20
AOUT
2014
Nous sommes déjà à la veille de la rentrée des classes. L’été a passé vite. Certains ont pu se reposer, se changer les idées, découvrir de nouveaux horizons. Ils l’ont bien mérité. Mais d’autres, faute de moyens ou parce que l’occasion ne leur en a pas été donnée, en raison de l’âge, de l’isolement ou de la maladie, n’ont pu partir, trouver un autre rythme, souffler et oublier un quotidien qui n’est pas sans joie et moments heureux, mais qui se compose aussi d’ennuis et de difficultés. C’est à eux que je veux penser. La Mairie, par ses services, par ses agents, s’efforce d’être à leurs côtés, de les aider, de les accompagner. Au CCAS, à l’Espages, dans les centres de loisirs, avec Cin’été, en dépit des conditions météorologiques, chacun s’est mobilisé pour que juillet et aout ne soient pas des mois de tristesse ou d’abandon. C’est le rôle du service public. Nous l’avons, je crois, cette année encore, rempli du mieux que nous pouvions. Notre Ville est solidaire. C’est la plus belle de ses qualités.
Je n’aime pas les éditoriaux de magazines municipaux dans lesquels les Maires se lamentent ou disent la difficulté de leur tâche. Je ne l’ai jamais fait. Ce troisième mandat que vous m’avez confié, dès le premier tour, à une majorité peu commune si on regarde les résultats du département et du pays, est un honneur. Votre confiance ne me donne que des devoirs envers vous. Sans pessimisme excessif, l’un d’entre eux est celui qui m’oblige à la franchise. L’année qui vient ne sera pas des plus faciles. Sera-t-elle compliquée, dure ou  difficile ? On choisira le mot qui convient, mais tout le monde comprend ce que je veux dire. Les dotations de l’Etat, contrepartie de nos impôts, compte- tenu de la conjoncture économique qui pèse sur le budget de la Nation, vont diminuer. A mes yeux, le Gouvernement de François Hollande se bat, agit au mieux des circonstances et fait en tout cas mieux que n’auraient fait ses challengers de 2012, notamment ceux qui ont légué à la majorité actuelle une situation faite de dettes abyssales et de déficits immenses. Mais voilà , il est clair que les moyens de la France sont désormais comptés et que c’est sur les collectivités locales que se fait une partie de l’ajustement. Pour éviter que nous sentions trop brutalement cet étau sur nous se refermer, avec le conseil municipal, je me bats. La venue de Bernard Cazeneuve, le solide Ministre de l’Intérieur, nous a permis d’obtenir quelques crédits inespérés, notamment pour la sécurité de notre commune. Dans le même but, je fais le tour de tous les ministères. Parfois en étant entendu, parfois pas. Je ne renonce jamais. Quoi qu’il en soit la feuille de route reste la même. Je n’augmenterai pas les impôts des Rolivalois et, pour nos enfants, je tâcherai au cours des six années qui viennent de continuer à désendetter le Ville. Il faudra également discerner les intentions véritables d’une agglomération menée par Bernard Leroy dont je voudrais que les bonnes paroles et la neutralité sans cesse répétée se traduisent en actes concrets cette année. J’y serai très attentif.
L’emploi est aussi un point préoccupant. 15.000 habitants et pourtant 1500 chômeurs. Nous observons une légère décrue depuis mars. Elle n’est pas suffisante. Enlevons les retraités, les enfants, ceux qui ne veulent pas accéder à l’emploi et on voit qu’en pourcentage de la population active, la proportion des chômeurs est lourde. Surtout chez les jeunes, parmi les femmes, pour les plus de 50 ans. Là aussi on ne baisse pas les bras. La Commune a signé beaucoup de contrats d’avenir, mais elle ne peut les multiplier sans risques financiers. J’aide personnellement tous ceux qui me le demandent, mais on se rend bien compte que, individuellement, malgré un réseau que je mets chaque jour à contribution, malgré ma bonne volonté qui est totale, malgré mon dévouement à mes concitoyens, prioritaires dans mon esprit, ce que je fais ne peut être à la hauteur des espoirs, des espérances. Si un autre avait été
élu, il n’aurait pu faire cela. Alors, considérons-le simplement comme un « plus » un peu particulier. La solution consiste à mobiliser les entreprises de notre territoire qui emploient encore trop peu de Rolivalois. Comme Bernard Cancalon, président du CCAS le fait pour les logements, en étant en relation permanente avec les bailleurs sociaux, Daniel Moreau, adjoint à l’emploi, va réunir des Etats Généraux dès septembre pour mobiliser nos partenaires industriels. Nous voulons déclarer la guerre au chômage. Nous attendons beaucoup de cette dynamique. Dans le même temps, la cellule emploi du CCAS s’active, se démène, essaye chaque jour de faire des miracles. Il n’empêche. Je comprends l’impatience de ceux qui cherchent un travail et ne le voient pas venir. Nous ne les oublions pas.
