ACCUEIL | AGENDA | REVUE DE PRESSE | EQUIPE | CONTACT | MIEUX ME CONNAITRE | PHOTOS

27 SEPT 2017

Actualités

Lettre aux militants socialistes de l’Eure

Val-de-Reuil, le 27 septembre 2017

Chers camarades et chers amis,

Je n’organiserai pas le vote de confiance à la direction nouvelle du Parti Socialiste. Sans attendre notre Congrès, j’ai décidé de mettre fin à mon mandat de Premier Secrétaire de la Fédération du Parti Socialiste de l’Eure et de démissionner de notre Conseil National où je siège depuis 1994.

Je veux avant tout remercier les militants qui m’ont élu et réélu par deux fois, avec – à chaque mandat – de plus en plus larges majorités. L’honneur de les représenter, l’exigence politique d’être leur porte-parole, m’ont rempli de fierté et de joie. Ensemble, nous avons connu toutes les victoires, organisé des meetings comme nous en avions peu connus, mené de belles campagnes électorales. Ensemble, nous avons donné un second Président de la République à la Gauche, battu Bruno Lemaire aux régionales dans son propre département, conservé le Conseil Général et le Conseil Régional, géré les quatre grandes villes qui structurent notre territoire, doublé le nombre des parlementaires socialistes, organisé la guérilla contre le Front National, assaini nos comptes, organisé le débat – y compris quand il ne m’était pas favorable -et fait fonctionner nos instances dans la transparence. Cela n’a été possible que grâce au bureau et au conseil fédéraux, toutes motions, toutes sensibilités confondues, avec lesquels j’ai travaillé, à l’appui de nos permanents vers qui va ma reconnaissance, à votre soutien constant et bienveillant qui a été essentiel.

Aujourd’hui, nous avons tout perdu ou presque. J’en ai été marqué. Il est cruel de voir son espérance disparaître ou plutôt se désagréger. Ce n’est cependant pas pour cela que je prends de la distance. Je crois à notre Parti depuis que je m’y suis engagé derrière Laurent Fabius voici plus de trente ans. C’était au lendemain – déjà – d’une défaite. Comment pourrai-je le quitter ? J’ai accepté d’en être le trésorier et le directeur général des services aux pires moments. Il m’a coûté dans ma vie professionnelle. Il m’a valu des incompréhensions dans ma vie personnelle. Avant de rejoindre celle de Val-de-Reuil en 1999, j’ai adhéré dans la section de Léon Blum au cÅ“ur du Paris populaire. Je suis un « partageux ». Le Socialisme est ma vérité. Il est mon chemin. J’aurais toujours pour ses valeurs, l’égalité des chances et à la justice sociale, la solidarité et la liberté, la foi du charbonnier. Je suis persuadé, comme l’avait dit François Mitterrand en 1993, que, d’une manière ou d’une autre, nous reviendrons au pouvoir, localement, nationalement, plus vite que nous le pensons. Certains, après avoir allègrement trahi ou opportunément déserté, m’attribuent avec leur générosité habituelle l’entière responsabilité de nos revers. Cela me laisse indifférent. Je leur confirme, si leurs contorsions peuvent y trouver consolations, que le Parti Socialiste n’a connu de difficultés que dans l’Eure et, uniquement, par ma faute.

Ce n’est pas la seule interrogation à laquelle par ce dernier courrier fédéral je veux répondre. A droite, à Gauche, au travail, parmi mes proches, on m’a souvent demandé pourquoi je n’ai pas rejoint l’actuelle majorité. Il paraît que mon profil avec elle était compatible. Malgré les appels et les propositions, parfois les plus autorisées, je n’ai pas cherché l’investiture d’En Marche. Je n’en suis ni l’adhérent, ni le sympathisant.

Certes, beaucoup de ceux qui, à l’Elysée, au Gouvernement, au Parlement, incarnent ce mouvement, sont mes amis, ont été mes collègues ou, preuve que je vieillis, mes collaborateurs, voire mes étudiants. Mais d’autres, ici notamment, ont été mes adversaires parmi les plus virulents.

Certes, j’ai, si ce n’est de l’admiration, du moins du respect pour la démarche, faite d’audace, d’une bonne dose de courage et de confiance en soi, qui a conduit Emmanuel Macron vers un succès qu’il ambitionnait à seulement 39 ans. Ce n’est d’ailleurs pas la première transgression qu’il a assumée et il faut à ce propos lui rendre des points. Le Chef de l’Etat est l’artisan de sa propre réussite et, peut-être, de sa vie. Mais cela n’est pas suffisant pour le suivre.

