord ta bienveillance et elle est grande à mon égard, ensuite le penchant quasi-professionnel que doit avoir le Ministre des Cultes pour la pratique de l’ésotérisme et la lecture des romans de science-fiction. Je ne suis, hélas, ni super, ni héros.
La République, tout en étant bonne fille, ne s’y est pas trompée. Si elle m’a attribué un peu d’honneur, sa Légion étant née un 19 mai comme moi, elle ne m’a jamais reconnu le moindre mérite à l’exception notable en raison de mes origines paysannes bien connues de celui, agricole, que valide le « poireau ». Ruban rouge oui, ruban bleu non. J’ai eu l’eau chaude. Pas l’eau froide. Mon revers est à moitié orphelin. Cette asymétrie aurait pu inquiéter ton cabinet. Mes fréquentations auraient dû être passées au peigne fin. Il n’en a rien été. Aucune assignation à résidence, ni bracelet électronique. Cette salle hétéroclite et coupable, forcément coupable, en témoigne. Seule Corinne Luquens, devant le Conseil Constitutionnel auquel elle vient d’être nommée, pourrait se porter garante de notre collectivité. Cela renforcerait encore la portée de sa présence parmi nous au premier soir de son mandat, mais ce geste altruiste en assombrirait irrémédiablement la suite. Qu’elle s’en exonère ! Je continue donc de tenir à ta disposition le nom des collaborateurs à l’origine de cette faille du renseignement intérieur dont tu pourrais utilement te séparer à l’exception de Gabriel Kunde, ton chef de cabinet, pour lequel je professe la plus grande amitié.
J’ajoute, plus sérieusement, que j’ai longtemps considéré que, seuls, pouvaient prétendre à cette distinction ceux qui, comme Hubert Ivanoff, que je salue, général de Légion Etrangère parfaitement recommandable puisque ne manifestant pas à Calais, ont pris la palmeraie de Faya-Largeau avec dix jeeps éreintées et emmené le 1er régiment étranger de cavalerie tremper, après Alexandre le Grand, ses étendards dans l‘Euphrate. Je n’ai commandé qu’un Groupement d’Instruction à Satory. Le front était assez loin.
Depuis un an, cette conviction n’a fait que se renforcer. L’hôtel de Beauvau y invite. Il y a à 10 mètres d’ici une petite pièce, un ancien fumoir. Il a été transformé depuis que notre Patrie est, de nouveau, frappé par des attentats en salle de crise. Là, on a pu entendre des noms dont bravoure et gloire sont l’écho. Le policier qui, le premier, se glisse sous le rideau de fer de l’hyper casher pour abattre Coulibaly ; le gendarme en patrouille qui blesse à la gorge un frère Kouachi ; le commissaire qui, seul avec son équipier de la BAC, neutralise un terroriste du Bataclan ; le fonctionnaire qui, une heure après, derrière un bouclier Ramsès, prendra la tête de la colonne d’assaut ou ceux qui mèneront le siège de Saint-Denis. Comme tous ceux qui travaillent sous ton commandement déterminé pour assurer notre sécurité, ce sont eux d’abord, ce sont eux surtout vers qui doit se diriger notre admiration.
Il est un nom que je veux ici particulièrement citer. Je m’en suis fait la promesse. C’est celui du commissaire de police de Val-de-Reuil : Arnaud Beldon. Visitant la commune de Normandie dont je suis le Maire, vous l’avez installé, Monsieur le Ministre, dans ses responsabilités. Le 13 novembre dernier, allant à un concert à Paris avec son amie, la commissaire de Deauville, une balle de Kalachnikov est venue briser son corps. Il n’a pas 40 ans. Il est à l’hôpital Percy. Pour lui, la convalescence sera longue et la vie difficile. Gravement blessé, il a pourtant donné l’ordre à ceux qui l’entouraient de fuir et de le laisser. Qui peut se persuader qu’il aurait eu dans de pareilles circonstances une telle force d’âme ?
Je n’arrive pas à la cheville de ces hommes exceptionnels. Pourtant j’ai accepté cette distinction. Tout simplement parce qu’elle me remplissait de fierté et de joie et parce que, à ces émotions, se sont agrégés l’amitié, le souvenir, le respect.
D’abord l’amitié. Certains souhaiteraient-ils sont de moins en moins nombreux – que des ministres deviennent leurs amis. Il se trouve que plusieurs de mes amis – ils sont de plus en plus nombreux – sont devenus ministres. Jean-Vincent Placé est avec nous ce soir. Qui sait où il sera demain ?
J’ai vu ainsi Bernard Cazeneuve vivre la transfiguration gouvernementale, évangéliser le Parlement, gravir le chemin de croix des crises, monter au Golgotha des médias, sans cesser d’espérer la résurrection électorale, mais il l’a fait dans la foi à lui-même, à ses convictions, à sa personnalité.
Nous nous connaissons depuis 25 ans. Il est encore parmi nous alors que c’est en ce moment précis l’anniversaire de son fils. Ce n’est pas le moindre des sacrifices auxquels cette cérémonie le contraint. Nous aurions pu, dès l’origine, sur des choses essentielles, nous fâcher. Nous l’avons évité. Parce que c’était lui, parce que c’était moi. Il peut nous arriver d’être véhéments. Toujours sur des sujets importants ! Encore récemment, le Préfet de l’Eure, qui ignorait le fond de notre discussion, mais s’effrayait du tour et du ton qu’elle prenait, aurait pu y laisser casquette et épaulettes en nous voyant gesticuler et vitupérer dans son département. C’eut été injuste. René Bidal est humainement et professionnellement remarquable. Nous l’avons rassuré. Nous ne sommes jamais violents. Cela d’autant plus que la taille des gardes du corps qui entourent Bernard Cazeneuve ne peut qu’entraîner une adhésion spontanée à ses paroles et à ses actes. Monsieur le Ministre, vous serez toujours, sans préciser si j’y applique césure à l’hémistiche et orthographe reformée, mon Cherbourgeois préféré.
