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9 MAI 2019

Actualités

HOMMAGE ET RESPECT – Retrouvez le discours que j’ai prononcé ce mercredi 8 mai 2019, au Monument Mémoire et Paix de Val-de-Reuil, lors de la cérémonie du 74ème anniversaire de la victoire des alliés sur le régime nazi

 

Discours de Marc-Antoine Jamet, Maire de Val-de-Reuil

Cérémonie du 8 mai 1945

Monument Mémoire et Paix

Chers amis, chers concitoyens,

Je veux vous remercier d’être venus aussi nombreux, aux côtés des autorités civiles et militaires que je salue, afin de transformer, si la pluie nous en laisse le temps, cette Fête de la Victoire en une cérémonie d’hommage et de respect.

Hommage et respect d’abord à la République elle-même, à sa bannière, notre drapeau bleu-blanc-rouge, à la Marseillaise, notre hymne national, à ce qui fait la France, notre patrie et notre Nation, à ce qui nous rassemble et que nous devons préserver.

Hommage et respect pour ces millions de femmes et d’hommes qui sont morts pour que nous vivions en liberté et en démocratie, pour ces soldats venus d’Amérique et de Russie, de la résistance et des colonies, qui ont débarqué en Normandie il y a 75 ans et ont laissé leur vie sur nos plages, sur nos routes, sur nos places, donné leur jeunesse et leur courage pour que la France relève après avoir subi le joug de la barbarie nazie.

Rendre hommage, témoigner du respect, c’est aussi avoir le sens de l’honneur et de la dignité. Il ne semble pas dans l’Eure également réparti. Comme d’autres élus de notre département, je me suis étonné, en effet, que la municipalité du Neubourg désigne, voici 10 jours, le 29 avril précisément, un admirateur du Maréchal Pétain, M. Philippe Marche, pour présider, non pas la cérémonie commémorant l’armistice du 11 novembre ce qui aurait été historiquement explicable, à défaut d’être politiquement compréhensible, mais celle en mémoire des déportés. Il n’est pas dans mes habitudes de commenter la façon dont mes collègues conduisent les affaires de leur commune, mais j’ai été stupéfait du silence qui, après que ce nostalgique de Vichy se soit vu confier cette responsabilité qu’il était le dernier à pouvoir accepter, a accompagné ses justifications. Il ne voyait pas le « problème ». Il ne comprenait pas les « reproches » qui lui étaient faits. Ils sont pourtant assez simples à saisir. En 1940, comme dans toute situation critique, il ne fallait pas se tromper. Les Français se sont partagés entre collaborateurs, résistants, à l’origine peu nombreux, et l’immense majorité des attentistes ou des indifférents assommés, comme la IIIème République, par « l’étrange défaite ». Les familles également se sont divisés. J’en sais quelque chose. D’engagements différents, qu’ils soient le fruit de convictions ou du hasard, sont nées des attitudes différentes. Certains ont serré la main de Hitler et d’autres ont continué le combat depuis Londres. Aux uns la honte, aux autres la gloire. Pétain, en signant les lois d’octobre 1940, a permis la déportation de 80 000 juifs dont 25 000 de nos compatriotes et 2 000 enfants de moins de 6 ans, morts la plupart d’entre eux dans les chambres à gaz d’Auschwitz ou sous les coups de leurs bourreaux SS. Voilà pourquoi lui pardonner est impossible. Voilà pourquoi M. Marche n’était pas à sa place. Voilà pourquoi j’ai souhaité que nous entrions dans ce monument, que nous nous débutions cette cérémonie, en écoutant le chant des marais, le chant des déportés, celui qui accompagna Simone et Antoine Veil au Panthéon, leur demeure de mémoire et d’honneur, le 1erjuillet dernier.