Certes, je mesure les erreurs que nous avons commises et suis conscient du malheur dont nous n’avons pas su extraire des millions de femmes et d’hommes soumis au chômage ou à la pauvreté. J’aurais garde d’en accuser François Hollande. Nous savions tous, ainsi qu’en étaient tombés d’accord Nicolas Sarkozy et Dominique Strauss-Kahn, que ce quinquennat serait celui de « l’enfer ». L’absence de cohésion et de conscience morales de la majorité a fait le reste. Pour autant, je ne partage pas la politique actuellement conduite par Edouard Philippe, même si je connais la sincérité de ce Normand.

Certes, elle peut comporter des initiatives intéressantes. Il faut saluer sa référence appuyée au progrès et à la modernité. Je continue de souhaiter pour mon pays qu’elle aboutisse. Nous ne pouvons nous permettre de perdre cinq ans. L’idée du changement pour le changement, du renouvellement pour le renouvellement, me paraît particulièrement limitée, mais En Marche a diversifié, rajeuni et féminisé la politique qui en avait considérablement besoin. Dommage qu’en ait été parfois extirpé – du même coup – compétences et capacités. Du moins jusqu’à présent Tout s’acquiert. On ne reste pas nouveau, nul ou naïf éternellement… Mais, fiscalement et socialement, pour les retraités, les familles et les collectivités locales, pour les plus jeunes, les plus fragiles, les plus exposés, pour le logement et les emplois aidés, l’action menée ne peut recueillir de ma part un début d’approbation. Voilà pour le fond. Sur le style et la manière, il y aurait tant à dire. La popularité vacillante du Président en révèle assez.

Je ne change donc pas de convictions. La cohérence c’est aussi la constance. Je reste militant socialiste. Il n’y a pas d’autres voies à Gauche. Je n’aime pas le simplisme et la démagogie, quand bien même seraient-ils éloquents, qui conduisent la France Insoumise. J’ai fait la campagne de Benoît Hamon par loyauté et par amitié, sincèrement, totalement, sans partager néanmoins nombre de ses propositions. Je ne discerne pas encore, dans la nouvelle direction pléthorique, pardon collégiale, celui ou celle qui ramassera le drapeau tombé à terre, celui qui m’enthousiasmera, celui que je soutiendrai les yeux fermés. Les gens ne nous suivent pas, ne nous suivent plus. Je n’ai le goût ni des crépuscules, ni des groupuscules. J’attendrai. Ce n’est pas une question d’âge ou d’énergie. Je m’engagerai sur d’autres fronts, avec d’autres moyens. Je retrouverai un peu de temps pour moi et les miens. Qui plus est, je n’abandonne pas le travail qu’il me reste à faire dans ma commune que j’aime. Nul n’est indispensable, mais pour le renouvellement urbain et la sécurité, pour la construction de logements et l’investissement industriel, suis-je le plus mal placé pour mener, dans des temps durs et troublés, avec peu d’argent et dans l’adversité, une politique municipale juste, forte et efficace à Val-de-Reuil.

 

Je ne pars pas sans un regard en arrière. Une équipe existe composée de militantes et de militants de Vernon, de Gisors et des Andelys, de Bourgtheroulde, de Gaillon et de Louviers, de Verneuil et d’Evreux, de Pont-Audemer, de Conches et de Bernay. Je les connais : j’ai défilé, collé, tracté avec eux devant les gares, sur les marchés, aux portes des usines, moments un peu austères que leur amitié joyeuse transformait. Je veux saluer nos secrétaires de section qui sont des gens formidables sur lesquels j’ai pu m’appuyer, nos trésoriers qui vivent un sacerdoce tant leur rôle est ingrat, tous ceux qui ont fait le choix de l’engagement collectif et désintéressé. Pour diriger la Fédération jusqu’au renouvellement de sa direction, je connais les qualités, notamment, de Martine Séguéla des Andelys dont le militantisme chimiquement pur demeure un modèle pour moi, de Thomas Toutain, dévoué à nos idéaux qui ne ménage ni son temps ni son intelligence, Timour Veyri qui sera pour Evreux, en 2020, un maire inventif et intègre, proche et compétent. J’ai confiance en eux. Il leur appartient de prendre leur destin en mains. Je les y aiderai.

Amitiés socialistes

Marc-Antoine JAMET

18 SEPT 2017

Actualités

Maintenant que l’on sait, Pierre Mendes France doit rester ouvert !

