19
JUIN
2017
Le second tour des élections législatives ne pouvait que confirmer la tendance observée dimanche dernier. Il a donc assuré au nouveau Président de la République une majorité dont le caractère inédit relève autant de sa composition, à la fois hétéroclite et monocolore, que de son profil, renouvelé, mais déroutant, que de son ampleur dont on ne sait si elle sera gage d’efficacité ou de lourdeur pour le Gouvernement.
Plus de 350 députés forment désormais, pour les cinq années qui viennent, la majorité parlementaire dont disposera le Président de la République. Elle lui permettra de mettre en œuvre le programme de réformes qu’il a annoncé, mais dont il n’est absolument pas certain qu’il a été intégré et accepté par les Français qui l’ont élu le 7 mai dernier. Cette situation ambiguë est la conclusion logique et mécanique d’un cycle présidentiel et législatif où la confusion et le flou auront été prédominants.
Seul élément certain : l’abstention, associée à l’importante somme des bulletins nuls et des votes blancs, est devenue la seule et réelle majorité de notre pays. C’est cette majorité qui a permis au chef de l’Etat de l’emporter, comme autrefois au Front National de peser, puisque ce sont principalement ses électeurs qui se sont déplacés. Mais c’est une majorité inerte et lointaine, une majorité inutile et invisible, une majorité silencieuse et bougonne, dont il faut s’inquiéter qu’elle aille chercher ailleurs qu’à travers les débats d’un parlement godillot, les garanties sociales qu’elle attend. 60% des Français et des Eurois ont choisi de ne pas suivre, de ne pas s’exprimer, de ne pas approuver. Cette réalité jamais observée auparavant souligne non seulement le faible intérêt des électeurs pour un second tour dont l’issue avait été largement dessinée dimanche dernier, mais aussi la sourde réprobation d’une partie du corps citoyen devant le bonapartisme digital du nouveau Chef de l’Etat. Ajoutons que la succession des primaires de la droite et de la Gauche, puis des élections présidentielle et législatives, succession censée donner du souffle à notre démocratie, l’a en fait épuisée.
L’Eure, comme un très grand nombre de départements métropolitains, se verra désormais exclusivement représenter par des députés d’En Marche. C’est paradoxalement une promesse d’immobilisme. C’est un appauvrissement intellectuel. On s’inquiètera, hormis pour un ancien ministre de Nicolas Sarkozy réélu au prix d’un changement d’étiquette à vue dans la 1ère circonscription, de l’aura limitée, du faible charisme, des capacités vacillantes de ces élus de circonstance. On remarquera leurs incohérences idéologiques et leurs invraisemblances politiques. Comme partout, on notera qu’ils ne représentent que la France qui va bien, des bien-pensants et des bien-portants, à laquelle, élus professionnels, amuseurs radiophoniques, médecins, fonctionnaires, ils appartiennent. Ce sont les « heureux du siècle ». Attaché aux valeurs qui fondent la solidité de nos institutions et de notre République, je salue cependant leur victoire et adresse à ceux qui l’ont méritée, Bruno Le Maire, Fabien Gouttefarde et Marie Tamarelle, des félicitations sincères. Ils ont œuvré, sans provocation ni arrogance, au rassemblement de tous les républicains, démocrates et progressistes lors de cette campagne d’entre-deux tours.
Tous les candidats du Front National échouent dans toutes les circonscriptions de notre département. Leur impossibilité à travailler et à proposer un projet à la fois crédible et sérieux, juste et respectueux, a été durement sanctionnée par les électeurs eurois. Dans l’ensemble des territoires de notre département, dans nos villes comme dans nos campagnes, leurs résultats sont en très net recul par rapport au second tour de l’élection présidentielle. Je m’en réjouis, mais ne m’en satisfais pas. La présence systématique du Front National au second tour de chaque élection depuis les dernières élections municipales ne peut devenir automatique.