Dernière question, celle de la croissance. Elle se pose pour la France. Elle se pose pour Val-de-Reuil. Là aussi, nous nous battons pour créer de l’activité, pour attirer des entreprises. Plusieurs nous ont rejoints cette année. Sanofi à la mi-septembre va fêter ses 40 ans de présence dans notre Ville et annoncer des investissements supplémentaires pour son site rolivalois. Nous veillons sur l’avenir de Cassidian dont les salariés doivent être respectés. Nous sommes à l’écoute de tous ceux qui créent, qui innovent, qui imaginent afin que notre Commune se développe. Mais la clé de tout, pour susciter de l’emploi, est le développement de notre Ville. Nous devons atteindre cette taille critique qui retient l’œil des décideurs. Nous devons trouver cette aisance qui rassure les investisseurs. Il faut que nous trouvions cette population qui consomme et peut aider au redémarrage de nos commerces. C’est notre mission de tous les instants. Rénovation de la Gare, début des travaux de l’éco-quartier, sécurisation du carrefour de la chaussée du parc et de la route des sablons, implantation d’une nouvelle banque au cÅ“ur du nouveau centre commercial des falaises, dynamisation du rond-point des Clouets, concours avec Carrefour et Auchan pour créer des cases commerciales et des surfaces de vente en plein centre de la commune, construction du théâtre, tous ces projets, toutes ces initiatives, ne vont que dans ce sens. Rendre la ville désirable, attractive, plaisante, franchir le cap des 20.000 habitants, obtenir une meilleure mixité sociale, se donner un poids qui donne considération et inspire le sérieux, voilà notre travail, avec l’apport décisif et complémentaire de la première adjointe Catherine Duvallet, pour le pouvoir d’achat, l’emploi et la croissance.
Ces douze mois seront délicats. Ils ne doivent pas être angoissants. Le cap est connu. La barre est tenue. En ce moment même, nous remettons les écoles en situation d’accueillir nos 4000 élèves, nous préparons nos projets de l’automne, nous réfléchissons et agissons pour gérer au mieux la Ville que vous nous avez confiée. Pour mesurer votre satisfaction, connaître votre opinion, vous associer aux décisions, un nouveau système des permanences des élus sera mis en place au kiosque le vendredi après-midi et en mairie le samedi. La proximité a toujours été notre force. La modernité a toujours été notre ambition. La solidarité a toujours été notre politique. Continuons ensemble sur cette voie. Bonne rentrée.
M-A.J.
31
JUIL
2014
LE SOCIALISME DE JAURES EST UN ROC
Jean Jaurès, de son nom d’état civil Auguste Marie Joseph Jean Léon Jaurès, né à Castres le 3 septembre 1859, portait à lui seul tous les prénoms du socialisme. Il portait le prénom d’Auguste Blanqui, qui personnifie la révolte. Il portait le prénom de François-Marie Arouet, Voltaire, inspirateur des Lumières que Jaurès voulait tant décrocher et partager. Il portait le prénom de Pierre-Joseph Proudhon, l’anarchiste interrogeant la propriété, et de Joseph Caillaux, le fondateur de l’impôt progressif sur le revenu. Il portait, avant le sien, le prénom de Jean Allemane, l’homme du combat syndical. Il portait le prénom de Léon Trotski, lui aussi assassiné, et de Léon Blum, l’homme d’Etat des plus grands acquis sociaux que la Gauche a offerts au peuple de notre pays. Jean Jaurès, en citant l’historien Michel Winock, « rend hommage à tous les camps » du socialisme.
Dans la République qu’il sert comme professeur et député, pour l’humanité qui est son but car « c’est à la réalisation de l’humanité que travaillent tous les socialistes », écrit-il le 19 avril 1904 dans le premier éditorial du premier numéro du journal du même nom, le socialisme bleu blanc rouge de Jaurès, fils de la Révolution française et des combats ouvriers dont il était le soutien dans le Tarn ou le Pas-de-Calais, est un roc. Jaurès, agrippé à un réverbère, au plus profond des mines et au cœur des luttes, l’incarnait. Il n’y était pas né. De mouvements il a fait une force. Il en fut l’unificateur. Avec Jaurès, le socialisme entre en République, au Parlement, en politique, également dans les tribunaux, non plus comme accusé, mais comme avocat de toutes les causes justes : des opprimés, des pauvres, des misérables.
Normalien, rival en philosophie de Bergson qu’il avait battu au concours d’entrée mais qui l’a devancé à la sortie de l’agrégation, Jaurès aimait les thèses et la synthèse. Il n’était pas un utopiste, mais il a écrit un monde. Le Congrès du Globe, en 1905, ne pouvait mieux porter son nom. Un siècle plus tard, l’Internationale a cédé la place à la Mondialisation et, comme un symbole, le Café du Croissant est désormais le voisin d’un Mac Donald. Le prochain Jaurès, d’où viendra-t-il ? De Castres ou de Sacramento, de Carmaux ou de Rio, de Fourmies ou de Bali, de Courrières ou d’Anvers, nous lui pardonnerions qu’il ne soit pas français, mais nous ne l’excuserions pas qu’il ne soit pas socialiste.
On veut récupérer Jaurès ? Chiche. Rassemblons-nous, à Charleval ou au Pré-Saint-Gervais. Il y a l’embarras du choix pour lui être fidèle. La Guerre est aux portes de l’Europe. La guerre est au Moyen-Orient. Les nationalismes sont partout. On veut citer Jaurès ? Eh bien citons-le pour les dénoncer. Le socialisme de Jaurès, c’est celui de la tribune, pas celui du décret. Il est le socialisme de tous. Chacun peut s’en emparer. C’est une responsabilité. C’est un courage. C’est une vérité. Le socialisme de Jaurès, c’est celui des Français, des militants, des citoyens, c’est celui des lecteurs, des professeurs, des travailleurs, c’est celui des fonctionnaires, des ouvriers, des salariés. Le socialisme n’est pas un privilège. Le socialisme n’est pas un cursus honorum. Jaurès n’a jamais gouverné, mais contre les coups de clairon il donnait de sa voix.
C’est parce qu’elle portait haut, c’est parce qu’elle portait loin, c’est parce qu’elle portait fort que, ce 31 juillet 1914, à la table de ce café parisien, au 142 rue Montmartre, ils l’ont fait taire, ils l’ont tué, croyaient-ils, à jamais.
Marc-Antoine JAMET, Premier secrétaire de la fédération de l’Eure du Parti socialiste