Maintenant que nous savons que le Ministre compétent est contre, que le Préfet de l’Eure est contre, que le recteur de Normandie est contre, que le directeur académique de notre département est contre, que les conseillers départementaux de notre canton sont contre, que le Maire et le conseil municipal de Val-de-Reuil sont contre, que le chef d’établissement et les professeurs du collège Pierre Mendès France sont contre, que les parents des 350 élèves inscrits (qui seront 450 l’année prochaine) sont contre.

Maintenant que nous avons été informés que la principale du collège Alphonse Allais prévoit des effectifs pour la rentrée 2018 de près de 500 élèves, ce qui met son établissement dans l’incapacité d’accueillir un enfant de plus.

Maintenant qu’il est de notoriété publique que le Collège Michel de Montaigne a refusé l’inscription de plusieurs enfants issus des CM2 de Val-de-Reuil à la rentrée 2017 alléguant qu’il était saturé et que c’est la vérité.

Maintenant qu’il est établi que jamais le collège Pierre Mendes France n’a été un collège du type Pailleron et que le prétendre était un grossier mensonge ou la preuve d’une parfaite ignorance de la réalité.

Maintenant que l’on se souvient que M. Sébastien Lecornu, jeune exécutif départemental devenu jeune secrétaire d’Etat au prix d’une grande souplesse idéologique, rompant avec la gestion brutale et secrète du dossier qui avait prévalu, avait indiqué, par une lettre reçue à la Communauté d’agglomération, qu’il fallait, localement, pendant un an, en engageant la concertation avec tous les acteurs, mener une réflexion sur le principe même de la fermeture de cet établissement plutôt qu’un autre et que ce travail n’a connu aucun début de concrétisation, ce qui pourrait montrer, chose impossible à croire, que les promesses varient d’un exécutif à un exécutant départemental en seulement quatre mois.

Maintenant que l’on se rappelle que l’agglomération Seine Eure, unanime, a voté en juin dernier un moratoire d’au moins deux ans reportant toute décision tant une fermeture paraissait déstabilisatrice pour notre territoire, que cette volonté politique rassemble localement Gauche et droite, et qu’il faut respecter cette unité.

Maintenant que nul n’ignore que le Conseiller départemental LR de Louviers M. Jubert, convaincu de sa stupidité, avait fait son affaire du retrait rapide de la mesure décriée.

Maintenant que l’on constate que les 200 logements annoncés à Val-de-Reuil (AMEX, Extraco, Nexity, Altitude) sont en train de se construire pour la prochaine rentrée et que 500 autres sont lancés.

Maintenant que l’on observe que Val-de-Reuil est lancé dans un nouvel ANRU, le PNRU2, et que le but de ce projet est précisément d’éviter les friches administratives grâce à la participation budgétaire du département que la fermeture de PMF par le même département créerait, schizophrénie pour le moins ubuesque, voire kafkaïenne.

Maintenant que, sous l’autorité du Président de la République Emmanuel Macron que je vais saisir, le Gouvernement de Edouard Philippe, que je vais saisir, a donné la priorité au soutien des élèves de ZEP et que, comme pour le Collège Pablo Neruda d’Evreux, le ressort du Collège Pierre Mendès France de Val-de-Reuil est le plus directement concerné par cette initiative, initiative à laquelle on imagine mal que le Conseil Départemental de l’Eure s’oppose, puisque c’est le département de M. Bruno Le Maire, département qui compte cinq députés En Marche (tous muets sur ce sujet qui va pourtant contre le programme de leur Majorité Parlementaire).

Maintenant qu’une rumeur folle prétend qu’il s’agira pour M. Le Hongre d’envoyer les enfants qui allaient naguère à Louviers à Michel de Montaigne au Vaudreuil pour mieux envoyer sur des routes encombrées de camions les petits rolivalois (dont on sait qu’ils sont évidemment pauvres, étrangers, en difficulté, et sans doute un peu bêtes !) à Pont de l’Arche ou à Louviers (deux heures de trajet/jour et, hélas, potentiellement des accidents dont M. Le Hongre sera personnellement responsable) avec les répercutions que l’on sait sur la santé, le sommeil, les résultats d’enfants de 10 à 14 ans, laissant place à toutes les stratégies familiales de contournement qui asphyxieront Montaigne, sans parler du coût faramineux du transport pour la collectivité publique.