Dans un paysage politique devenu monocolore, la Gauche, éliminée au 1er tour dans notre département, réduite à la portion congrue dans la future Assemblée, est à reconstruire totalement. Un espace existe pour une formation qui ne soit ni hostile ni docile, pour une force progressiste qui ne tombe ni dans le radicalisme mélenchonien ni le contentement macronien. Sur la solidarité et le refus des propositions qui tendraient vers l’exclusion, sur la protection des salariés et l’opposition à des mesures qui aboutiraient à leur réduction, sur la fiscalité et le rejet de toute loi qui renforcerait les inégalités et appauvrirait les retraités et les moins aisés, des réponses de justice sociale et d’égalité devront être apportées. Il faudra dire à la fois notre désapprobation sur la réforme du Code du Travail, sur la hausse de la CSG, sur la baisse de la fiscalité au seul bénéfice des plus fortunés, sur les menaces qui pèsent sur l’assurance chômage, et, en même temps, être en capacité de proposer de nouvelles solutions, d’amener de vraies propositions.
Le pluralisme des opinions et la nécessité d’une confrontation libre et démocratique, qui ne trouveront plus aucune expression au Palais Bourbon, doivent perdurer. Pour cela, il faudra s’appuyer sur le travail de proximité de nos élus locaux, dans les majorités municipales de Val-de-Reuil, Pont de l’Arche, Verneuil sur Avre, Serquigny et Pont-Audemer comme dans les oppositions, avec Martine Séguéla aux Andelys et Timour Veyri à Evreux, retisser des liens plus solides et plus profonds avec le milieu syndical et associatif, et, plus généralement, amener le débat sur des positions que la future Assemblée Nationale ne défendra pas. La Gauche devra, demain, avec ses partenaires et ses alliés, travailler, amender, débattre et proposer. Si son appareil est à repenser, ses idées, elles, plus que jamais, ont un sens et un intérêt. La situation politique impose de nous réinventer. Nous en avons le devoir et la responsabilité.
11
JUIN
2017
Les électeurs de la Gauche, éliminée au premier tour,
doivent partout faire barrage au Front National
Les résultats du premier tour des élections législatives confirment ceux de l’élection présidentielle.
Ils traduisent d’abord la réussite générale d’En Marche dans notre département quelle que soit la notoriété, la personnalité ou le parcours de ses candidats qui, à l’exception de Bruno Le Maire, étaient inconnus ou peu appréciés. Celle ci est normale et logique. Les électeurs ont voulu donner au Président de la République la plus large majorité possible pour mener les réformes qu’il a annoncées. C’est donc pour le Chef de l’Etat une victoire personnelle qui se répercute sur nos cinq circonscriptions.
Le niveau de l’abstention montre que les partisans des candidats battus en avril, selon une loi de la Vème république devenue encore plus forte depuis que les élections législatives suivent l’élection présidentielle, n’ont pas voulu entraver la dynamique de leurs adversaires et sont souvent restés chez eux. Se faisant, ils ont partout empêché la perspective de triangulaires et faussé la vérité des résultats.
Dans ce contexte, la Gauche paye le prix de sa division et de sa dispersion. Alors qu’elle parvient dans certaines circonscriptions à réaliser des scores convenables, elle est partout éliminée dès le premier tour. Elle devra en termes d’union, de propositions et de refondation en tirer toutes les conclusions. Cela ne passe pas à mes yeux par une surenchère permanente et irréaliste qui conduirait à la disparition, à la marginalisation ou à la disparition des socialistes. Cela ne consiste pas non plus à regretter aujourd’hui qu’un seul parti soit hégémonique car, pour éviter ce danger, il suffisait de le battre dans un scrutin démocratique.
La question de son avenir, au conseil général, dans se mairies, est également posée à la droite classique et républicaine. Elle aussi subit un important revers. Elle aussi voit ses voix aspirées par le centre et les extrêmes. La confusion extrême créée par l’entrée de Bruno Le Maire au sein du gouvernement d’Emmanuel Macron a précipité un échec qui est aussi celui des politiques que ses élus mènent à la tête des collectivités qu’ils gèrent. Elle devra enfin sortir de l’ambiguïté par rapport à l’extrême droite et choisir enfin son camp face à Emmanuel Macron.