On sait que la reconnaissance est une maladie du chien non transmissible à l’homme. Faisons une exception. De cette médaille, autant si ce n’est plus que moi, vous êtes responsable et je suis votre éternel obligé. En trois mois, vous en avez fait instruire le dossier et, 40 jours après, vous me la remettez. Le lieu, la date, l’heure et l’organisation de cette cérémonie, en « premier flic de France », rien ne vous a échappé. J’espère qu’il n’y a pas là une raison cachée au maintien de l’Etat d’urgence dont Cécile Dufflot ne se serait pas encore emparée. Il est vrai que je vous avais alarmé en vous confiant qu’il m’a fallu dix-sept mois d’hésitations avant d’accepter d’être chevalier, quand le ministre de l’économie qui me le suggérait était grande, blonde et UMP ce qui, pardonnez-moi de vous le faire remarquer en public, n’est pas vraiment votre genre de beauté. Ce soir, je ne peux oublier Christine Lagarde dans mes remerciements.
Je n’irai pas plus loin de crainte de tomber dans le piège qui consiste pour le récipiendaire d’une décoration à refaire son propre éloge, puis à se lancer, de manière inopportune et désordonnée, dans celui de l’autorité qui la lui remet. L’Allemagne que vous avez toujours vénérée, j’en témoigne très personnellement, vous a rendu voici quinze jours un éloge complet et mérité. On s’y reportera sur les bons sites et dans la presse. Tout juste me contenterai-je, pour tempérer cet hommage à bon droit appuyé, de révéler que vous avez souffert dans votre prime et folle jeunesse de deux graves maladies psychiatriques puisque vous avez successivement été radical de Gauche et fabiusien. Je ne dirai rien de votre hollandisme aggravé…
J’ai parlé de souvenir. Trois personnes, pour elles, pour vous, pour moi, auraient été heureuses d’assister à cette réunion. Accordez-moi le privilège de les faire revivre un instant.
D’abord, ma grand-mère Elisabeth née en 1900. Pour nos promenades, elle avait inventé une géographie de Paris d’où ne surgissaient que des pâtisseries, des salons de thé, des marchands de bonbons. Le Louvre s’effaçait devant le Luxembourg. Le Génie de la Bastille disparaissait derrière les Buttes-Chaumont. Notre Hôtel de Ville, notre Arc-de-Triomphe, notre Tour Eiffel s’appelaient, déjà, Jardin d’Acclimatation. Je ne peux lui adresser qu’un reproche. Elle m’avait inscrit dans une école religieuse qui comptait 3 garçons pour 200 filles encadrés par une escadrille de bonnes soeurs. Le planning familial était défaillant au Cours Notre-Dame de France. Najat Valaud-Belkacem n’avait éclairé aucune de mes camarades sur la théorie du genre. J’ai donc subi très jeune le traumatisme d’être père de plusieurs dizaines de poupons en celluloïd. Mon goûter partait en pensions alimentaires à chaque récréation. Aujourd’hui cette vieille dame aurait mis un chapeau, poudré son visage et glissé, pour sécher ses larmes, un mouchoir dans son sac-à-main qui avait, c’était prémonitoire, la taille d’une malle Vuitton.
Ensuite, mon grand-père Claude né en 1910. Il avait trois passions, Homère qu’il traduisait chaque matin, les femmes qu’il fréquentait chaque après-midi, le socialisme auquel il consacrait le peu de temps que l’Iliade et le beau sexe lui laissaient. Ce n’est pas insulter sa mémoire d’athlète helléniste que de dire que ces deux premières préoccupations l’une intellectuelle, l’autre physique, le fatiguaient quelque peu. Dans notre khâgne familiale, outre la dévotion à Saint Blum et Saint Jaurès, il m’a appris que le futile peut être utile, que le grec ancien préfère les luminosités aux couleurs, qu’il faut éviter d’écrire que les cheveux d’Achille sont blonds, mais, le sel et le soleil les ayant blanchis, affirmer qu’ils sont presque bleus comme ceux de Poséidon. Aujourd’hui, il aurait modifié sans regret la première déclinaison et, au grand dam de Felix Gaffiot, avec une certaine logique politique, osé enchaîner rosa, rosa, rosam, rosette.
Ma mère Françoise, enfin, née en 1936. Comédienne à la ville comme à la scène, elle vénérait dans un panthéon fatigant pour ses proches Dany Cohn-Bendit, Jack Lang, Bernard Tapie et Arlette Laguiller. Plus la côte du Président aurait été basse et plus elle l’aurait aimé. C’est dire qu’elle aurait été servie. Aujourd’hui, Monsieur le Ministre, malgré vos fonctions de temps à autres répressives, elle vous aurait pris en affection tentant de vous convaincre d’ériger votre administration, comme « son » Théâtre du Soleil, en coopérative ouvrière de production ou d’installer aux Tuileries une jungle de migrants. Je pense à elle chaque jour. Elle aurait l’âge d’être avec nous.