Maintenant qu’on s’aperçoit que rompre la chaîne éducative d’excellence qui unit les écoles rolivaloises au meilleur lycée du département, Marc Bloch, via le collège Pierre Mendes France est une absurdité sans nom, l’exemple même du mauvais service public.

Maintenant que l’on discerne que ceux qui mettent en oeuvre cette décision ont certainement des qualités, mais n’ont aucune légitimité pédagogique (en tant que Président actuel du CNED et ancien président de la commission paritaire d’un de nos établissements universitaires les plus prestigieux, j’en ai à peine…) et n’agissent qu’au nom d’une logique comptable que, en magistrat de la Cour des comptes, je recommanderais fermement à mes collègues de la Chambre Régionale des Comptes, de juger comme une politique de Gribouille ou une stratégie du sapeur Camembert.

Maintenant que l’ont sait que le bailleur social IBS est prêt à affecter le bâtiment mitoyen du collège à un internat.

Maintenant que le Ministre de l’éducation a demandé que le dossier soit évoqué à son cabinet.

Il apparaît évident, à tous les esprits logiques, éclairés, républicains, qu’il faut ajourner sine die le conseil d’administration du Collège Pierre Mendès France du 2 octobre 2017. C’était au cours de cette réunion que la décision sans aucun fondement de fermer l’établissement devait être prises. A contrario, il est temps de se mettre enfin à travailler sérieusement, entre professionnels, sans politiciens, et d’examiner le maintien du Collège Pierre Mendes France grâce à la création d’un Internat d’Excellence (astucieusement à 1000 mètres d’une gare !) piste que, sur la suggestion des services de Jean-Michel Blanquer alors directeur de l’enseignement scolaire au Ministère de l’éducation, le département de l’Eure avait étudié lorsqu’il était –bien- géré par Jean Louis Destans.

Marc-Antoine JAMET
Maire de Val-de-Reuil

26 AOUT 2017

Actualités

Ceci est notre Théâtre : venez et aimez le tous ! Le 5 octobre prochain y sera dévoilé la programmation de sa nouvelle saison. Je vous y attends (très) nombreux.

Il est des salles qui ne ressembleront jamais à un théâtre. Jamais. On aura beau y installer des projecteurs, des fauteuils et une scène, cela ne changera rien. Qu’importe que pour donner le change, du mieux que l’on peut, on y déchire des tickets à l’entrée, on y vende des programmes à l’entracte. Ces efforts resteront vains. On tentera bien de cacher ces boites à chaussures sous des plafonds de stuc, derrière des façades de marbre. Les applaudissements battront toujours creux, les rappels sonneront toujours faux. On trouve plus souvent de la lessive que du talent dans les grands barils d’hypermarché. Quand bien même s’évertuera-t-on en fermant les yeux, en serrant les lèvres, à imaginer que, après la sonnerie, les lustres s’éteignent, le brigadier frappe les trois coups et le rideau se lève, la magie ne prendra pas. Comment sous des néons blafards convoquer la joie, la peine et l’indéfinissable ? Cosmétique et playback ont leurs limites. La fête ne se décrète pas. C’est atroce, c’est injuste, mais pas un instant, ces espaces polyvalents, ces forums faits pour tout, faits pour rien, ne se rapprocheront du Français, du Piccolo, de l’Old Vic, de la Taganka. Pas plus qu’ils ne rattraperont d’un millimètre le Bolchoï, la Scala ou le Lincoln Theater. Ce n’est pas une question de scène à l’italienne. On ne rit pas dans un bunker. On rêve mal dans un cimetière. La médiocrité, la laideur ne pardonnent pas. Malraux l’avait dit en des termes gaulliens : il faut à la culture des palais, des places et des cathédrales. Voilà tout. Melpomène, Thalie et Terpsichore, Calliope, Euterpe et Erato, pour être un peu âgées, ne sont pas si gourdes qu’elles se laissent berner par un décor en carton pâte. Des voix s’y feront peut-être entendre, puissantes et payées, avec le ton que l’on aimerait, les mots que l’on pense attendre, les visages que l’on connaît par la télé. Cela ne suffira pas. « Commediante, tragediante », le manque d’authenticité pue à des kilomètres à la ronde. N’est pas Epidaure qui veut ! La messe est dite. Pas de passion. Pas de petite flamme. Je le répète : ce ne seront jamais des théâtres.