Hommage et respect bien évidemment à l’armée française qui combat au Mali pour que recule la menace terroriste dans nos villes. Notre minute de silence sera dédiée à la mémoire du dernier soldat tombé au bord du fleuve Niger, du 24èmemilitaire français mort dans un pays qu’il venait à peine de rejoindre pour le défendre, à Marc Laycuras, décédé le 3 avril dernier en opération. Fils du sous-Préfet de Bernay, il était né le 12 janvier 1989 à Cholet. C’est dire qu’il avait tout juste 30 ans, l’âge des projets et des commencements. Le capitaine Marc Laycuras n’était médecin que depuis 2 ans, mais il ne soignait pas, fidèle au serment d’Hippocrate, que lesmarsouins du 2èmeRima. Il protégeait et assistait tous ceux qui se présentaient à lui. Arrivé le 12 février 2019 en Afrique, il en soignait les populations amies ou ennemies, musulmanes ou chrétiennes, femmes, enfants, vieillards. Nous pensons à lui, à ses camarades, à sa famille. A leur chagrin. A leur douleur.

Hommage et respect, c’est ne pas oublier nos héros du quotidien et je voudrais dire ma reconnaissance aux pompiers de notre Ville. Voici dix jours, ils ont évité que Biotropica, en proie aux flammes, se transforme en un petit Notre-Dame de Val-de-Reuil et que le Data Center de EDF subisse les dommages irréversibles d’un début d’incendie alors que, à une centaine de mètres, nous allons poser la 1èrepierre du second Data Center d’Orange dans quelques jours.

Hommage et respect, c’est se tourner vers les militaires du Bassin des Carènes qui forgent l’outil de défense de la France dans un monde soumis à la pression démographique, au réchauffement climatique, au séparatisme, au fanatisme et au populisme qui sont, pour l’avenir, autant de facteurs de troubles, autant de causes de guerre.

Hommage et respect bien évidemment aux services publics de la sécurité, aux policiers du Commissaire Daubigny, aux gardiens du Centre de détention des Vignettes qui  font un travail difficile, aux agents de la Police Municipale qui me permettent de remercier notre adjoint à la sécurité, l’infatigable Dominique Lego, aux cadres de l’EPIDE dont la mission est essentielle.

Je voudrais conclure mon propos par une note d’actualité. Hommage et respect, cela impliquera que chacun remplisse son devoir civique le 26 mai prochain. Il y a un lien direct entre le cortège des morts et des sacrifiés que j’ai évoqué et ce droit sacré, ce devoir absolu, qui consiste à voter. Il faut s’y obliger même si on est un peu désabusé, fatigué, ou occupé à des milliers d’activités. Aucune n’a plus d’importance, si on y réfléchit dix secondes, que de faire vivre notre démocratie.

Enfin, ces élections sont organisées pour construire l’Europe, la faire évoluer et la changer, pas pour la quitter ou la briser. Le Brexit nous démontre à quoi conduisent les démagogues et les marchands d’illusions : pauvreté et chaos. Si nous ne restions pas unis, nous ne pèserions pas lourds demain face aux 6 milliards de chinois, d’indiens, de brésiliens, de mexicains, d’africains et d’indonésiens qui veulent à juste titre grandir, se développer et s’enrichir.

Alors comme je l’ai dit aux polonais de Stzum et aux allemands de Ritterhude lorsque nous les avons visités le 1ermai dernier, la solution, que nous aimions Bruxelles ou pas, c’est et cela reste l’Union Européenne. Simplement, pour que nous ayons davantage envie d’Europe, il faudrait qu’elle soit plus humaine, plus écologique et plus sociale. Une liste, à Gauche évidemment, additionne à la fois ces qualités et la possibilité d’unir nos efforts à ceux d’autres peuples européens. Elle reste mon choix.

Vive Val-de-Reuil, Vive l’Europe et Vive la France.

 

 

 

3 AVR 2019

Actualités

Pourquoi j’irai saluer François Hollande ce jeudi 4 avril au Lycée Marc Bloch de Val-de-Reuil

Pourquoi j’irai saluer François Hollande

À l’invitation de ses professeurs et de ses élèves, François Hollande donnera une conférence sur l’Europe au Lycée Marc Bloch de Val-de-Reuil jeudi 4 avril 2019. Sa venue dans notre commune est à la fois un plaisir et un honneur. J’accueillerai donc  l’ancien chef de l’État sur le parvis de l’établissement à 9h30.