Le dernier sentiment est le respect. Je le dois à ceux pour qui j’ai travaillé et qui m’ont donné quelques-uns des outils qui pourraient expliquer cette dignité d’un soir. Le Préfet Aurousseau, qui avait été chef de cabinet de Michel Debré, selon les recettes duquel j’ai organisé des milliers de réunions, de cortèges, de plans de table et autres dispositifs de sécurité. Avec lui j’ai appris l’Etat. Je partage cet héritage avec mon vieil ami Philippe Klayman qui, ayant toujours la vocation préfectorale, garde le froc de directeur central des CRS. André Chandernagor qui me racontait comment il entrait dans les compétences du Ministre de la France d’Outre-Mer de veiller au bon état de la libido de Félix Houphouët-Boigny et de son épouse Suzanne ou pourquoi, si on voulait être réélu président du Conseil Général de la Creuse, il ne fallait pas refaire, heureux temps où l’abondance régnait, toutes les routes au même moment. Avec lui j’ai appris les collectivités locales. David Azema, que les conseillers-maître à cataracte prenaient, sans se préoccuper de nos état-civils, pour mon jumeau, s’en souvient certainement. Pierre Arpaillange dont on brocardait la faiblesse comme Garde des sceaux et qui taisait qu’il avait été résistant à 16 ans, engagé dans les forces françaises libres à 17. Avec lui j’ai appris la justice lorsque Nicolas Baverez et Denis Olivennes ne m’obligeaient pas à emprunter avec eux des chemins plus drôles et moins éclairés que ceux qui mènent vers la rue Cambon. Henri Emmanuelli qui me fit appliquer un plan social au PS, inventer quelques jongleries pour en sauver la trésorerie, mettre en place les premières primaires de la Gauche que je suis parvenu à lui faire perdre alors que je les organisais. Il m’apprit la politique. Je continue de beaucoup aimer cet homme généreux et m’inquiète pour sa santé. Laurent Fabius dont j’ai été, sans remise de peine, ni grâce présidentielle, pendant six ans le directeur de cabinet, poste sacrificiel puisque, pourvu d’une robuste constitution, l’ex actuel Ministre des Affaires Etrangères peut tout faire plus vite et mieux que les meilleures de ses recrues y compris modifier la température du globe en faisant, comme Joshué, reculer le soleil. Il m’a appris, sans que j’ai compris s’il s’agit d’une qualité ou d’un défaut, à l’imiter en bien des circonstances et m’a discrètement transmis un peu de ce qu’il avait lui-même retenu à l’école du chat de Château-Chinon. Je mesure le prix de sa confiance et la chance que j’ai eue de parfois, sans doute trop rarement, la mériter.
Au risque d’en étonner quelques-uns, je rajouterai bien à cette liste un nom de plus : celui de Nicolas Bazire qui m’a proposé de le rejoindre en mars 2001 là où il prospérait et se retrouve de ce fait obligé à intervalles réguliers de m’aider à y demeurer. Il est dommage que le mot gentillesse soit galvaudé. Il s’applique à lui. J’utiliserai à son endroit un autre mot oublié. J’ai pour lui de la gratitude.
J’ai évoqué quelques pygmalions. Il y a des amis, ceux de toujours et c’est Franck Bondoux, Cyril Buffet ou Laurent Chalumeau, ceux que j’ai rencontré, comme le docteur Boissin, le défenseur Maisonneuve, le professeur Bergamelli, le bâtisseur Journo. J’aurais pu parler de ceux, collaborateurs, étudiants, candidats sur lesquels j’ai exercé tutelle, ascendant, ou hiérarchie, pour ne pas dire autorité. Ils s’en sont brillamment affranchis comme Guillaume Bachelay, sans doute le premier d’entre eux et, désormais, du PS le numéro deux, Stéphane Israël qui eût la tête dans les étoiles et qui veille sur les fusées Ariane, Julie Burguburu, au cabinet du Président de l’assemblée naguère et aujourd’hui, Edouard Philippe, Maire du Havre que je soumis à la question et dont la venue ce soir traduit le pardon, Timour Veyri et Jean-Baptiste Verrier, d’autres qui sont ici ce soir parmi des centaines d’autres. Il est aussi des femmes et hommes de confiance sans lesquels je n’aurai pu avancer Florence Ribard à Lassay, Fabrice Barbe indispensable dans l’Eure avec Thomas Toutain, Malika et Babeth, Béatrice qui travaille avec moi depuis 15 ans Avenue Montaigne, Christian et Alain avec qui j’ai fait sans jamais quitter l’A13 plusieurs fois le tour de la planète jusqu’à la sortie 19.
L’équité m’amène à y ajouter père et patron. De Bernard Arnault, que dire qui ne soit déjà dans toutes les gazettes si ce n’est justement qu’il est parfaitement différent de ce qui y est écrit. Le Président de LVMH décide, arbitre, inquiète et comment pourrait-il en être autrement, mais il sourit, comprend, partage, tolère, accepte, plaisante et cet entrepreneur remercie ce qui est assez rare pour être répété. En vous priant d’accepter ses excuses Monsieur le Ministre, il nous a préféré ce soir Maurizio Pollini. Je lui indiquerai demain que, par dépit et par vengeance, vous avez décidé la fermeture administrative de tous les Vuitton et l’inscription de Shalimar au tableau des drogues dures. On ne l’y reprendra pas. Puisqu’il est absent, je dirai toutefois qu’il est exceptionnel…
De mon père, mes sœurs, Laurence et Constance qui sont taquines, me poussaient à dire que je gagnais des élections presque aussi souvent qu’il en perdait. Nous nous sommes filialement ravisés. Notre père a un enthousiasme, une culture, une volonté, une curiosité, une jeunesse, une intelligence avec lesquels nous ne parviendrons jamais à rivaliser. Il les a mis au service d’idées souvent neuves, parfois réactionnaires bien que moins extrêmes que celles de son frère, mon oncle Alain, fondateur du Front National. Il les a diffusées d’une écriture abondante, virtuose et unique. S’il nous a fait génétiquement partager l’exaspération qu’il suscite en tout lieu et a manifestement négligé les cours d’économie et de psychologie familiales, il est un modèle et un exemple dont je m’émerveille qu’il séduise encore avec mes enfants une nouvelle génération. C’est un lourd et un merveilleux cadeau que de l’avoir à la tête de notre famille.