L’Arsenal, lui, est un théâtre. Un vrai. Un beau. Un tatoué. Il l’est en rouge et en noir. En verre, en bois et en acier. Il l’est par sa silhouette courbe et trapue. Il a du muscle et du cerveau. Il l’est par la pente de ses gradins que, de rang en rang, les répliques escaladent quittant l’approbation de l’orchestre pour défier la contestation du balcon. Il l’est par la procession des spectateurs qui, remontant l’avenue des Falaises, s’y dirigent dans l’obscurité qui vient. Comme vers un mystère. Il l’est par le sort qu’il fait aux acteurs accueillis pour un soir comme s’ils étaient de toute éternité membre de la grande famille rolivaloise. Il l’est quand on s’assoit, côté pair ou impair, impatient sans savoir de quoi, persuadé que, de toutes façons, quelque chose se produira, quelque chose de bien et de beau, quelque chose qui nous changera et, insensiblement, nous améliorera. Il l’est par la profondeur de sa scène, la largeur de son plateau, la hauteur de ses cintres, ses justes proportions que l’architecte éclairé d’un nombre d’or subtilement calcula. Il l’est parce que, repère au dehors, repaire en dedans, il enrichit la Ville. Avec douceur, avec amour, il la change. Il l’est par la rumeur, bienveillante, intelligente, rassurante par laquelle la salle vous accueille avant que cela commence. Il l’est par le rire des enfants. Il l’est parce qu’on en franchit la porte sans crainte pour une première fois. Il l’est par ceux qui le dirigent, les deux à la fois, les deux en même temps, le chorégraphe et le metteur-en-scène, ces deux qui vivent leur art et le partagent généreusement. Il l’est par la surprise et l’inattendu. Il l’est par le verre de vin pris au bar, la bouche embrassée et les amis retrouvés. Il l’est par ses murs si jeunes et qui, pourtant, depuis longtemps déjà, ont respiré Brecht et Koltès, Carolyn Carlsson, Beau Geste et Maguy Marin, Racine, puis Tchekov, Caubère et Molière certainement, Homère et Shakespeare évidemment. Il donne du corps au ballet et laisse humaine la comédie. L’Arsenal est un théâtre. Un beau théâtre, c’est l’évidence. Un vrai théâtre, c’est l’important.

Marc-Antoine Jamet

Maire de Val-de-Reuil

Président de la commission des finances de la Région Normandie

21 JUIL 2017

Actualités

Que celui qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre (d’or) !

Le « dégagisme », idéologie à la mode chez ceux qui n’en ont pas, continuerait-il d’accomplir ses ravages ? « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés ». A ce Moloch, adepte du nettoyage par le vide, il faut chaque jour manifestement de nouvelles victimes. Après les prétendants à la Maison Blanche et la politique hexagonale, le monde de l’immobilier, notre monde donc, a semblé succomber à son tour à cette maladie de l’époque.

La scène se passe à Paris au début de l’été. On n’en dévoilera que les deux principaux protagonistes. Philippe Pelletier et Pascal Bonnefille, puisque ce sont eux, ont choisi d’inviter une vingtaine de professionnels, amis convaincus d’Immoweek, de ses pompes et de ses Å“uvres pour évoquer en petit comité le vingtième anniversaire des « Pierres d’Or ». Il s’agit pas tant, questions existentielles, de s’accorder sur le menu, les centres de table et le dress code de la soirée de Gala qui, à l’Opéra de Paris, en janvier 2018, marquera l’événement que de réfléchir collectivement, si tant est que cela soit possible, à l’avenir d’une cérémonie que, certes, les « Molière » et les « César » nous envient, mais dont la mise-en-scène n’a pas fondamentalement évolué depuis l’âge des cavernes. Je résume : la tribu reconnaissante récompense les plus forts, les plus malins, les plus costauds. Sous vos applaudissements… !

Effet de leur prudence habituelle, de leur expérience séculaire, nos deux sybarites ont veillé à se prémunir de tout débordement. La recette est simple. Pour éviter les dérapages, les aigreurs, les revendications, soignez le confort et les estomacs des participants. Ainsi le cadre de cette discussion n’est-il rien moins que leurs bureaux du « Cercle », thébaïde nichée, entre Palais-Bourbon, pour l’action, et La Madeleine, pour la méditation, au sommet d’un immeuble cossu de la rue Royale. Le café est chaud. Les nappes sont blanches. On sert aux plus affamés jus de fruits et viennoiseries. La canicule autorise même à tomber la veste. Même l’atmosphère que l’on respire est sous contrôle. Pour un peu on se croirait en vacances ou en journées de formation ce qui est à peu près équivalent. Qu’on se le dise : tout est réuni pour que la discussion se révèle, si ce n’est sérieuse, du moins fructueuse. Mais un caillou suffit parfois à faire dérailler les mécaniques les mieux huilées.