Mais il est évident que cette défaite pèse singulièrement sur le Parti Socialiste. Nationalement, il paye autant son usure gouvernementale et l’immobilisme stratégique des dirigeants de Solferino que les errements de certains de ses parlementaires. Localement, il a souffert de la collection de médiocres, de minables et de mesquins qui l’ont consciencieusement trahi après qu’il leur a tout donné. Les candidats investis et soutenus par le Parti Socialiste dans les cinq circonscriptions de notre département, qu’ils soient écologistes, radicaux ou communistes, ne sont pas parvenus à se qualifier pour le second tour. Ma déception est à la mesure de l’investissement personnel, du dévouement, de l’énergie déployés par les militants lors de cette campagne. Que Val-de-Reuil soit une exception dans ce naufrage ne me console pas. Je veux dire mon amitié et mon admiration pour Richard Jacquet, mon candidat, pour Martine Séguéla, Laetitia Sanchez, Marie-Claire Haki et Valéry Beuriot. Je veux saluer aussi Jean Louis Destans qui, au Département de l’Eure, puis à l’Assemblée Nationale, a été à l’origine d’avancées majeures pour nos territoires et ses habitants prouvant qu’un député socialiste eurois peut réfléchir et travailler.
Dans notre département, parce qu’il y avait réalisé d’inquiétantes percées, notamment lors de l’élection présidentielle, la vague brune, si elle a été freinée, s’abat sur nos villes et nos campagnes. L’indigence et l’incompétence de leurs candidats dévoilent le véritable visage du Front National dans notre département. Hélas, il tire profit de l’abstention en se maintenant seul dans les cinq circonscriptions face à En Marche.
La Gauche, éliminée ce soir, doit donc rester mobilisée pour faire barrage au Front National et empêcher, partout, que ses représentants, non pas l’emportent, mais progressent d’une seule voix dans les seconds tours qui les opposeront aux candidats républicains. Notre attitude est claire. Nous appelons, dans toutes ces circonscriptions, à faire massivement barrage au Front National, ce qui consiste à voter notamment pour Bruno Le Maire, Fabien Gouttefarde et Marie Tamarelle.
Communiqué de Marc-Antoine Jamet
Premier secrétaire de la Fédération de l’Eure du Parti SocialisteÂ
11
JUIN
2017
Dans un contexte de participation historiquement faible, les résultats du premier tour des élections législatives, à Val-de-Reuil, sont la conséquence d’une double dynamique faite, d’une part, d’un attachement particulier au parti socialiste et d’une défiance à l’encontre du candidat d’En Marche, dont ni la personnalité ni le parcours n’ont totalement convaincu, d’autre part, des répercutions d’un climat national qui renforce les extrêmes et exige de donner au président élu la majorité qu’il attend.
Sous l’effet de ce double mouvement, apparaissent dans notre commune quatre mouvements d’importance à peu près égale : le maintien d’une Gauche des socialistes forte, le renforcement de celle des Insoumis, l’émergence d’En Marche, et le recul du Front National qui demeure cependant à un niveau trop élevé.
- Les élections législatives ne sont devenues, depuis 2002, qu’un scrutin de confirmation de l’élection présidentielle. Val-de-Reuil ne déroge pas à cette tendance de fond. Les électeurs dont le vote ne s’était pas porté vers Emmanuel Macron ont, au moment de désigner leur député, préféré l’abstention à une sanction qui, six semaines seulement après l’élection du nouveau Président de la République, leur apparaissait excessive. Cela explique le net recul de participation. Moins de 40% des électeurs rolivalois, niveau proche de celui du premier tour des législatives 2012, se sont déplacés.
- La Gauche qui avait été majoritaire au soir du premier tour de l’élection présidentielle l’est également ce soir dans tous les bureaux de vote de la commune. La somme des voix de ses candidats est en progression par rapport au 23 avril dernier rassemblant près de 45% des suffrages sur l’ensemble de la commune. Richard Jacquet, avec 22,2% des suffrages exprimés, réalise ici son meilleur score à l’échelle de la circonscription.  La France Insoumise, avec 16,5%, bénéficie de la notoriété et de la dynamique de campagne de Jean-Luc Mélenchon, loin cependant des 31% recueillis au soir du premier tour de l’élection présidentielle. La Gauche, socialiste, écologiste et insoumise, avec près de 50% des voix, maintient ses anciennes positions mais paie le prix de sa division.