Je m’aperçois que je ne vous ai pas dit ce à quoi je crois, ni expliqué la schizophrénie qui me fait passer de Karl Marx à Christian Dior, d’un conseil national à un défilé de mode, de l’essor du capitalisme, qui est mon emploi, à l’extinction du paupérisme, qui est mon dessein. Le moment est bien choisi puisque j’ai accumulé au 1er janvier dernier 16 ans de fonction publique et 16 ans d’activités privées. C’est le partage des eaux. D’un côté concession de service public, pôle de compétitivité, CNED, mairie et région. De l’autre rouge à lèvres, champagne et sacs à main.
Tout cela n’est pas compliqué. Je m’explique. Il me semble que chacun d’entre nous, s’il a eu la chance ou l’énergie de se qualifier, de se diplômer, devrait va vie durant former et éduquer les autres. C’est la raison pour laquelle j’ai toujours enseigné. Je crois également que toute personne qui réussit dans l’entreprise, devrait s’investir dans la vie publique et donner bénévolement à la collectivité un dixième, un quart ou un tiers de son temps, de sa force, de son imagination et c’est pour cela que je suis élu. Je suis persuadé, enfin, que travailler dans une société qui a su parvenir à générer 35 milliards de chiffre d’affaires, n’est pas simplement compatible, mais complémentaire de la défense d’une ville qui a besoin de 35 millions pour survivre.
J’ai fait des affaires et j’ai fait des lois. Officier de police judicaire, j’ai forcé des portes derrière lesquelles pourrissaient des cadavres et, secrétaire général du leader du luxe, installé des vitrines derrière lesquelles étincelaient des mannequins. Je fais du funambulisme entre travail et capital, marché et Etat, solidarité et entreprise. C’est mon équilibre. Il faut recevoir et restituer. J’ai essayé de prendre le meilleur des deux ce qui peut, socialement et politiquement, me rapprocher de l’hermaphrodite.
A ne pas choisir, on en paye parfois les pots cassés. J’ai rassemblé ce soir mes amis du conseil municipal que j’aime de tout mon cœur et avec lesquels nous communions dans l’amour de Val-de-Reuil, des collègues avec qui je partage la passion et la création qui fondent l’aventure LVMH, ses dizaines de milliers d’emploi créés, l’excédent commercial que cette entreprise produit, la croissance qu’elle génère et la notoriété qu’elle apporte à la France dans le monde, un démiurge comme Jean-Luc Ansel qui anime avec un immense succès le pôle de compétitivité Cosmetic Valley, et, plus important que tout, ma famille, pour qui j’ai de l’admiration, Laetitia-Marie, Toussaint, Annonciade, Piétra, quatre enfants que j’ai tenu dans mes bras et qui sont devenus lycéenne, étudiante, ingénieur, avocat, sans oublier plusieurs pièces plus récentes et rapportées qui, régulièrement convoquées au déjeuner dominical obligatoire, se reconnaitront dans le rôle ingrat du gendre.
Ce sont des univers inconciliables et quand bien même passerai-je une dizaine de vies à ses côtés, je n’arriverais jamais à persuader Catherine, ma femme, que la cohabitation avec 120.000 salariés et 15.000 administrés est la géométrie optimale d’un foyer. Je la remercie d’avoir encore l’envie de me ramener les pieds sur terre par une impatience qui est le contraire de l’indifférence, une incompréhension qui est l’inverse de la résignation. Elle n’aime pas que je le dise, encore moins publiquement, même à ceux de notre clan, mais, quarante ans, après je saurai aller les yeux fermés là où je l’ai rencontrée.
Un tout dernier mot que je n’avais pas prévu d’ajouter. Il y a 24 heures nous avons dit adieu à mon cousin Eric Kristy. Dans les archives des RG, on doit probablement trouver sa fiche sous la catégorie gauchiste. Mais aux génériques des télévisions, il était le père d’une « femme d’honneur », du « proc » et de « Franck Keller ». Il avait également donné vie à Julie Lescaut, à Imogène, à Chien et Chat, aux Enquêtes d’Éloïse Rome, aux Bœuf-carottes, à Alice Nevers, au juge est une femme. Autant dire qu’à lui seul, il a déjà résolu les problèmes d’effectifs de votre Ministère. Cela méritait que ma conclusion devienne son éloge. Pensez un peu à lui.
J’ai été trop long. Je vous remercie, je vous embrasse et je vous salue.
17
FEV
2016
Françoise Miquel s’en est allée voici une semaine. Elle avait 62 ans. Son nom dans notre département n’a pas été beaucoup prononcé. Estime et considération de ses pairs, de ceux dont elle partageait les combats et les opinions, ne lui ont pas été vraiment données.
Je l’avais croisée une première fois, à Bercy, en 2000 alors que, sous la direction de Laurent Fabius, nous mettions la dernière main à l’introduction de l’Euro. A la direction de la communication du Ministère de l’économie et des finances, en dépit d’un Ministre impliqué et engagé, d’un cabinet aux aguets veillant sur tout et vérifiant tout, cette ancienne de la promotion Voltaire de l’ENA avait rempli plus que son rôle.