Autour de la table, l’un d’entre nous parmi les plus jeunes prend la parole. Certainement convié par mégarde à se symposium, il murmure effrayé de sa propre audace : « moi, je trouve que, les pierres d’or, ce sont toujours les mêmes qui les ont… ». Une exhorte à la laïcité en plein Vatican ne produirait pas pareil effet. Le silence tombe. Pesant. Profitant de la stupéfaction qui saisit l’assistance, l’audacieux soutenu par quelques camarades de sa génération, poursuit. Il en a assez de la dictature des gros, des gras, des grands, des puissants. Les mots de justice sociale et d’égalité des chances ne sont pas prononcés, mais on en n’est pas loin. C’est la révolution culturelle dans les m2. Dans peu de temps, la tête des patrons de foncières se promènera au bout d’une pique.

L’orateur, véritable Saint-Just, propose, pour remédier à une situation qu’il ne supporte plus, quelques réformes simples. Impossibilité d’obtenir un trophée dans une catégorie quand on est déjà nominé dans une autre. Interdiction de concourir quand on a déjà été primé l’année précédente. Limitation du nombre global des récompenses attribuées à une seule personne. Contingentement des voix des professionnels d’une même société afin d’éviter les votes groupés. Insulte mon grand âge, malgré mon ouïe devenue incertaine, je crois entendre qu’une date de naissance remontant au mitan du siècle précédent pourra être considérée comme un critère écartant toute nomination. La « Promotion Insoumise » ne propose pas de rebaptiser le trophée « les cailloux de calcaire », mais on n’en est pas loin.

Qu’on ne se méprenne pas. Moi aussi je trouve que le technologique, le numérique et l’écologique, malgré nos progrès accomplis, pourraient avoir une place plus importante dans nos choix. Moi aussi, je pense que les femmes, et notre profession en compte des dizaines dont le talent est exceptionnel, n’ont pas la place qui leur est due – la moitié au moins – dans nos palmarès d’un soir et parfois, dans nos jurys de l’année. Moi aussi, je crois que notre confrérie doit se renouveler et, en homme européen, de 60 ans, classiquement diplômé, je sais que d’autres profils font la réalité de notre pays.

Mais cela ne se fera pas par des règlements d’apothicaires ou des préconisations mieux adaptées à l’élection d’une rosière qu’à l’avènement de la démocratie immobilière. Non seulement je crois peu aux quotas et davantage à la raison, à la conscience et au bon sens, mais je soutiens qu’il m’aurait paru ubuesque de s’interdire de saluer le travail de Guillaume Poitrinal au prétexte que nous l’avions déjà fait, qu’il serait absurde de ne pas considérer ce que Unibail ou BNP Real Estate ont apporté à notre secteur, parce que l’agence immobilière indépendante de Val-de-Reuil (Eure), elle aussi, fait du bon travail, qu’il serait idiot de s’empêcher de saluer un projet ou une réalisation au prétexte que son financeur, son concepteur, son utilisateur ou son promoteur ont déjà été reconnus, qu’il serait nuisible de ne pas décerner à quelqu’un qui le mérite un titre dans une catégorie et – en même temps – un autre titre dans une autre s’il le mérite également car on peut être, par exemple, le meilleur « utilisateur » d’un immeuble mais aussi celui qui a su le mieux l’aménager ou en économiser l’énergie. Notre objectif est bien de distinguer les meilleurs. Pas de nous livrer à une redistribution artificielle des succès et des notoriétés.

Alors oui, comme toute chose, pour grandir sans vieillir, les Pierres d’Or doivent sans doute se transformer, de moderniser, évoluer. Mais non, ce n’est pas en ayant recours à la bien-pensance universelle, par une inondation de bons sentiments, que nos trophées évolueront, mais par les valeurs dont ils seront porteurs : l’excellence, l’exemplarité, l’exceptionnel. Et cela ne dépend pas d’un règlement dont la précision conduirait à l’immobilisme, mais de la force, de l’originalité, de la sincérité de nos votes. Je crois que je viens de m’interdire à jamais de recevoir une troisième pierre d’or. Tant pis, c’est dit. Tant mieux, il fallait que je le dise.

Marc-Antoine JAMET, Secrétaire Général et Directeur Immobilier du Groupe LVMH/Moët Hennessy – Louis Vuitton.