- Le résultat de la droite confirme sa quasi inexistence politique dans notre commune. Avec 4,5% des voix, c’est une nouvelle lourde défaite qu’elle subit, probablement handicapée par le candidat qu’elle s’est choisie. Déjà prétendant à la députation en 2012, son candidat absent des débats qui structurent et animent la vie municipale, a perdu, en cinq ans, près la moitié de ses électeurs.
- Le candidat de la majorité présidentielle, s’il obtient un résultat qui confirme l’émergence d’une nouvelle formation dans le paysage politique, ne s’impose pas autant à Val-de-Reuil que dans le reste de la circonscription. Son score de 27,5% est de dix à vingt points inférieur à celui qu’il réalise à Gaillon, Louviers, Bourgtheroulde. Ses positions sont fortes dans les bureaux les plus aisés ou ceux où la communauté turque est la plus forte.
- Le Front National régresse par rapport aux élections présidentielles et passe, pour la première fois depuis le scrutin européen de 2014 sous le seuil des 20%., avec 17,8% des voix. C’est le fait politique majeur de cette élection à Val-de-Reuil. Son déclin, amorcé lors du second tour de l’élection présidentielle, s’est confirmé aujourd’hui. Cette tendance doit se prolonger et s’amplifier dimanche prochain. Les chantiers décidés par la municipalité dans le cadre du troisième volet de son projet de renouvellement urbain, notamment autour des deux bureaux de vote où le Front National réalise ses meilleurs résultats, devront démarrer rapidement afin de répondre efficacement aux difficultés rencontrées par les habitants de ces quartiers.
Dans ce contexte, deux messages doivent être adressés aux électeurs de Val-de-Reuil. Il faut une plus grande mobilisation citoyenne et une meilleure participation électorale au second tour, dimanche prochain. Il faut continuer à faire reculer le Front National dans notre commune. Toutes les voix des progressistes, des républicains et des démocrates doivent se rassembler pour s’opposer à l’extrême-droite.
LEGISLATIVES 2017 RESULTATS 1ER TOUR NB
29
MAI
2017
Un aphorisme politique, venu de la nuit des temps, prétend qu’on ne peut en vouloir à un régime de gouverner mal quand il gouverne peu. Cette réflexion de comptoir n’est pas d’une grande puissance. Elle n’est pourtant pas parvenue jusqu’au cortex supérieur de l’agglomération Seine-Eure. En effet, celle-ci, continuant superbement d’ignorer la mesure et la retenue à laquelle son irresponsabilité électorale devrait l’obliger, reproduisant allègrement le contresens démocratique qui vaut à la Commission Européenne son impopularité persistante, entend, chaque jour davantage, régir peu près tout ce qui passe à sa portée. C’est le défaut de toutes les technocraties.
Il est des exceptions à cette règle. En effet, placée manifestement, car peu prestigieuse et peu lucrative, au dernier rang des compétences, toujours plus abondantes, que l’Agglomération Seine-Eure se plaît à accumuler – à défaut de les exercer – l’accueil des « gens du voyage », comme le branchement des lampadaires de la Gare de Val-de-Reuil, ne paraît pas passionner l’intercommunalité. Elle avait pourtant tenu à en prendre s la responsabilité au début des années 2000, responsabilité confirmée la loi « NOTRE » le 1er janvier dernier. Qu’importe !