Je le ferai, avant tout, pour des raisons institutionnelles, par devoir, en fonction d’une tradition républicaine justement établie qui exige qu’un Maire salue un ancien Président de la République lorsqu’il est sur le territoire de sa commune.

Je le ferai pour des raisons morales parce que je conserve la mémoire des crises financières, économiques et sociales, des attentats terroristes et des événements internationaux auxquels François Hollande a été confronté et que je n’aurai pas l’ingratitude d’oublier qu’il y a fait face avec courage et détermination.

Je le ferai pour des raisons militantes pour affirmer, une fois encore, le choix d’une sociale-démocratie moderne, choix que je partage avec celui qui a dirigé le parti auquel j’ai toujours appartenu et, avec mon entier soutien comme avec celui de tant d’autres, l’a conduit sur cette ligne, vers le succès en 2012.

Je le ferai par solidarité politique avec un homme qui, dans la campagne pour les élections européennes qui commence, a annoncé un vote, clair, utile et cohérent avec son appartenance à la Gauche et l’espoir d’une Europe meilleure. Ce vote sera aussi le mien.

Je le ferai également pour des raisons locales puisque François Hollande, artisan d’une véritable politique de la Ville en faveur des quartiers de grande précarité, s’est engagé, de manière décisive, afin que Val-de-Reuil soit inscrit parmi les bénéficiaires du  Nouveau Programme de Rénovation Urbaine, de ce NPRU2 dont elle obtient, en ce moment même,  les premiers résultats concrets.

Je le ferai, enfin, pour des raisons personnelles, heureux qu’un ami (et un ancien collègue…), normand qui plus est, prenne le temps de venir visiter à nouveau ma Ville et de parler à sa jeunesse.

Communiqué de Marc-Antoine JAMET

Maire de Val-de-Reuil

Président de la Commission des finances de la Région Normandie

 

5 DEC 2018

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Dialogue, négociation, respect.

Dialogue, négociation, respect.

 

Le mouvement des « Gilets Jaunes » veut lutter contre les inégalités sociales et territoriales qui se creusent. Il demande plus de justice et plus de solidarité entre tous les Français. Il exige le maintien de services publics accessibles, performants, modernes partout dans le pays. Il dit le besoin d’écoute, de respect et de dialogue. En ce sens, il recueille évidemment mon soutien.

Cet appui est logique. Il est la seule réponse que nous puissions apporter à des politiques publiques qui, à Val-de-Reuil, malgré la relance du renouvellement urbain et le recul du chômage, se sont traduites, en dix-huit mois, par la fermeture d’un de nos trois collèges, la diminution des emplois aidés, la taxation des retraités ou des plus pauvres, la baisse des APL, la fin de l’accession aidée à la propriété. La liste serait longue des mesures qui, prises une à une, paraissent ne pas être dirigées contre les habitants de notre commune, mais qui, dans leur ensemble, concrètement, ont été nuisibles à la collectivité que nous formons.

Il ne s’agit pas d’une volonté ou d’une hostilité de la majorité au pouvoir. On ne peut refuser au Chef de l’État et au Premier Ministre une légitimité qu’ils ont conquise, par deux fois, dans les urnes. Je le reconnais d’autant plus volontiers que je n’appartiens pas à leur camp. Mais ils sont responsables du malaise que nous vivons. Ce sentiment est la résultante, non seulement d’un style de communication inapproprié et blessant, mais, aussi, d’une indifférence à la France, celle des banlieues, celle des campagnes, qui n’est pas celle des métropoles ou des catégories prospères. Inexpérience, méconnaissance ou maladresse, la faute n’en est pas moins grave. Il faut rapidement la corriger.