22 JUIN 2017

Actualités

J’intervenais aujourd’hui lors de la 2ème cérémonie de remise des Cosmetic Victories

Discours de M. Marc-Antoine JAMET

Président du pôle de compétitivité Cosmetic Valley

Cérémonie de remise des Cosmetic Victories

Jeudi 22 juin 2017 à midi

Auditorium de LVMH – 22, avenue Montaigne – 75008 Paris

Chers amis,

Je voudrais remercier avant tout le Président du Groupe LVMH, Bernard Arnault, d’avoir accepté de nous recevoir au 22 Montaigne, ce qui était logique, cohérent, presque obligatoire, puisqu’il avait accepté, voici 6 ans, déjà que LVMH, leader mondial du luxe, préside la Cosmetic Valley ce dont nous lui sommes reconnaissants. Nous voici donc à l’ombre et au frais, dans l’ancien grand studio de France 2, qui abritait jadis l’Heure de Vérité et Stade 2, émissions qui forment un bon résumé de ce marathon, de cette course d’obstacles, de ce steeple-chase que les candidats ont dû subir avant que notre jury les auditionne ce matin.

Je veux remercier également Jean-Luc Ansel, père-fondateur de la Cosmetic Valley avec Jean-Paul Guerlain que Olivier Echaudemaison, notre make-up wizard, connait bien. En parvenant à convaincre de les rejoindre Jean-Michel Blanquer, alors patron de l’Essec, depuis parti sous des cieux plus gouvernementaux, ils ont puisé dans leur imagination, énergie chez eux éternellement renouvelable, et dans leur portefeuille, avant même toute réforme fiscale ce qui est intrépide, pour créer et doter les Cosmetic Victories.

Ces prix sont une manière de donner plus de visibilité à la Cosmetic Valley. C’est elle qui nous réunit ce matin. On me demande de vous la décrire. Je ne vous ferai pas l’injure de penser que vous ne la connaissez pas. Je vous en rappellerai simplement les caractéristiques essentielles.

Elle est un pôle de compétitivité particulièrement performant qui allie des grands groupes, des PME, des TPE, pratique le décloisonnement productif en alliant des laboratoires privés ou publics dans ce qu’on appellerait un « tissu industriel à l’allemande », si nous fabriquions des voitures, des trains, des avions, des fusées et non des crèmes ou des parfums, bref si on ne nous accusait pas du crime de superficialité au prétexte qu’il n’y a pas d’acier dans ce que nous fabriquons.

Pourtant, en emmenant des entreprises à la conquête de l’international, en formant leurs cadres et leurs chercheurs, en multipliant les projets industriels, en mutualisant, en échangeant, en regroupant, ensemble, nous sommes devenus plus forts, plus puissants, plus entreprenants, offrant à notre pays une place de leader mondial et son second excèdent commercial.

Mais ne nous endormons pas sur ces lauriers à peine coupés. L’histoire la plus récente montre que les dinosaures, les mammouths, les mastodontes sont, dans la vie politique ou dans la vie économique, toujours menacés d’extinctions, s’ils ne sont pas agiles, habiles, mobiles. Alors nous avons essayé de nous faire légers, virevoltants et disruptifs. Il le fallait !

En effet, nous ne sommes pas dans notre secteur le plus gros marché. Ce sont la Chine ou les Etats-Unis. Nous n’avons pas la plus grosse force de frappe industrielle. Nous n’avons pas les coûts salariaux les plus bas. Nous sommes entourés de concurrents anciens, japonais ou américains, proches, à Barcelone, Londres, Crémone et Hambourg, plus récents à Séoul ou Taïwan. Rien ne nous a été donné. Rien ne nous est acquis.

Aussi avons-nous décidé de faire notre révolution culturelle et de nous transformer, de nous métamorphoser autour de la marque France, du « Made in France », en nous appuyant sur les quatre piliers qui font sa qualité, sa notoriété, sa renommée, les quatre colonnes sur lesquelles s’est construit notre succès : la sécurité absolue des produits, la protection parfaite de l’environnement, l’authenticité de nos recettes, de nos méthodes et de nos ingrédients qu’ils aillent puiser dans les molécules artificielles de Firmenich comme dans la cosmétopée des Iles Marquises, et l’innovation qui est notre fer de lance, notre étendard. Elle est notre plus-value intellectuelle. Elle est notre valeur ajoutée civilisationnelle. Elle est notre avantage comparatif dans la mondialisation.