Je l’avais de nouveau croisée sur la route de Louviers. Après le règne municipal compliqué d’Odile Proust, elle s’y était présentée avec courage contre François Loncle tentant de lui ravir son siège de député. Nous étions, en 2007, dans la foulée de l’élection de Nicolas Sarkozy. Cela avait peut-être un sens. La politique est cependant souvent faite de logique. Rassemblant son camp et n’ayant pas démérité, le député sortant l’emporta. Elle subit alors le sort des vaincus. Elle n’avait pas été assez ceci. Elle était trop cela : parisienne, décalée, femme, née à Tunis. On lui trouva, notamment dans son camp, des défauts qu’elle n’avait pas. Elle reprit alors une carrière brillante et bien remplie de fonctionnaires acceptant de diriger la mission « médias-culture » du Contrôle Général des Finances et de veiller sur la trésorerie du Centre national du Cinéma. Elle était de droite. Par conviction. Par construction. Nous lui avons mené la vie dure. Peut-être trop. Elle n’était cependant pas construite pour l’affrontement politique. Elle y mettait trop d’elle même et ne détestait pas ses adversaires. Elle avait écrit sur cela un livre vrai. Nous avions eu des conversations agréables sur des sujets à mille lieux des votes et des scrutins. Il aurait fallu davantage lui parler. Je veux aujourd’hui la saluer. Parce qu’elle s’était engagée dans la vie publique, dans la vie citoyenne avec sincérité, un hommage devait lui être apporté. Une femme est passée…
Communiqué de Marc-Antoine JAMET
Maire de Val-de-Reuil, Conseiller régional de Normandie
29
JAN
2016
Monsieur le Président, chers collègues,
Cette disposition touche aux principes mêmes de l’exercice de notre mandat. Elle mérite qu’on s’y attarde autrement que par des calculs d’Apothicaire. Sa justification remonte aux origines de la vie politique née avec la démocratie à Athènes, elle est ressuscitée dans la constituante.
On peut donc imaginer que ce qui convenait à Robespierre et Périclès pourrait nous aller. Comme ils ne siègent pas dans cet hémicycle, nous allons éviter leur prosopopée et sans suspens ne pas nous opposer à votre proposition.
Au nom de mon groupe à qui vous souhaitez confier la présidence de la commission des finances et sans l’idée de faire de cette première séance pour la remplir un réquisitoire, je voudrais cependant signaler les cinq dangers que contient cette délibération que je joins à d’autres. Je vous en impute moins la responsabilité qu’à l’air du temps mais comme vous avez commencé ce matin par les 4 vérités de France 2, je continue.
Le premier, c’est celui de la démagogie parce qu’elle est infondée historiquement. Le second, c’est celui de l’insuffisance, parce qu’elle est peu lisible politiquement. Le troisième, c’est celui de la non-insignifiance parce qu’elle est invisible budgétairement. Le quatrième, c’est celui de la faible efficacité parce qu’elle est insensible économiquement. Le dernier et le plus grave, c’est celui de l’inexactitude parce qu’elle est fausse arithmétiquement.
Cette délibération court le risque d’être considérée comme populiste parce qu’il est de bon ton aujourd’hui de crier « haro sur le baudet » lorsque l’on parle des élus. Quand j’avais la chance de connaître des étudiants aussi brillants que Nicolas Rouly et Edouard Philippe, je tentais d’enseigner à Sciences Po que l’indépendance des élus en France n’avait pas d’existence constitutionnelle, mais qu’elle reposait sur un statut coutumier en forme de triptyque : immunité, incompatibilité, indemnité.
Immunité, parce que dans une campagne ou devant une assemblée, on peut, selon nos traditions, malmener son adversaire avec une certaine vigueur surtout s’il est majoritaire. Ce n’est pas très agréable, mais, en contrepartie, nous avons la certitude que le pouvoir, tout pouvoir national ou local, n’essayera pas de museler son opposition. Vous l’avez accepté, à une ou deux phrases un peu liberticides près de ce règlement.
Incompatibilité, parce que en régime de séparation verticale des pouvoirs, on ne peut être à la fois ministre et député, juge et sénateur, et qu’en régime de décentralisation ou de séparation horizontale, on ne peut être à la fois parlementaire et président de région, comme l’ont indiqué les nouveaux présidents d’Ile-de-France et du Nord-Pas-de-Calais, mais il semble qu’il y ait en la matière – au moins jusqu’en 2017 – une exception régalienne pour les anciens et les actuels ministres de la défense.
J’en viens au pilier essentiel. Indemnités pour éviter une république censitaire où seuls les plus riches pourraient se présenter, une république parcellaire où ne seraient élus que les retraités et les rentiers, une république inégalitaire où les représentants des électeurs verraient leur sort privilégié s’ils sont éleveurs de chevaux ou, y compris dans des entreprise de luxe, cadres dirigeants, le niveau de l’indemnité permet, financièrement, de recréer de l’équité et, sociologiquement, d’intégrer dans la vie politique davantage de jeunes, de femmes, d’ouvriers, d’employés, de Français issus de l’immigration. La décision que nous prenons nous engage, mais elle engagera également, pardon d’évoquer cette horrible perspective, nos successeurs, citoyens qu’il ne faudrait pas dissuader, dans le futur, d’être candidats à raison de la barrière de l’argent. J’ajoute, mais cela concerne l’extrême sud de la Loire, que les indemnités ont été aussi créées pour donner à la République des élus honnêtes, éloignés des tentations et insensibles aux pressions ce que résumait d’un aphorisme ce député de la IIIème République qui rappelait qu’un mandat « gratuit ce serait trop cher ».