Cette orientation s’est accompagnée, dans la pratique, d’une entreprise de décrédibilisation des corps intermédiaires (syndicats, élus de terrain, chambres consulaires, etc…), d’une verticalisation de l’autorité, d’un oubli – qui ne date pas d’hier – de nos traditions républicaines, ce qui faisait notre singularité en Europe, qui laissent aujourd’hui le peuple français sans représentation pour porter ses revendications. Voilà pourquoi il est dans la rue. Au-delà des manipulations, qui existent, c’est la raison première de sa mobilisation. Certains ont voulu remplacer la République des élus par la République des élites. Nous en payons – tous – les conséquences. Il est temps de retrouver le sens et les modalités de la négociation globale par laquelle on sort d’une crise. Des annonces concédées et successives ne peuvent la résoudre. S’il est absurde de répéter en boucle « les riches paieront » dans une société où la fiscalité bat déjà des records, la question du pouvoir d’achat ne peut être laissée de côté.

Pour autant, la violence n’est pas admissible. Elle est moralement injustifiable. Elle va, économiquement, contre la croissance et socialement contre l’emploi. Elle est indigne quand elle s’exerce contre les forces de l’ordre ou les sapeurs-pompiers, quand elle détruit le fruit du travail, quand elle profane les monuments nationaux. Les récupérations opportunistes et extrémistes, de droite comme, parfois, de Gauche, doivent être dénoncées. Après les échecs de Parcours Sup’, additionnés aux incertitudes de la réforme du Baccalauréat, il est normal qu’étudiants et lycéens soient inquiets pour leur avenir. Néanmoins, les parvis des facultés et des lycées, qui sont les lieux de l’éducation et de la connaissance, ne sont pas faits pour être bloqués. Pour préserver une planète dont la lutte contre réchauffement devrait être une cause politique universelle, une transition écologique, expliquée, durable, soutenable, reste indispensable, afin de ne plus être dépendants de produits pétroliers qui, de plus en plus rares, seront de plus en plus chers et devront être, comme notre dette, financés par nos enfants.

Communiqué de Marc-Antoine JAMET

Maire de Val-de-Reuil

3 DEC 2018

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Nouveau prix d’urbanisme pour Val-de-Reuil : L’éco-quartier des Noés et son architecte Philippe Madec décrochent le prix du Moniteur/Équerre d’Argent dans la catégorie « aménagement urbain et paysager »

 

Nouveau prix d’urbanisme pour Val-de-Reuil :

L’éco-quartier des Noés et son architecte Philippe Madec décrochent le prix du Moniteur/Équerre d’Argent

 dans la catégorie « aménagement urbain et paysager »

« Nul n’est prophète en son pays ». Pourtant la qualité et la réussite du renouvellement urbain de Val-de-Reuil (ORU, ANRU, PNRU2), son utilité et sa maîtrise, sont unanimement soulignées. Autour de l’ANRU, les partenaires de la Ville le savent. Autour de la presse spécialisée, les commentateurs le disent. Autour des entreprises associées, le milieu du BTP le reconnaît. Autour de la centaine de grands professionnels que la Ville a mobilisée depuis 20 ans, les architectes le confirment. Autour de la Ville Nouvelle, la CASE en bénéficie. Cause ou conséquence, la plus jeune commune de France, cas unique en Normandie avec Le Havre, a su gagner, pour plusieurs de ses projets, les premières places dans les grands palmarès nationaux d’urbanisme et d’architecture.

Mais c’est probablement avec l’éco-quartier ou éco-village des Noés, le premier à avoir été ainsi labellisé dans la région, en 2017, par la Ministre du Logement Emmanuelle Cosse, que la Ville a remporté le plus de lauriers. Construit en 2016, sur les Rives de l’Eure, cette centaine de logements offre une vie nouvelle, meilleure et éco-citoyenne, à ses occupants qui bénéficient notamment des bienfaits d’un habitat bioclimatique, chauffé au bois, à budget maîtrisé. Soucieux d’inventer aujourd’hui l’habitat de demain, le bailleur Siloge (pour les logements) et la municipalité (pour la chaufferie, la halle – dont les travaux commencent prochainement -, la crèche, les parcs paysagers) – ont su appeler, pour mener à bien ce projet d’envergure, Philippe Madec, pionnier de l’habitat écoresponsable. Grâce à lui, cette réalisation séduit et, parfois, fascine. Les promoteurs ne s’y sont pas trompés qui, avec 250 maisons construites, ont multiplié les projets voisins.