Certes, voici une dizaine d’années, quelques « aires » ont bien été installées ici ou là , à Val-de-Reuil, à Pinterville, à Acquigny, pour accueillir de petites communautés locales pratiquement sédentarisée Mais ce n’était traiter qu’un dixième du sujet. Depuis rien de plus n’a été fait alors que l’agglomération devrait équiper et gérer des espaces permanents dédiés à ce qu’on appelle les « grands passages », ces rassemblements de 100, 200, 300 ou plus caravanes qui, l’été arrivant, se déplacent de commune en commune de l’Ile-de-France vers la Seine-Maritime et le Calvados. On ne peut pas réellement dire que ce phénomène soit inconnu ou inattendu : il a toujours existé… Il n’empêche. Faute d’investissements, d’aménagements pourtant simples et relevant davantage de la décence que de l’excès de dépense, les campements sauvages prolifèrent à nouveau sur notre territoire au grand désespoir des villes ou villages impactés ainsi que des riverains habitant à proximité.
Cette situation est scandaleuse. Le schéma départemental d’accueil des gens du voyage, adopté en 2012 sous l’égide du Préfet de l’Eure, suivant l’avis et les recommandations formulés par les représentants des associations de personnes itinérantes, les EPCI et communes concernés, avait expressément prévu la création de deux aires de grand passage supplémentaires dans notre département dont une sur le territoire de la petite trentaine de municipalités que rassemblait alors Seine-Eure. Naturellement c’était à Val-de-Reuil qu’elle fût localisée par les hiérarques intercommunaux de l’époque, les mêmes que ceux qui déménageaient le siège de l’agglomération à Louviers, comme si la Ville Nouvelle n’avait pas assez de difficultés à recevoir les personnes handicapées, les parents âgés, les adultes sans ressources et les familles monoparentales de ses voisins dans son parc locatif social. Pourquoi pas, la solidarité ne se rationne pas.
J’ai donc au prix d’un travail long et compliqué fait, moi-même, une trentaine de propositions d’emplacements qui recueillaient l’assentiment des publics concernés. Après d’interminables discussions, un lieu a été identifié et sélectionné, sur la Haute-Crémonville, là où devait initialement être implanté un héliport, aujourd’hui abandonné. Il présente l’avantage de n’occasionner ni gêne ni trouble majeur pour les riverains dont les premières habitations se trouvent à plusieurs centaines de mètres de l’emplacement. Trois aménagements, (eau courante, raccordement électrique, fauchage régulier) étaient requis pour que cette aire de grand passage fonctionne. On est bien loin des budgets auxquels l’Agglomération consent pour construire des patinoires, des centres d’art ou des halles de marché au Vaudreuil ou à Louviers. Cinq années ont passé et le site ne peut toujours pas fonctionner, faute d’une alimentation électrique que l’intercommunalité se refuse à installer.
A l’occasion d’une réunion de concertation qui s’est tenue il y a quelques semaines en Préfecture, les services de l’Etat ont rappelé aux collectivités compétentes en matière d’accueil des gens du voyage leurs obligations. L’Agglomération Seine-Eure, malgré les relances, les mécontentements, l’exaspération nés d’une situation qui n’a que trop duré, a une nouvelle fois fuit sa responsabilité, prétextant, la faiblesse de ses ressources. La plaisanterie n’a que trop duré.
Comme sur bien des sujets, ayant trait aux services publics de proximité rendus à la population, l’Agglomération n’assume pas ses missions et fait supporter aux autres sa gestion hasardeuse des dossiers, son refus d’exercer ses responsabilités, ses curieuses largesses et sa trop grande mollesse. Ce n’est ni supportable ni acceptable. Pour les communes qui se voient progressivement vidées de leurs compétences, mais dont les responsabilités, en termes de sécurité, de tranquillité et de salubrité, n’ont pas diminué. Pour les riverains et les habitants résidant à proximité des zones occupées illégalement, qui ont à supporter des dépôts d’ordures improvisés, des branchements électriques artisanaux, l’absence d’évacuation des eaux usées, des parkings sauvages. Pour les « personnes itinérantes », ainsi que l’administration baptisent les gens du voyage, dont les droits ne sont pas respectés.