Le danger de l’illisibilité, c’est que cette course à l’échalote, cette course à la baisse est une course sans fin. Ne nous trompons pas de combat. Nos priorités financières, c’est augmenter les moyens de la formation, des transports, de la culture. En revanche, la bonne indemnité, ce serait l’indemnité zéro. Quelle hypocrisie ! Dans le Vaucluse, savez-vous il y a une commune tenue par un parti qui ne cesse de vilipender le système et l’establishment, – il s’agit du Pontet – qui a la dimension de la mienne, la sociologie de la mienne, une prison de la même taille que la mienne, mais pas la couleur de la mienne. Le conseil municipal y a accordé au maire une indemnité de 3500 euros, quatre fois celle que je reçois, une carte bancaire, des frais et une superbe voiture de fonction. Qui a protesté contre cette décision qui ne permet guère d’avoir la tête haute et les mains propres ? Personne, parce que cette discussion est inaudible. Il faut donc l’organiser avec clarté et c’est ce matin votre responsabilité. M. Bay, je ne vous confierai pas mon portefeuille 30 secondes, alors la commission des finances…
Le troisième danger, c’est celui de l’insignifiance. Les budgets que nous voterons approcheront les 2 milliards d’euros. A qui feront nous sérieusement croire que nous apporterons le début d’une solution aux problèmes graves auxquels nous devons faire face en déplaçant moins d’un millième de nos ressources, un quart de lycée, quelques hectomètres de voie ferrée. Je sais bien qu’en supprimant le magazine de la région, nous économiserions 12 millions d’euros en six ans et, selon un mécanisme qui échappe aux quatre opérations mathématiques élémentaires, que cela susciterait 250 millions d’euros d’investissements, ce que je traduis, mais je n’ai pas d’information sur ce tour de magie, que nous pourrions emprunter une telle somme, puisque la situation financière dont vous héritez est exceptionnellement bonne et je m’en félicite, en en payant les intérêts sur cette diminution de l’information de nos concitoyens, mais en alourdissant notre dette du capital emprunté ce qui fait un peu cavalier, si ce n’est cavalerie.
Le quatrième danger, c’est celui de l’inefficacité économique. On nous dit que nous allons épargner de l’argent, mais chaque dépense doit être mise face à toutes les autres. En installant la région à Caen, ce que je ne veux pas contester aujourd’hui, le barycentre des indemnités kilométriques des élus va progresser puisque le plus grand nombre est originaire de Seine-Maritime et que, comme ceux de l’Eure, ils vont se déplacer plus souvent et plus loin, tandis que cela ne diminuera pas d’un centime les remboursements faits à ceux qui viennent du Calvados, de la Manche et de l’Orne. Vous-même, Monsieur le Président, au lieu de prendre modestement le Theor ou le métrobus pour aller à la préfecture distante d’un kilomètre pour un euro soixante ou d’y aller à pied ce qui est bon pour la santé, vous mobiliserez chauffeur, voiture, sandwich, carburant ce qui, sans parler des conséquences en termes d’émission des gaz à effets de serre, même pour faire un pied de nez à Laurent Fabius, aura un coût pour la collectivité.
Mais je conclue par l’essentiel. Vous aviez indiqué à plusieurs reprises et encore lors de notre séance inaugurale que vous alliez baisser les indemnités de vos collègues de 40% ce qui recueille une certaine popularité dans l’opinion normande. Le problème est que c’est faux. Vous confondez une non-dépense et une augmentation de recettes. Ces crédits n’existaient pas. Vous ne les créez pas. Je ne vois pas comptablement – c’est mon métier d’origine – où se trouve le début du commencement d’une économie.
On répliquera qu’il y a 15 vice-présidents contre 25 naguère pour les deux régions. Certes, mais leur traitement est largement compensé par un le recrutement d’un contractuel à la tête de la région entouré de sept DGA, contre deux autrefois, toute personne dont je respecte les compétences et n’ignore pas le sens du service public, mais que vous comptez d’après les éléments que vous avez fournis rémunérer, loger, défrayer et véhiculer. On trouvera bien quelques compensations à présenter, je n’en doute pas, mais c’est, dès le premier mois de vos fonctions, en termes de charge de fonctionnement et de structures, une véritable explosion.
Il reste une seule rémunération que je n’ai pas évoquée. Me pardonnerez-vous de le faire ? Je vous connais depuis longtemps. Au nom de la transparence, valeur que nous partageons tous ici, je l’espère. Il s’agit de la vôtre. Elle était réglementairement, dit-on, insusceptible d’augmentation et sa seule variation, pour concourir à ce plan d’économies un peu artificiel, un peu factice, était de la faire baisser. Vous y avez renoncé. Je ne veux certainement pas vous le reprocher, car vous êtes par le suffrage universel le Président de la Normandie que nous avons réunifiée et, comme beaucoup de ceux qui servent la Nation, vous auriez pu prétendre dans d’autres carrières à d’autres destins. Vous l’avez, à l’intérieur des frontières de la Grande Région, emporté dans l’Eure et je veux vous en féliciter. Votre légitimité est entière et votre tâche est immense. Il est juste que vous soyez pour cela attributaire d’une indemnité et même qu’elle échappe à la modulation pour absence. Je note simplement que ce n’est pas celle sur laquelle vous avez le plus insisté. Elle n’a pas baissé de 40 %. C’est humain. Néanmoins, un politicien touchant ses émoluments au début du siècle précédent avait déclaré que « son indignation n’avait d’égale que sa satisfaction ». Je ne voudrais pas que ce soit votre état d’esprit.