A un point tel que, lundi 26 novembre, après le Grand Prix de la Ville Durable, la sélection aux « Green Solutions Awards » de Bonn pour la COP23, le Grand Prix de l’Aménagement/Construction en Zones Inondables, l’éco-quartier rolivalois a, de nouveau, remporté un prix prestigieux : celui donné dans la catégorie « aménagement urbain et paysager » à l’occasion de la remise de l’Équerre d’Argent. À partir de 900 dossiers, cinq projets avaient été retenus dans chaque catégorie pour cette édition des Équerres d’Argent 2018. Considéré comme le Goncourt de l’Architecture, le trophée a donc été remis lors d’une cérémonie organisée au conseil économique, social et environnemental (Cese) à Paris, par le jury présidé par Bernard Plattner (vainqueur de l’Equerre d’Argent 2017 pour le Palais de Justice de Paris) et où figurait l’architecte Manuelle Gautrand, à notre équipe : Philippe Madec, son maître d’œuvre, Denis Comont/Art du paysage son paysagiste, Peggy Abert pour la Siloge et Marc-Antoine Jamet pour Val-de-Reuil, ses co-maîtres d’ouvrage. Dans un palmarès que Sybille Vincendon de Libération décrivait comme « très minéral », le Jury a estimé que l’éco-quartier des Noés « apporte une réponse à l’urgence écologique et à la nécessité sociale ».

Obtiendra-t-il un même succès aux Victoires du Paysage où il est nominé parmi 67 projets sélectionnés à travers la France entière ? Réponse ce 6 décembre. En attendant, avec le même architecte, Siloge et Municipalité doublent la mise en rénovant, à partir de 2019, dans le cadre de l’ANRU, le quartier pavillonnaire de l’Andelle, doublant la taille de l’éco-quartier mitoyen.

23 NOV 2018

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Maire de famille

Maire de Famille

par Marc-Antoine JAMET, Maire de Val-de-Reuil

 

L’hiver commence. Le temps est gris. Il pleut sur Paris. Le parc des expositions de la porte de Versailles n’a jamais été un endroit folichon. Sous les nuages de novembre, il est carrément sinistre. Ses pavillons de plastique, de plexi et de parpaings, regroupés au hasard, ressemblent aux bâtiments d’une zone industrielle ratée. On peut douter qu’un architecte se soit un jour penché sur leur silhouette déglinguée. Le tout ne déparerait pas un paysage post stalinien. Aujourd’hui le béton murmure. Une foule morose se hâte à la recherche d’un abri. Peu de femmes, beaucoup de cheveux blancs, des accents. Les Maires de France sont en congrès. Je suis avec eux.

Le Président de la République ayant fait savoir qu’il était empêché, le Premier ministre doit parler. En politique, Édouard Philippe n’est pas un champignon poussé après la pluie. Une ville, il sait ce que c’est. Au Havre, il a appris. Théoriquement. Pourtant les collègues n’attendent rien de bon de cet après-midi. Un discours pour dire que rien ne va changer ? A quoi bon ! Les conversations sont uniformément désabusées. Ça grogne. Ça se plaint. Ça maugrée. Les collègues qui démissionnent : ceux qui sont fatigués, ceux qui sont découragés, ceux qui perdent pied. Le « métier » n’est plus ce qu’il était.