Pour cela, nous avons conçu un plan en quatre temps :

  1. Redonner à la France une vitrine internationale à Paris, brillante et observée, autour du thème de la modernité. Inauguré par Emmanuel Macron en 2015, à qui il semble que cela a porté chance récemment, par Xavier Niel en 2016, c’est désormais chose faite avec notre salon « Cosmetics 360 ». Cet évènement réunira donc en octobre prochain, au Carrousel du Louvre, avec des espaces d’Open Innovation et de co-working dédiés aux jeunes pouces qui pourront pitcher, plusieurs centaines d’exposants et une cinquantaine de pays, pour sa 3ème édition.

  1. De manière volontariste, nous avons décidé que 10% des 150 projets industriels que nous menons actuellement pour 300 millions d’Euros seront numériques, électroniques et digitaux qu’il s’agisse de big data, de didacticiels, d’objets connectés, d’asservissements pour ordinateurs.

  1. Nous avons aussi décidé d’attirer à nous les start-ups, en créant la plate-forme Cosmet-up pour les soutenir, en montant un incubateur à Chartres et en plaçant nos poulains sous l’ombrelle de LVMH à Vivatech pour participer à cette « Nation de Start-ups» qu’appelle de ses vœux le Président de la République. Nous avons aujourd’hui parmi nous un fleuron de ces petites merveilles que nous avons présentées à Bernard Arnault jeudi dernier et qui va enchanter Claude Martinez, le président de Parfums et Cosmétiques Dior qui nous fait l’amitié et l’honneur d’être avec nous. Il s’agit de Ink & Out, fondé par Benjamin de Blanzy qui a inventé un vernis qui change durablement de couleur lorsqu’on passe ses doigts sous l’eau froide ou chaude.

  1. Enfin nous avons décidé de nous mobiliser, de prendre de votre temps et de vous réunir ce matin, en créant les « Cosmetic Victories» et en attribuant deux prix à des innovations, à des avancées de la connaissance, l’un industriel et grand public, l’autre scientifique et académique, afin de les populariser comme nous l’avons fait, l’année dernière, avec le masque connecté MAPO.

Pour cela nous avons réuni un jury d’exception par son ouverture et sa compétence.

– Avec des professionnels et je veux saluer mon amie Natalie Bader la présidente de Clarins, François Demachy le nez de Dior que je revois encore cueillant quelques herbes le long d’un chemin à Grasse, Simon Dufeigneux de Sisley.

– Avec des experts incontestables comme Bruno Bavouzet, président de LVMH Recherche et Patrice Bellon, président de la Société Française de Cosmétologie auxquels rien de ce qui fait la chimie des parfums, l’alchimie devrait-on dire, n’est étranger.

– Avec nos grands partenaires du CNRS représenté par sa directrice de l’innovation Marie-Pierre Comets et la BPI représentée par sa directrice des partenariats, Laure Reinhart qui nous apportent sérieux et rigueur.

– Avec les garants et fondateurs de ce prix : l’Essec, dont Julien Morel portera la voix, et la Cosmetic Valley incarnée par son fondateur Jean-Luc Ansel.

Enfin, il nous fallait une personnalité qualifiée, un grand témoin, un œil extérieur. Qui aurait pu mieux jouer ce rôle que Axelle Tessandier qui donne ses avis, ses conseils au chef de l’Etat en matière de transition numérique et, après avoir passé cinq ans aux Etats-Unis, a ouvert une agence, AXL, pour en faire profiter les entrepreneurs français ?

Nous voilà désormais au pied du mur. Nous avons reçu plusieurs centaines de dossiers venus du monde entier, onguents américains, packaging allemand, antioxydants tchèques, collagène Taiwanais. Nous en avons instruits 60, grâce à un comité de sélection de très haut niveau. Nous en avons auditionné 6. Il y aura ce matin deux lauréats pour deux prix. C’est la loi cruelle des concours. Dura lex, sed lex !

Je suis impatient de les voir récompensés, mais je ne veux pas conclure, après avoir remercié mes équipes du secrétariat général, celles de la direction de la communication de LVMH et les jeunes collaborateurs de la Cosmetic Valley, sans tirer mon chapeau aux chercheurs, aux doctorants, aux entrepreneurs, à tous les talents qui forment l’éco-système de la « Beauty Tech », à vous tous qui présidez aux noces de la cosmétique et du digital, et qui offrent à nos produits de salle de bain et de sacs à main un avenir subtil, prospère et technologique dans le monde de la personnalisation, de la sophistication et de l’hyper innovation.

 

 

 

 

© 2011 Marc-Antoine Jamet , Tous droits réservés / Wordpress