13
JAN
2016
Sans que cela soit très grave, je découvre aujourd’hui dans la Dépêche du 7 janvier, sous le titre « Il faut rendre à César ce qui apartient à César » un petit papier truffé d’erreurs. Elles auraient pu -on doit l’espérer- être évitées si jamais on avait vérifié deux ou trois informations. Il ressort de cet article -je résume- que j’ai fait venir de mon propre chef la semaine dernière à Val-de-Reuil Mme El Khomri, notre Ministre du Travail et de l’Emploi, pour en tirer un profit personnel ou au bénéfice de ma commune, cela sans en prévenir, je cite notre hebdomadaire préféré, « les petits maires » de la CASE et singulièrement mon ami Richard Jacquet.
1) Même si j’en aurais été très heureux car c’est une femme politique remarquable et sympathique, je n’ai absolument pas invité Mme El Khomri. Elle m’a simplement fait savoir par son chef de cabinet qu’elle avait l’intention, très républicaine à ses yeux et pour qui veut bien comprendre le symbole, de refaire le 7 janvier 2016 ce qu’elle avait fait le 7 janvier 2015. Elle était à Val-de-Reuil le jour de l’attentat contre Charlie Hebdo. Elle y revenait. La France était plus grande que les barbares, un point c’est tout. J’ai donc eu connaissance de ses intentions le samedi 2 ou le dimanche 3 janvier alors que je soufflais (un peu) en famille. Monsieur le Préfet de l’Eure me les a confirmées par lettre lundi 4 janvier, jour où j’étais retenu par la première séance plénière du conseil régional de Normandie. Je crois en avoir averti mes collègues dès le lendemain par mail et le Préfet a fait de même par courrier. Ainsi les députés Jean-Louis Destans et François Loncle, le Président de la communauté d’agglomération Bernard Leroy, le maire de Poses Didier Piednoël et David Marguerite le nouveau vice président à la formation de la région, parmi d’autres, étaient-ils là. En revanche, c’est pour la petite équipe que nous formons qu’il a fallu battre le rappel, se mobiliser, pavoiser, organiser à une période, celle du début de l’année, où les demandes sont nombreuses et les moyens limités. Nous en avons été fiers et heureux -que Myriam El Khomri se sente chez elle lorsqu’elle est chez nous et qu’elle revienne quand elle veut-, mais nous n’étions vraiment pas demandeurs.
2) Le profit que j’en ai tiré, mis à part le plaisir de discuter avec une personne impliquée dans la conduite des affaires du pays, par définition plus au fait d’un certain nombre d’informations que je ne le suis, a été assez faible. D’abord, je ne sais vraiment, au vu des résultats, si c’est sur le chapitre de la lutte contre le chômage qu’un élu a intérêt, singulièrement en ce moment, à s’afficher avec le membre du Gouvernement dont c’est la mission. D’autre part la visite s’est déroulée non pas dans un cadre municipal, mais très largement dans celui d’un établissement public à caractère national qui n’a pas toujours eu bonne presse, l’Epide, sur les parcs d’activités et non en Ville. Cette séquence a été pilotée de main de maître, mais quasiment à huis-clos, par la directrice générale de l’administration concernée et le patron local de l’établissement sans qu’ils aient le moins du monde besoin de mon aide. La seconde partie, plus réduite en temps, s’est en effet passée à l’Hôtel d’entreprise des Quatre Soleils autour d’une initiative associative. Les protagonistes, plus que la municipalité, en ont été Pôle emploi, les entreprises qui acceptent de parrainer des personnes en recherche d’emploi et ces dernières. Au final, pas une annonce, pas une subvention, pas une mesure. Voilà le bilan pour ma commune. Rien que de plus normal car ce n’était une fois encore pas l’objet de la visite.
3) Venons-en à Richard Jacquet, bien sûr invité (évidemment dans les mêmes délais resserrés que nous tous…) qui me dit ne pas se reconnaître dans les lignes qui lui sont consacrées. Je lui ai demandé, preuve ô combien éclatante de notre « éloignement », de constituer avec Timour Veyri le secrétariat fédéral du Parti Socialiste dans l’Eure moins de 48 heures après cet épisode. De manière plus générale, je lui prédis un bel avenir sur notre territoire. Mais revenons à nos moutons. En premier lieu, si Richard, en gérant Pont de l’Arche est un petit maire, alors nous sommes tous des lilliputiens compte tenu de l’histoire, de la notoriété et de la taille de sa commune. Deuxièmement, s’il peut y avoir des petites communes et encore seulement par la démographie, il n’y a pas de petits maires. Troisièmement, Richard était avec nous tout au long de cette visite et chacun lui a rendu l’hommage qu’il méritait pour avoir, sur un dispositif dont je me demande s’il ne nous avait pas été présenté au même moment, su saisir sa chance plus rapidement que son voisin rolivalois. On appréciera le compliment. Mais Richard Jacquet n’a pas besoin de discours pour que chacun reconnaisse ses qualités.