Les Maires veulent être aimés. Ils ne sont plus respectés. Les figures républicaines sont dépassées. Gambetta, Jules Ferry, Clemenceau, revenez. Ils sont devenus fous ! Sans l’écharpe, point de reconnaissance. Avec ce n’est guère mieux : « dépêchez-vous ne nous marier, on a prévu une célébration yoga juste après ». Dans les campagnes, dans les petites villes, les Maires n’ont pas choisi de se présenter pour la centaine d’euros que leur rapporte leur indemnité. Le mauvais mousseux leur fait mal au ventre. Comme à tout le monde. Peut-être y sont-ils allés avec un peu d’orgueil, une pincée d’ambition, un petite envie de gloriole, mais, le plus souvent, c’est le goût du collectif, de l’intérêt général, du service public qui les a motivés. Travailler pour les autres, rendre au pays ce qu’il vous a donné, mettre ses compétences et ses idées à disposition d’une commune et la développer. Existe-t-il de plus belle vocation, de mission plus utile ?

Alors, bien sûr, les derniers mois ont été rudes. L’impression de ne pas être écouté, de ne pas être considéré, est venue mettre du sel sur des plaies plus anciennes. La montée des agglomérations, trop grandes, trop lointaines, trop techniciennes, sans la moindre responsabilité réelle devant les citoyens, a accéléré le suicide des municipalités. La fin du cumul des mandats a éloigné les députés des réalités et les élus locaux des responsabilités. Les dotations diminuent. Les sujets, la circulation, l’environnement, les jeunes, la culture, sont de plus en plus compliqués. Il devient difficile de construire, d’entretenir ou de réparer un gymnase, une école, une route un cimetière. Dans les Palais Nationaux, les communes, et ce n’est pas d’hier, ne sont plus des priorités. Ce qui a fait le pays, son histoire, sa géographie, sa singularité, est en train de disparaître. La fin des beffrois et des clochers est programmée. Nos repères disparaissent dans le grand flou uniforme et mondialisé.

Alors on pourrait jeter l’éponge et tout arrêter. Ce n’est pas dans mes gênes. Ce n’est pas dans ma personnalité. J’aime l’optimisme et la volonté. Pas d’états d’âme quand on est au service de la collectivité. On n’en a pas le droit. On n’en a pas le temps. Les nouveaux médias éloignent des habitants ? Il faut donner à tous votre adresse internet, communiquer sur twitter, apprivoiser cette « nouvelle convivialité ». L’esprit de citoyenneté disparaît. ? Il faut faire le tour des écoles et voir les petits élèves, à l’invitation de leur institutrice se lever, aller à la rencontre des associations, distribuer médailles et trophées. L’argent vient à manquer ? Il faut aller le chercher là où il est : dans le privé, à l’intercommunalité, dans les crédits exceptionnels comme l’ANRU qui va encore transformer Val-de-Reuil au cours des cinq prochaines années. Le nombre des unions ne cesse de chuter ? Il faut en faire, en mairie, les plus belles des cérémonies. On doute de sa propre utilité ? Il y a assez à faire, par soi-même parfois, dans la sécurité et la propreté, pour ne pas musarder. Les grands projets sont durs à monter ? Occupez-vous en bouchant les trous et en effaçant les tags ou les graffitis. Le manque emploi est le cancer qui ronge la cité ? N’abandonnez rien, ni le stage pour la jeune fille timide, ni la recommandation pour celui qui roule des biscottos, votre sourire pour les investisseurs et votre disponibilité pour les chefs d’entreprise. La fonction publique est un repoussoir ? Ce n’est pas vrai. Il y a des équipes jeunes, talentueuses, capables.

Construire une école est un bonheur. Refaire un gymnase est une joie. Transformer un quartier est un défi. Il n’y a pas de travaux ennuyeux ou facile quand il s’agit de moderniser ou d’améliorer. Cyrano, probablement pas le meilleur des gestionnaires, le disait élégamment : « c’est encore plus beau quand c’est difficile ! ». Alors, à tous les collègues, un seul conseil. A tous les maux, un seul remède. Retroussons les manches et allons de l’avant. Pour les habitants. Et puis comme toute peine mérite salaire, quand une grand-mère nous salue, avec émotion, ou un enfant nous reconnait, en confiance, rappelons-nous qu’il n’y a pas de plus belle récompense, de plus grand honneur. Je suis un maire de famille. C’est ainsi que je sers Val-de-Reuil.

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