C’est ainsi qu’un campement de près de deux cents caravanes, campement parfaitement illégal, s’est installé voici une semaine à Val-de-Reuil, d’abord au Parc Sud, en limite du Vaudreuil, puis sur la Plaine de Jeux, en bordure de Léry, ou sur Pharmaparc II en proximité de nos start-ups, non loin de Louviers. Les habitants de ces trois communes, les responsables des entreprises, comme en chaque circonstance similaire, n’ont pas manqué de m’adresser reproches, protestations et récriminations, dénonçant mon laxisme, alors que mes trois collègues, investis de hautes responsabilités dans la bureaucratie Seine-Eure, n’ont pas levé le petit doigt. J’ai donc, de mon côté, immédiatement interpellé la Préfecture et la Procureure de la République afin qu’une procédure d’exclusion puisse être enclenchée. La Ville de Val-de-Reuil, par la voie d’un référé transmis par huissier, a signifié cette démarche aux intéressés. J’ai rencontré les responsables du camp, car à chaque fois je n’hésite pas à provoquer, sans m’entourer pour cela d’une cohorte de grades du corps, la discussion avec les contrevenants. Je leur ai dit, avec la plus grande fermeté, ma volonté qu’ils s’en aillent. Nous avons reçu dans ce processus l’aide constante de la police nationale et de son commandant. Nous pallions donc aujourd’hui à l’inefficacité et aux absences répétées de l’Agglomération, seule responsable des perturbations que doivent subir nos concitoyens.
L’Agglomération, adepte de politiques à géométrie variable selon qu’elles bénéficient telle ou telle population, se cherchait un nouveau slogan pour ses 20 ans. Il semble qu’elle l’ait trouvé : « compétente pour tout, mais responsable de rien ». L’Agglomération, dont la principale mission ne devrait pas de gérer au quotidien nos territoires, de faire à la place des communes ce qu’elles savent faire lieux, plus vite et à moins cher, d’incarner à distance le régalien, mais d’organiser synergies, mutualisations, équilibres, se montre une nouvelle fois défaillante. Par son incapacité à agir, elle entretient le trouble et la confusion sur les responsabilités propres à chaque niveau de collectivité. Par sa négligence et son défaut de compétence, elle déstabilise les communes alors qu’elle devrait être là pour les épauler.
Communiqué de Marc-Antoine JAMET,
Maire de Val-de-Reuil
Président de la Commission des finances de la Région Normandie
19
MAI
2017
L’ancien chargé de l’Europe, puis de l’agriculture, pour le compte de la Maison Nicolas Sarkozy et associés, est intelligent, brillant et, par adoption, mais c’est fréquent, normand. Ce sont trois qualités qu’on ne saurait lui reprocher. Comme les deux autres membres du trio qui, désormais, nous dirige, si on veut bien faire abstraction des Ministres d’Etat qui embarrassent le décor, il aurait pu dans une autre vie vendre des pâtes alimentaires, faire du business et s’enrichir. On considérera donc qu’il a, indissociablement mêlé à une terrible ambition personnelle, le sens de l’Etat, de l’intérêt général et de la chose publique. Bravo ! C’est tout à son honneur. Il maîtrise la parole et l’écrit, module son ton et son style, sait faire effet d’une voix, belle, et d’une plume, classique, qu’il trempe parfois – cela dit – dans la mémoire des autres pour donner un peu d’épaisseur à ses best-sellers. Cultivé et charmant, grand et mince, plus que jeune et beau, il donne de la dignité et du relief aux fonctions qu’il assure. Il est capable d’avoir à la suite deux pensées et trois propositions cohérentes sans être frappé d’une méningite ce qui le signale. Il travaille – beaucoup – et se donne – vraiment – de la peine. On ne ricane guère sur son passage. Il est vrai qu’on ne rit pas non plus. Il a l’humour glacial d’une porte qui grince, d’un volet qui claque. On appellera cela autorité charismatique pour se rassurer. Le bilan est cependant globalement positif. Ajoutons qu’autant il peut être féroce en public, il est le plus courtois et le plus aimable des hommes en privé. Pour un peu, Bruno Le Maire donnerait l’impression de s’être échappé de ce temps où les politiques, ni suppléants, ni attachés, ni apparatchiks, avaient du coffre, de la verve et de l’allure. En tout cas, lui, il en a… Fermez le ban.