7
JAN
2016
Il y a vingt ans et un jour, le 8 janvier 1996, François Mitterrand nous quittait. Le chat de Château-Chinon, artisan et maître de son destin, avait, d’une certaine façon, choisi de mettre fin à son agonie. Loin du Mont Beuvray où il avait rêvé construire son tombeau, l’éternité qu’il attendait, enfin, s’ouvrait à lui. Au petit matin, Pierre Joxe, pour qui il ne pouvait y avoir de secret, en l’annonçant à Laurent Fabius, me l’apprit aussi. Jarnac, Chardonne, l’entre-deux-guerres, la Charente, celui qui reposait dans la chambre sans apprêt de l’avenue Frédéric Le Play n’était en rien mon père. Comme des millions de Français, j’ai pleuré sa disparition, orphelin d’un symbole, orphelin d’un espoir. Il faut aujourd’hui rendre hommage à cet homme exceptionnel, l’hommage de la mémoire, de la reconnaissance et de la fidélité. Mais pas seulement… Par-delà le temps passé, au-dessus des clivages, celui qui fut, à partir du Congrès d’Epinay, pendant neuf ans le premier secrétaire du Parti Socialiste avant d’être pour deux mandats de sept ans le président de la République, le président de tous les Français, le chef de l’Etat, nous laisse un exemple, une leçon et un message.
L’exemple, c’est celui de la dignité. François Mitterrand ne s’en est pas départi un instant quatorze ans durant. Dignité, majesté diront ses critiques et ils ne manquaient pas, face aux obligations de sa charge et aux épreuves du pouvoir. Faut-il le regretter ? Certainement pas et pour une simple raison. On pouvait bien l’attaquer. On en avait rarement honte. En tenant son rang, dans le monde et à l’Elysée, il tenait le nôtre. Pour avoir une certaine idée de la France, il avait choisi d’avoir une certaine idée de lui-même. Ce n’était pas sans grandeur, ni sans vérité. Dignité, courage pensait ses amis et ils restent nombreux, tout au long du « combat honorable » qu’il a mené contre la maladie en osant, lui qui aimait tant la vie, regarder la mort en face. Qui peut, avant l’heure, revendiquer d’avoir ce cran ? Trois fois, à l’Elysée, à Liévin, à Solferino, avec d’autres, je l’ai vu tomber, s’effondrer, inerte, livide, cadavérique et, trois fois, je l’ai vu, de mes yeux vu, se relever comme ressuscité par un miracle qui n’était pas « uniquement » celui de la médecine. Son souffle, son instinct, sa survie, tout chez lui était politique. Une tribune, un micro, un discours et Lazare revenait parmi nous. Le verbe le refaisait chair.
La leçon, c’est celle de la ténacité. Combien de fois, au cours d’un long parcours politique, François Mitterrand, brocardé, raillé, vilipendé, calomnié, n’a-t-il pas été donné pour coulé, pour perdu, pour fini sans jamais cesser d’être égal à lui-même dans l’épreuve et le succès, dans la victoire et dans la défaite ? Il fut bassement insulté, injurié, humilié. Pour autant, les reproches qui lui étaient adressés n’étaient pas tous infondés. L’abeille n’avait pas toujours été architecte. Dans sa jeunesse française, sous l’occupation allemande et, encore, par des amitiés inconsidérées, il commit probablement de terribles fautes. Certaines, hors de leur époque, ne sont pas explicables. C’est dire qu’elles pouvaient l’être sur le moment. Quelques unes, demain comme hier, sont inacceptables. Elles resteront condamnables. Il était complexe. Ce n’est pas une excuse. Il était ambigu. Ce n’est pas une qualité. Il revendiquait ce clair-obscur. Etait-ce un art ? Etait-ce un jeu ? Il poussait, devant lui, comme chacun d’entre nous, mais à son échelle, évidemment plus grande, plus massive, un « misérable petit tas de secrets ». Il s’en défendait. Mais il le savait. Il avait des faiblesses. Mais il avait du génie. Il tenait dans sa main ce qu’il appelait « le talisman de la chance ». Il sût faire face à tous ses adversaires, surmonter tous les obstacles, remporter tous les défis. La France Unie ! Après deux tentatives vaines, en étant élu le 10 mai 1981, il a vaincu le sortilège, brisé l’implacable fatalité qui depuis un quart de siècle fermait à la gauche les portes du pouvoir. Là encore, il commit des erreurs. La tâche était rude. Les temps étaient durs. Une élection ne rend pas infaillible. Faisons la part de la paille et du grain. Devant l’Histoire, décentralisation, abolition de la peine de mort, libération des ondes, démocratie dans l’entreprise, construction européenne, son œuvre demeurera.
Le message, c’est celui de l’espérance. D’où il est, où qu’il soit, François Mitterrand nous rappelle, après l’avoir démontré, qu’il ne faut jamais désespérer. Je continue de croire en les forces de son esprit. Il suscitait l’aigreur, la jalousie, l’envie. Trop intelligent. Trop cultivé. Trop subtil. Ses ennemis disaient « florentin ». Depuis longtemps il avait transformé le sarcasme en compliment. Refusant de voir la haine que lui portaient ceux qui, dans un raccourci méprisant, l’appelaient Mitt-rand, il s’aveuglait, il se rassurait. Il avait une nature qui n’était pas aisé à saisir et à apprécier. Voilà tout. « Après avoir été le plus impopulaire des Français, disait-il, pourquoi n’en serais-je pas le mieux aimé ? ». Les années écoulées vont lui rendre justice. Aujourd’hui, avec le temps qui passe, cent ans après sa naissance, au-delà des tempêtes, du tumulte, des passions, un sondage nous apprend que deux tiers de nos compatriotes gardent un bon souvenir des années Mitterrand. Quel homme politique, quel homme d’Etat, quel homme tout court ne se satisferait d’un tel résultat ? Le modeste hommage que nous lui devons entre en résonance avec ce tribut posthume que rend le peuple français à un homme qui aura finalement incarné dans la légende des siècles, après quelques autres et pendant un long moment de notre histoire, la France, cette Nation qu’un des prédécesseurs de François Mitterrand, sans doute le plus illustre, appelait « son cher et vieux pays ».