Mais on lui reprochera, loin de toute Union Nationale, d’être de droite, viscéralement de droite, indécrottablement de droite, d’en avoir les – mauvais – comportements, les – courtes – idées et les – fausses – valeurs. Il pense que les chômeurs sont des fraudeurs qu’il faut contrôler et contraindre, que leurs indemnités sont si généreuses qu’on doit aussitôt les diviser par deux ou pas dix, qu’ils fréquentent la cellule et l’estaminet pour comploter et manifester plutôt que travailler. Il flaire en le retraité qui n’a pas assez cotisé le profiteur qui argue de son grand âge pour s’en mettre plein les poches. Il a bien compris que les situations les plus odieuses, les plus injustes, sont, dans notre pays, celles de ceux qui payent l’impôt sur la fortune qu’il veut supprimer. Arbitre des élégances intellectuelles, il a dit sans barguigner des horreurs bien peu convenables, bien peu humaines, bien peu chrétiennes (pour reprendre une filiation célèbre qu’il revendique) sur le mariage pour tous. Cela lui valut un peu plus de 2% dans une primaire qui le classa davantage parmi les derniers que les premiers. Il en fût mortifié.
On n’oubliera pas que, jeune diplomate, son attachement fidèle à Juppé lui fit aussitôt servir Villepin, que, directeur de cabinet, son amour exclusif de Villepin le conduisit immédiatement à Sarkozy, que, ministre, sa loyauté absolue pour Sarkozy, lui fit choisir sans attendre Fillon, que, conseiller spécial de Fillon, son désintéressement complet le fait aujourd’hui préférer Macron. On serait en droit de connaître les futurs épisodes de cette bien jolie télé-novella. Le scénario, sans doute déjà écrit, tient en une phrase : « qui a trahit, trahira ». Pour un plat de lentilles de contact. Seul le calendrier est encore à déterminer. Pour l’instant, l’élu qui affirme préférer le pays basque à la Normandie, a bien compris que sa circonscription était menacée. C’est la clef pour comprendre son ralliement. Inconvénient parmi d’autres, elle marginalise à Evreux les « marcheurs » qu’elle renvoie, à Louviers, aux Andelys, à Pont-Audemer, à Bernay, à leur statut de fieffés opportunistes, de dangereux incapables ou de doux rêveurs.
On rappellera enfin que Bruno Le Maire est, dans l’Eure, celui qui, par ses séides, fait fermer les collèges, supprimer les bourses, rationner l’éducation, bref qu’il est notre adversaire. Tout comme Hervé Morin et Sébastien Lecornu, éléments d’un autre attelage avec lequel on ne gagnera jamais le tiercé ! Républicain et démocrate au fond de lui, c’est certain, mais tantôt centriste tantôt extrémiste, il s’est montré dans notre département rude et brutal. Il a égorgé d’une oreille à l’autre les chiraquiens qui lui avaient cadeau de sa circonscription. Il a pris le contrôle de l’UDI locale, prenant en otage ses chefs apeurés. Il a placé un peu partout, à Evreux, à Gisors, à Vernon, au département, à la région, des hommes-lige, de paille et de main qui s’en sont pris à la solidarité et aux associations.
Ce portrait en emprunte au Président et à celui qu’il a commis à Matignon. Quoi qu’il en soit il témoigne qu’un Premier ministre de droite a confié les finances de la Nation à des ministres de droite qui ne rêvent que de mettre en pratique les politiques de droite d’un programme de droite. Quand on est de Gauche, on ne peut donc se féliciter, si ce n’est pour l’intéressé, d’une nomination qui n’amènera rien de bon pour les classes moyennes, les salariés, les fonctionnaires, les ouvriers. Seuls « Les Républicains » pensent l’avoir exclu de leur camp. Ne soyons pas dupes. Logiquement, la désignation à Bercy de Bruno Le Maire, que nous connaissons bien, en mal, ne peut que conduire à voter contre lui et pour les candidats de la Gauche socialiste et écologiste, notamment Laetitia Sanchez qui se présente, afin de le battre, dans la 1ere circonscription de l’Eure.